TRIBUNE LIBRE. De nos jours, et depuis nombre d’années, on présente l’avortement comme un signe d’une société évoluée. Mais derrière le mot, il y a un geste. Il importe de porter un regard objectif sur ce geste.
Mon épouse est enceinte. Vingt-cinq semaines se sont écoulées depuis la conception.
Dans la documentation disponible sur le sujet, on peut lire qu’un petit cœur bat dès la cinquième semaine de la conception. Un cœur qui bat, c’est une nouvelle vie, à n’en pas douter. On apprend aussi que dès la conception, se développe déjà ce qui deviendra le fœtus.
Or l’avortement est l’acte par lequel on mettra fin à cette nouvelle vie. Mettre volontairement fin à une vie humaine, est-ce vraiment le signe d’une société qui évolue? Il me semble que c’est le signe d’une société qui se soucie beaucoup du présent mais qui fait peu de place au futur. À mon avis, ce n’est pas un signe d’évolution.
Dans l’actualité, plusieurs journalistes questionnent les politiciens à propos de l’avortement. Non pas pour en évaluer la pertinence ou le remettre en question, mais plutôt pour dénoncer ceux qui seraient contre ou qui le mettraient en doute. Pour eux, c’est chose acquise et gare à celui qui ose questionner sa légitimité.
Rappelons, qu’au Canada, rien actuellement n’empêche qui que ce soit de poser un geste pour interrompre une grossesse à quelque stade que ce soit. Et cela dure depuis au-delà de vingt ans.
À mon avis, il serait temps au Canada que des politiciens prennent ou reprennent la défense des enfants à naître. À ma connaissance, un seul parti politique canadien le fait. Il s’agit d’Héritage Canada mais ce parti n’est pas représenté au Québec, sauf une ou quelques circonscriptions.
Je crois que le droit des enfants à naître devrait être reconnu par une loi. J’y vois un signe d’une société qui évolue, à savoir qu’elle tient compte des avancements de la science sur le sujet plutôt que de les ignorer. De plus, une société qui assure la défense de ses enfants à naître en est une qui se préoccupe de ceux qui n’ont aucune autre protection que celle de ses parents (dans certains cas de sa mère lorsque le père est inconnu ou qu’il ne refuse de s’impliquer). Au Québec l’expérience nous a appris encore récemment que la seule protection des parents ne suffit pas. Et je fais référence à l’enfant de Granby décédé récemment.
Bien sûr, il y aura probablement des exceptions, mais il faudrait au moins que le principe de protection de l’enfant à naître soit établi ou rétabli. On objectera peut-être que l’arrêt Daigle[1] rendu en Cour Suprême du Canada a établi qu’un fœtus n’était pas une personne humaine. Une Cour, si haute soit-elle, ne juge qu’en fonction des lois existantes. S’il n’y a aucune loi qui protège la vie de l’enfant à naître, il n’est pas surprenant que la Cour Suprême ait dû rendre un tel jugement.
Pour toutes ces raisons, je dis : Allons de l’avant. Osons reconnaître les avancées de la science. Protégeons l’enfant à naître. Le débat des chefs à TVA ce 2 octobre a mis en lumière que plusieurs chefs de parti se font une fierté de dire qu’ils sont pour l’avortement, tandis que celui qui s’était prononcé contre promet qu’il n’ouvrira pas le débat s’il est élu.
Demandons tout de même que nos candidats se prononcent sur ce sujet. Leur réponse pourra éclairer les électeurs qui veulent protéger les enfants à naître. Et sur un sujet comme celui-là, je crois qu’un vote libre devrait prévaloir. Chaque député aura lui-même la responsabilité de voter selon son âme et conscience.
Louis Savoie, Drummondville
([1] Tremblay c. Daigle, (1989) 2 R.C.S. 530.)