SAINT-EDMOND-DE-GRANTHAM. L’artiste Andreas Rutkauskas de Kelowna en Colombie-Britannique et le duo Marilou Lemmens et Richard Ibghy de Durham-Sud au Québec sont les tout premiers grands lauréats de la Fondation Grantham pour l’art et l’environnement.
L’annonce a été faite jeudi soir au Musée d’art contemporain de Montréal.
La Fondation a reçu plus d’une centaine de candidatures dans le cadre de son premier appel de projets. Le jury d’attribution des bourses, piloté par Johanne Lamoureux, titulaire de la Chaire  de recherche du Canada en Muséologie citoyenne, réunissait les expertises de Sophie Bélair-Clément, artiste et professeure à l’Université du Québec en Outaouais, Jean-François Bélisle, directeur et conservateur en chef du Musée d’art de Joliette, Suzanne Paquet, directrice du Département d’histoire de l’art et d’études photographiques de l’Université de Montréal et Bénédicte Ramade, critique, chercheure et commissaire indépendante spécialiste des enjeux de l’anthropocène.
Andreas Rutkauskas
Le lauréat de la résidence d’artistes 2020 et du prix de 10 000 $ est l’artiste Andreas Rutkauskas. Enseignant au campus Okanagan de l’Université de la Colombie-Britannique, où il a notamment développé un cours sur la pratique artistique à l’heure de l’anthropocène, l’artiste propose un travail photographique autour des ravages des incendies de forêt. Dans une esthétique documentaire, son projet intitulé Après le feu aborde la question des incendies en essayant de dégager de la vision catastrophique du feu que présentent les médias, un horizon de résilience où il serait possible de penser le feu de manière à l’intégrer dans des écosystèmes mieux adaptés à cette nouvelle donne climatique. Sa résidence est prévue en décembre 2020.
Les chercheurs
La résidence de chercheurs et son prix de 5000 $ ont été attribués au volet recherche de Richard Ibghy et Marilou Lemmens, un duo d’artistes de Durham-Sud, au Centre-du-Québec, qui œuvrent sur la scène internationale depuis plus de 15 ans. Leur projet, Le monde caché sous nos pieds, propose de questionner l’intensification et la financiarisation de l’agriculture au Québec et d’analyser les manières dont les terres sont appréhendées, appropriées et gérées. Il vise une revalorisation de la biodiversité des sols et la transformation des relations entre les agents humains et les terres arables. Leur résidence, prévue en mai et en juin, sera consacrée à la rencontre de chercheurs et d’agriculteurs, à la collecte de données et de cartographies portant sur les transformations récentes de nos rapports au sol ainsi qu’à la réflexion sur les méthodes et les métriques en jeu. Une exposition suivra à la Fondation à l’automne 2020.
Créée comme fondation privée et reconnue comme organisme de bienfaisance par les gouvernements du Canada et du Québec en 2018, la Fondation Grantham pour l’art et l’environnement a une double mission. D’une part, elle appuie les productions artistiques et la recherche sur l’art qui se mesurent aux défis environnementaux à l’ère de l’anthropocène. D’autre part, elle veille à la promotion et à la diffusion de ces activités, principalement auprès des jeunes en milieu scolaire. Comme l’expliquent Bernard Landriault et Michel Paradis, les deux cofondateurs de l’organisme, «l’intégration d’un volet éducatif au travail des artistes et des chercheurs constitue l’une des visées principales de la Fondation». Dans cette perspective, par l’entremise des arts visuels, les artistes seront appelés à rencontrer et à travailler avec les jeunes du Centre-du-Québec, dans le but de les aider à faire des choix éclairés face aux défis environnementaux. (CGM)