Unique en son genre

Photo de Marilyne Demers
Par Marilyne Demers
Unique en son genre
Vicky Gauvin est maintenant une femme libre et bien dans sa peau. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. Vicky est née Cédric. C’est le prénom masculin qu’ont choisi ses parents lorsqu’elle est née. Mais Vicky est une fille. Elle l’a toujours été.

Vicky Gauvin a été assignée au genre masculin à sa naissance. Cependant, plus le nombre de bougies augmentait sur son gâteau d’anniversaire, plus la femme aujourd’hui âgée de 44 ans savait que ce n’était pas sa véritable identité. «Tu ne peux pas dire pourquoi un enfant se sent gars ou fille. C’est un ressenti. C’est à l’intérieur», explique-t-elle.

Les années ont passé. Elle a débuté sa carrière comme agente de protection de la faune au ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs où elle travaille toujours. Elle a trouvé l’amour. Le couple a eu un enfant et un chez-soi bien à eux.

Vicky Gauvin n’a pas fait le deuil de son ancienne vie. «Pour moi, c’est la continuité. Je ne cache pas qui j’ai été avant. Ça fait partie de ma vie.» (Photo Gracieuseté)

Pendant toutes ces années, Vicky n’a jamais parlé du mal qui l’habitait. Jamais, jusqu’au 1er août 2016. Elle avait alors 41 ans. «Tout a explosé. Il fallait que ça sorte. Je n’étais plus capable de garder ça en dedans. C’est la plus belle chose que j’ai faite dans ma vie», sourit-elle.

Elle a d’abord fait son coming out à son ex-conjointe, avec qui elle partageait sa vie depuis 19 ans. «Ça m’a pris une heure juste avant d’être capable de dire que j’étais trans. Je ne l’avais jamais dit de ma vie. Je pleurais, je tremblais», se souvient-elle.

Elle l’a ensuite annoncé à ses parents. Puis, à son fils. «C’est la personne la plus importante dans ma vie. Ça me faisait de quoi de lui dire. C’est la personne la plus résiliente que je connaisse. C’est lui qui m’a gardé en vie», confie-t-elle.

D’ailleurs, c’est le seul qui, encore aujourd’hui, peut s’adresser à elle au masculin. «Il m’appelle encore p’pa. C’est le seul que j’accepte, personne d’autre. Si on est dans une salle de 200 personnes, qu’il me cherche et qu’il me crie p’pa, c’est certain que je vais y aller.»

Libération
Si elle a attendu 41 ans pour devenir Vicky, elle n’a pas perdu de temps pour débuter sa transition. Dès le lendemain de son coming out, elle s’est rasé les jambes. Elle a consulté un psychologue, qui lui a confirmé qu’elle vivait avec la dysphorie du genre. Elle a ensuite débuté l’hormonothérapie féminisante.

«J’ai commencé à être full time en fille. J’ai sorti des centaines de prénoms féminins. J’en ai retenu une dizaine et j’ai choisi Vicky. J’ai commencé à m’habiller en fille. Je me suis fait percer le nombril et les oreilles. J’ai laissé pousser mes cheveux et je les ai teints en blond», énumère-t-elle.

(Photo Gracieuseté)

Elle a commencé à constater les effets des hormones féminisantes sur son corps, comme la croissance des seins et le ralentissement de la pousse des poils. Puis, un an jour pour jour après avoir débuté ses traitements, elle a envoyé sa demande pour subir une vaginoplastie au Centre métropolitain de chirurgie à Montréal, qui accueille des patients de partout sur la planète.

Le 14 novembre 2018, elle a été opérée avec succès. La chirurgie a duré deux heures. «Je me sentais zen. J’étais prête. Moi, le sexe masculin, j’aurais pris une paire de ciseaux et je l’aurais coupé. Je le détestais.»

Un an après l’opération, Vicky est retournée voir le docteur Pierre Brassard, qui a effectué sa vaginoplastie. «Il m’a dit que tout était parfait. J’ai pleuré. Je l’ai remercié et je l’ai pris dans mes bras. C’est une perle. Ce monsieur-là sauve des vies.»

Depuis qu’elle a découvert le corps qui correspond à son identité, Vicky Gauvin dit vivre «une deuxième adolescence». «J’ai réappris à me connaître. Beaucoup de choses ont changé. Ça ne change pas juste le physique, ça change tout. Je n’ai plus de questionnement sur qui je suis. Je me connais beaucoup plus. J’ai appris à m’ouvrir au monde», partage cette amoureuse de la nature et des randonnées en plein air.

«Quand je me regarde dans le miroir, pour la première fois de ma vie, je me trouve belle. Je suis bien dans mon corps, mais aussi dans ma tête. Je suis heureuse», partage-t-elle.

Être trans n’est pas un choix, mais Vicky a choisi d’être une femme libre et bien dans sa peau.


Trans Mauricie et Centre-du-Québec
Trans Mauricie et Centre-du-Québec accueille, soutient et réfère les personnes trans ou celles qui se questionnent sur leur identité de genre.

 

Partager cet article