BIODIVERSITÉ. La tempête automnale qui s’est abattue sur le Québec le 1er novembre dernier a endommagé bon nombre d’arbres sur son passage. Ses traces toujours apparentes pourraient cependant bénéficier à la nature.
S’il est impossible pour le moment de connaître l’ampleur réelle des arbres cassés ou déracinés par les forts vents dans la région, on peut les compter par dizaines, voire par centaines, en se promenant dans la Forêt Drummond.
Bien que les conséquences puissent sembler désastreuses pour l’humain, ça ne semble pas être le cas pour Dame Nature. C’est dû moins ce que laisse entendre un expert.
«Dans la Forêt Drummond, surtout dans la portion de La Plaine, il y a un problème de régénération. Il n’y a pas de jeunes pousses au sol. Avec la tempête, on vient donner un bon coup de pouce à la biodiversité. On va probablement dégager les arbres tombés et en replanter de nouveaux, ce qui va augmenter la capacité de gaz à effet de serre», indique le fondateur du GARAF (Groupe d’aide pour la recherche et l’aménagement de la faune) et enseignant, Pablo Desfossés.
«Les impacts sont plus négatifs pour l’humain que pour la biodiversité. Il va y avoir une adaptation, mais dans quelques années, les effets seront plus importants que si la forêt avait été laissée telle quelle pendant encore une vingtaine d’années», ajoute-t-il.
Toujours est-il que les cerfs de Virginie risquent aussi de subir les impacts des végétaux abîmés dans la Forêt Drummond. «Les arbres tombés vont probablement leur nuire cette année. Habituellement, ils se rassemblaient sous les grands arbres durant l’hiver. Par contre, ça va se rééquilibrer d’ici deux ou trois ans», explique le biochimiste spécialisé en environnement.
D’autres animaux pourraient quant à eux trouver refuge à travers les débris. «C’est une bonne affaire qu’il y ait des troncs d’arbres, des branches et des souches au sol. Ça offre plusieurs abris pour les animaux, comme les renards ou les reptiles amphibiens», indique-t-il.
Lynx roux, coyotes et tortues serpentines sont aussi présents dans cet écosystème de plus de 30 kilomètres carrés qui combine forêt de plantation et forêt naturelle.
Alors que le nettoyage des débris d’arbres est sur le point de s’amorcer, le fondateur de GARAF offre quelques conseils. «Toute biodiversité a besoin d’un endroit pour se nourrir, se reproduire et s’abriter. En nettoyant nos forêts, on vient leur enlever un des éléments les plus importants de leur survie, c’est-à -dire les abris. Pourquoi ne pas en profiter pour laisser des branches et des souches au sol, aménager la forêt, replanter des arbres et nettoyer les sentiers.»
Somme toute, peut-on affirmer que le passage de la tempête automnale aura été un mal pour un bien? Encore faut-il espérer qu’il ne s’agisse pas d’un avant-goût de l’hiver.
«C’est une question d’ampleur. S’il y a une autre tempête, il faudra regarder la proportion de ce qui sera affecté. S’il est question de 10 ou 15% de la superficie de la forêt, il faudra alors se poser des questions», conclut Pablo Desfossés.
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