ENVIRONNEMENT. Vous avez probablement remarqué la métamorphose de la rue Saint-Amant : arbres plantés, chaussée plus étroite, traverses piétonnières plus visibles. Les plus observateurs ont peut-être même repéré la présence de mystérieux fossés de verdure. Connaissez-vous leur utilité? Plus que de simples aménagements paysagers, ces structures de plantes et de cailloux sont…des îlots de biorétention. Ils ont un nom complexe, mais leur mission est simple : améliorer la qualité de notre eau.
Ces systèmes, également connus sous le nom de jardins de pluies, sont encore peu répandus au Québec. Cependant, ils gagnent en popularité. De plus en plus de villes en implantent. C’est le cas de Drummondville.
« Ce type d’aménagement est récent dans la municipalité, mais est utilisé ailleurs depuis plusieurs années. On doit gérer l’eau différemment pour des raisons environnementales, notamment en contexte de changements climatiques», précise Julie René, chef de division pour la gestion des infrastructures à la Ville de Drummondville.
Des fossés filtrants
Les îlots de biorétention se concentrent sur l’eau de ruissellement. En nature, l’eau de pluie s’infiltre dans le sol sans trop de difficulté. En ville, l’asphalte et le béton rendent le sol « imperméable ». L’eau ruisselle donc sur de grandes distances et emporte sur son passage divers contaminants (hydrocarbures, métaux lourds, calcium, azote, phosphate). Les îlots sont conçus pour reproduire le mécanisme naturel de filtration de l’eau. Ils la reçoivent et la nettoient de ses impuretés. «La végétation a un effet d’épuration, c’est prouvé. Beaucoup de particules en suspension et de contaminants sont interceptés par ce système. Ensuite, l’eau est rejetée dans le cours d’eau», informe Mme René qui est également l’ingénieure en charge du projet.
Pour le moment, la Ville est en phase d’observation. «On va voir avec les années comment vont l’entretien des îlots et la croissance des arbres», affirme Mme René. L’ingénieure est toutefois persuadée que c’est un pas dans la bonne direction : «Une chose est certaine, ça a un effet sur la ressource en eau. Une partie de la pollution qui aurait été rejetée dans la nature va être retenue et filtrée ».
En 2006, une étude publiée dans la revue Water Environment Research démontrait que les systèmes de biorétention pouvaient éliminer plus de 80% des hydrocarbures de l’eau de ruissellement. Les zones de biorétention figurent d’ailleurs parmi les pratiques de gestion optimales recommandées par le Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) et le Ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH).
Une question de sécurité
Plusieurs changements effectués sur la rue Saint-Amant ont pour objectif d’assurer la sécurité des citoyens. Mme René informe que «les gens se sont déjà plaints de vitesses excessives sur cette rue. Avec la présence de l’hôtel Times, du Centrexpo Cogeco et la proximité des résidences, c’était important de sécuriser les traverses de piétons. On veut diminuer la distance qu’ils ont à franchir. Ils sont également plus visibles, car ils sont plus avancés».
La chargée de projet est bien consciente des critiques de certains automobilistes au sujet des modifications engendrées par les récents travaux : «Oui, certains sont mécontents, ils ne peuvent plus rouler et tourner aussi rapidement qu’avant, mais c’est justement parce que c’est nécessaire. Il faut assurer la sécurité des plus vulnérables, les cyclistes et les piétons».
Pour la suite des choses, l’ingénieure indique que la Ville prévoit annoncer d’autres projets. Les détails seront partagés ultérieurement.