AÉROPORT. Au terme de la séance publique portant sur le projet de réglementation de l’aéroport, les quelque 90 citoyens, visiblement irrités, ne semblaient pas rassurés, et ce, malgré la transparence de la Société de développement économique de Drummondville (SDED) et l’ouverture de Select aviation.
L’expression «le supplice de la goutte» est d’ailleurs revenue sur quelques lèvres. Une heure a été accordée aux citoyens, lesquels n’ont pas été avares de questions.
Parmi l’un d’eux, René Bergeron, qui est intervenu publiquement à maintes reprises dans la dernière année contre l’aéroport – spécifiquement l’école de pilotage Select aviation – voit mal comment une telle réglementation «va redonner la tranquillité aux citoyens» dans un contexte où l’école ne cesse de croître.
Le directeur général de la SDED, Martin Dupont, a indiqué ceci : «À partir du moment où nous allons avoir l’autorisation d’interdire les autres écoles, il va y avoir un impact important. On l’évalue à environ 30 %. À notre avis, c’est un pas très important qui est fait et c’est une réglementation qui, selon les gens de l’industrie, est assez contraignante pour les usagers (…) On a ramené l’activité posés-décollés à 18 h l’été, en fonction des plaintes reçues.»
M. Bergeron est également demeuré insistant sur la question des risques engendrés sur la santé des citoyens et sur l’environnement tout en passant une remarque sur la revente des propriétés. À ce chapitre, M. Dupont, en citant un rapport réalisé par un évaluateur professionnel et déposé le 27 janvier dernier, affirme «que le marché est toujours en croissance dans les secteurs près de l’aéroport ainsi que dans les secteurs secondaires (…) la présence de l’aéroport ne semble pas avoir eu un impact important».
Par ailleurs, certains ont proposé de modifier le circuit numéro 6 pour réduire les nuisances sonores, changement sur lequel la SDED est ouverte à se pencher.
«Qui va faire appliquer les règlements que vous (SDED) demandez considérant que ce n’est pas un aéroport contrôlé?», a demandé le citoyen et pilote privé Jean-Martin Hamel.
La réponse de Stéphane Reynolds, avocat associé mandaté par la Ville de Drummondville, stipulant qu’il s’agit de Transports Canada, n’a pas suffi à M. Hamel. Celui-ci a déploré la complexité du système de plaintes requérant notamment l’immatriculation de l’aéronef.
En contrepartie, le directeur général de la SDED a laissé entendre qu’une station MF sera mise en place. Ceci permettra de savoir ce qui se passe dans un rayon de 10 km, jour et nuit.
Précisions de Select aviation
Daniel Cyr, fondateur de Select aviation, est intervenu à deux reprises lors de la période de questions. Sur un ton posé, il a fait savoir qu’il était présent «dans le but de nous aider tous ensemble et pour que les citoyens puissent bien comprendre les choses qu’on a déjà faites et celles qu’on est sur le point de faire».
«On est ici dans le but de trouver des compromis. Je veux vous dire qu’on est très ouverts, à l’écoute (…) Le but en venant s’installer à Drummondville n’était pas de vous déranger. Nous en sommes désolés», a-t-il laissé tomber.
Il a également tenu à souligner que la restriction touchant les posés-décollés a été proposée par Select aviation.
«Nous n’avons pas fait de posés-décollés depuis mars 2019, de nuit, les week-ends et les jours fériés. Aucun. Malheureusement, est-ce qu’il y en a eu? La réponse est oui, car il n’y a pas juste Select aviation. Cette proposition a été amenée par nous dans le respect, pour démontrer notre bonne foi et dans la conscience de la quiétude des citoyens.»
En entrevue avec L’Express, M. Cyr a confié que ce projet de réglementation engendre bien des désagréments pour l’école, lesquels pourraient avoir des répercussions significatives sur l’industrie.
«Si nous devons reporter des posés-décollés à plus tard ou ailleurs dans la province parce que ça ne concorde pas avec les horaires donnés, cela va nous engendrer des coûts, du déplacement et tout ce qui s’ensuit (…) Les restrictions vont nous poser des soucis, c’est garanti, mais on va vivre avec», expose-t-il en étant d’avis que le bruit est une «question d’interprétation» et qu’il n’est peut-être pas si «insoutenable» qu’on le laisse entendre.
Il poursuit : «L’industrie traverse une crise. Il est très facilement possible de croire que tantôt, il y aura des avions qui vont rester au sol, car il n’y a pas de pilote. D’ailleurs, ça se vit déjà . Ça va coûter combien au gouvernement? (…) Il y a un gros rapport entre l’aviation et l’économie.»
Malgré les efforts soulevés par M. Cyr, certains citoyens n’ont noté aucun changement.
Notons en terminant que la SDED a fait savoir qu’elle bonifiera le comité de vigilance de l’Aéroport de Drummondville, notamment en ajoutant deux places pour les résidents du secteur de l’aéroport et le même nombre pour les utilisateurs de l’aérodrome.
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