MAGAZINE. Tout comme le hockey est en constante évolution, il en est de même pour le monde de la préparation physique. Il y a quelques années encore, François Pellerin proposait à ses athlètes élites des outils pour devenir plus forts, plus gros et plus puissants. Aujourd’hui, le fondateur du centre de performance l’Institut du guerrier et préparateur physique des Voltigeurs de Drummondville axe plutôt ses séances d’entraînement sur la vitesse.
En 2019, peu importe le sport professionnel, ce qui frappe l’œil du spectateur en premier lieu, c’est la rapidité absolument phénoménale des athlètes. C’est le cas au hockey, mais aussi au football, au basketball ou encore au soccer.
«Dans le hockey, il y a beaucoup de folklore, mais les mentalités ont changé ces dernières années. La vitesse est maintenant devenue notre focus numéro un, explique François Pellerin. C’est au cœur de tout ce qu’on fait avec nos joueurs. On veut toujours qu’ils soient aussi forts physiquement, mais on veut aussi qu’ils soient vites. C’est ce que toutes les équipes professionnelles recherchent, car le hockey est rendu tellement rapide.»
Pendant la période estivale, l’exercice numéro un que François Pellerin propose à ses hockeyeurs juniors et professionnels, ce sont donc des sprints sur des distances d’à peine 10 ou 15 mètres. Chaque mouvement des coureurs est mesuré avec des capteurs laser.
«On focusse sur leur technique, sur leur façon de courir rapidement et en ligne droite. Contrairement à un joueur de football, un hockeyeur ne court pas dans son sport, mais cette technique a un énorme transfert sur la vitesse des gars sur la glace. Ce transfert se fait aussi au niveau neurologique. Avec les sprints, le cerveau et le corps apprennent à aller vite. Sur patins, après une petite période d’adaptation, le transfert se fait inévitablement. Les meilleurs sprinteurs sont toujours les patineurs les plus rapides. Et pour un joueur rapide, tout devient alors plus facile puisqu’il a a plus de temps.»
Le meilleur exemple à ce chapitre, c’est Sean Couturier. L’ancienne étoile des Voltigeurs, qui s’entraîne à Drummondville durant la période estivale, vient de connaître ses deux meilleures saisons avec les Flyers de Philadelphie. «Ce fut un gros point tournant dans sa préparation physique quand on a mis l’accent sur sa vitesse, sa réactivité et son élasticité. Sean ne deviendra jamais le patineur le plus rapide de la Ligue nationale, mais on veut quand même qu’il devienne la version la plus rapide de lui-même.»
Dans son rôle avec les Voltigeurs, François Pellerin s’assure également de faire le lien entre ce qui se passe dans son gymnase situé dans un hangar de l’ancienne usine Denim Swift et sur la glace du Centre Marcel-Dionne. Il se rend d’ailleurs lui-même sur la patinoire avec les joueurs afin de parfaire leur technique.
«L’identité des Voltigeurs ces dernières années, c’est la vitesse. On en veut toujours plus. Je n’ai pas l’impression que ça va changer. Dans l’organisation, on a un bon esprit de corps et de communication. Il y a un pont qui existe entre les coachs, le thérapeute athlétique et moi. C’est important qu’on fasse un tout. Il ne faut pas qu’on travaille en cellules séparées. Il ne suffit pas de s’entraîner au gym : il faut que cet entraînement ait un impact réel sur la patinoire», affirme Pellerin, qui est demeuré dans l’organisation malgré de nombreux changements depuis qu’il a été recruté par Mario Duhamel et Dominic Ricard en 2012.
Un mode de vie
À l’Institut du guerrier, François Pellerin dirige surtout des hockeyeurs, mais aussi des athlètes dans des domaines aussi variés que le ski acrobatique, la force physique ou le métier de cascadeur professionnel. L’homme de 39 ans ne cache pas sa fierté devant les exploits de ses protégés, que ce soit Elliot Vaillancourt, Claudia Cartier, Charles-David Beaudoin ou encore Sergei Boikov.
«Pour la majeure partie de ces athlètes, c’est un mode de vie, une job à temps plein. Ils s’entraînent, mais ils font aussi attention à leur récupération, leur alimentation et leur sommeil. Ils se font traiter par des massothérapeutes ou des chiropraticiens. Certains font du yoga et d’autres voient des psychologues sportifs. L’entraînement, ça va donc bien au-delà de lever des poids dans un gym. Ça demande un engagement à temps plein», fait-il valoir.
Néanmoins, François Pellerin est bien conscient des dangers du surentraînement, ce qui mène souvent à des blessures. «On essaye de gérer la fatigue. Je suis très proche de mes joueurs. Parfois, je sais qu’ils ont besoin d’une pause. Ils n’ont même pas besoin de le me le dire», explique le détenteur d’un baccalauréat éducation physique.
Pour un jeune de 16 ans qui arrive dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), l’entraînement peut d’ailleurs représenter une source de stress. «Non seulement ils jouent 68 matchs, mais c’est souvent la première fois qu’ils sortent de chez eux. Ils arrivent dans une nouvelle famille, une nouvelle école et une nouvelle ville. C’est gros! Je ne veux pas leur ajouter une charge avec l’entraînement. Je leur propose des exercices simples. Je vais qu’ils aient le goût de venir s’entraîner au gym.»
Et ce qui impressionne le plus François Pellerin lorsqu’il observe la nouvelle génération de hockeyeurs à l’œuvre, outre leur talent fou, c’est justement leur éthique de travail au quotidien.
«Je n’aime pas le mot sacrifices, mais un joueur de la LHJMQ doit faire énormément de choix. Il ne peut pas avoir la vie d’un adolescent qui ne joue pas au hockey. Parfois, les gars sont déchirés, mais la plupart d’entre eux sont motivés et souriants à l’entraînement. C’est ce que j’aime quand j’arrive dans le gym. J’adore avoir des joueurs qui ont de l’énergie»
«Ces gars-là ont un talent spécial. On leur donne simplement des outils pour amener ce talent-là à un autre niveau. Ils sont tous bons, mais ce qui va faire la différence en bout de ligne, c’est le fait de vouloir faire ce que l’autre à côté ne veut pas faire», exprime François Pellerin en guise de conclusion.