Le dernier tour de piste de Marie-Laurence Lortie

Le dernier tour de piste de Marie-Laurence Lortie
Marie-Laurence Lortie. (Photo gracieuseté)

NATATION. Après une carrière bien remplie, Marie-Laurence Lortie s’apprête à tirer sa révérence. La spécialiste des épreuves de nage en eau libre de 24 ans se prépare à participer à ses dernières compétitions sur la scène de la natation internationale.

À l’approche des essais olympiques canadiens, Marie-Laurence Lortie a délaissé l’équipe de natation du Rouge et Or de l’Université Laval afin de se consacrer entièrement à son entraînement au sein du club civil des Requins de Drummondville. Une importante décision que la jeune femme n’a pas prise à la légère.

«Je suis dans ma dernière ligne droite en natation. Il m’en reste pour moins d’un an. Pour différentes raisons, je n’ai pas atteint mes objectifs sur le circuit universitaire. Comme j’ai déjà obtenu mon baccalauréat en administration des affaires la session dernière, j’ai décidé de me concentrer à 100 % sur les essais olympiques.»

Marie-Laurence Lortie. (Photo gracieuseté)

Même si cette expérience universitaire se termine plus tôt que prévu, l’athlète centricoise a apprécié son passage chez le Rouge et Or. «La conciliation sport-études, c’est exigeant. Ça demande de la discipline. J’ai réussi parce que j’étais motivée. Je suis fière de l’avoir fait. Ce n’est pas partout dans le monde qu’on peut combiner le sport et les études de haut niveau. Je le souhaite à tout le monde. C’est une expérience incroyable.»

Lors des essais olympiques, qui auront lieu en avril, à Toronto, Marie-Laurence Lortie vise d’établir une nouvelle marque personnelle à l’épreuve du 1500 mètres libre, la plus longue distance en piscine. Les résultats de cette compétition permettront de sélectionner les membres de l’équipe qui représentera le Canada aux Jeux de Tokyo, en juillet.

«Simplement d’y participer, c’est déjà un grand accomplissement pour moi. J’ai travaillé durant toute ma carrière dans cette optique-là. C’est la cerise sur le sundae dans ma carrière. C’est pourquoi veux être à mon sommet de performance. Le calibre sera relevé. Je ne veux pas avoir l’air d’une touriste! Pour moi, le meilleur moyen de nager vite à Toronto, c’est de revenir m’entraîner à Drummondville. C’est la solution logique qui va me permettre de m’accomplir et de me mettre en confiance.»

Après des passages au sein des clubs de Victoriaville et de Gatineau, Marie-Laurence Lortie a trouvé le match parfait chez les Requins, où elle a rencontré l’entraîneur Jocelyn McCann. «Jocelyn m’a saisi en tant qu’athlète et moi je l’ai saisi en tant que coach, a-t-elle expliqué. On forme une belle équipe. Avec lui, je ne me sens pas comme un numéro. Il a mes performances à cœur. Il n’a pas peur de me pousser. À chaque entraînement, il me challenge pour me faire sortir de ma zone de confort.»

Un sport exigeant

Pratiquant l’un des sports les plus exigeants au monde, tant sur le plan physique que psychologique, les nageurs en eau libre doivent faire preuve d’une grande force mentale pour participer à des épreuves s’étalant sur 6 à 8 heures et des dizaines de kilomètres.

Marie-Laurence Lortie. (Photo gracieuseté)

«Ça demande une longue préparation. Il faut une bonne force de caractère pour passer à travers ces longs entraînements. Ça devient difficile mentalement, car tu es toujours seul avec toi-même. Il y a des hauts et des bas. Le fameux mur, on finit tous par frapper. On se remet en question. C’est difficile de remonter la pente, mais dans ce temps-là, Jocelyn sait trouver les mots justes pour ne pas que j’abandonne», a raconté Marie-Laurence Lortie.

«Je suis une athlète qui a besoin de sentir que son coach croit en elle. Si je sais que j’ai fait un bon travail en piscine, je vais arriver confiante à la compétition. Juste le fait de revoir la stratégie de course avant le départ, ça me met en confiance.»

Une famille sportive

Native de Kingsey Falls, Marie-Laurence Lortie est issue d’une famille de sportifs. Sa mère Nathalie Patenaude était elle-même une nageuse de haut niveau. En 2017, les deux femmes sont d’ailleurs devenues le premier duo mère-fille à compléter la Traversée internationale du lac Saint-Jean. Son père Mario Lortie a joué au baseball, son frère Benjamin pratique la natation tandis que sa sÅ“ur Camille a choisi l’athlétisme. «Mes parents voulaient qu’on fasse du sport et qu’on soit heureux.  On a goûté au ski alpin, au soccer, à l’équitation… Au secondaire, je suis revenu à la natation. C’est là que j’ai attrapé la piqûre. L’engouement n’a jamais arrêté de grandir. J’avais toujours envie de me dépasser.»

Marie-Laurence Lortie. (Photo gracieuseté)

C’est ensuite lors des Jeux du Québec que Marie-Laurence Lortie a découvert la natation en eau libre. «Ce fut un vrai coup de foudre. En piscine, j’avais déjà tendance à être plus forte sur de longues distances. À mes débuts en eau libre, je n’étais pas forte, mais j’avais la passion et le vouloir. Je ne l’ai jamais eu naturel, mais ça ne me dérangeait pas de forcer. Il a toujours fallu que je travaille plus fort pour atteindre mes objectifs.»

Lors de certaines compétitions, Nathalie Patenaude dirige d’ailleurs sa fille à titre d’entraîneuse dans son bateau-guide. «Ma mère est encore passionnée par la natation. On se ressemble beaucoup. Elle sait comment ça se passe dans ma tête. Elle me complète bien.»

Un deuil à faire

La carrière de Marie-Laurence Lortie pourrait donc se conclure lors de sa quatrième participation à la Traversée du lac Saint-Jean, au mois de juillet. Ayant terminé au pied du podium lors de ce marathon-culte l’an dernier, elle vise maintenant d’y décrocher une médaille. La représentante des Requins aimerait ensuite participer aux autres épreuves du circuit mondial, où elle avait pris la 7e position au classement général en 2019.

Marie-Laurence Lortie. (Photo gracieuseté)

«J’ai vraiment eu la piqûre du circuit en Europe l’an dernier. Dans mon cœur, j’aimerais y retourner. Est-ce que c’est réaliste? J’ai de bons commanditaires, mais ça représente de grosses dépenses. Je dois me trouver un emploi, mais avec un horaire flexible qui me permettrait de m’entraîner.»

Une fois ce dernier tour de piste complété, Marie-Laurence Lortie prendra sa retraite définitive. «La natation, ça demande beaucoup de temps et de sacrifices. Sur le plan mental, c’est difficile. Il faut savoir s’arrêter. J’ai eu de belles années, mais la vie continue. Je vais en avoir profité au maximum.»

Pour la plupart des athlètes de pointe, la vie après le sport comporte son lot de défis. Marie-Laurence Lortie entend en profiter pour renouer avec ses anciennes passions : les activités en plein air. «Ce sera un deuil à faire. La natation m’a défini. Ça fait partie de moi et ça va rester en moi. Mon horaire était réglé autour de l’entraînement. C’est un trou qui va se libérer et que je vais devoir combler. Je vais devoir me laisser le temps pour retrouver une routine plus normale, mais je pense être outillée pour y arriver.»

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