ÉLECTIONS. Frédérik Bernier milite pour le Parti vert du Canada dans Drummond. Même s’il n’est pas entouré d’une équipe et que se faire connaître s’avère un défi, il est toutefois convaincu de récolter un nombre satisfaisant de votes le 21 octobre.
Natif de Québec et demeurant actuellement à Montréal, Frédérik Bernier a toujours eu un attachement particulier pour Drummondville, lieu de résidence de ses proches.
«Mes grands-parents et mes parents sont nés ici. Mon beau-père et ma mère y vivent encore et j’ai plusieurs autres membres de la famille qui demeurent toujours ici. Donc, pour moi, c’était juste logique de me présenter dans Drummond. J’étais content de savoir, au moment de poser ma candidature à la fin de l’été, qu’il n’y avait pas de candidat», explique-t-il, soulignant que c’est sa conjointe qui l’a convaincu à faire le saut en politique.
Directeur photo et caméraman de profession, son métier l’a amené d’un bout à l’autre du Québec ces 20 dernières années. Par ses rencontres et ses divers projets, il a été témoin de bien des situations.
«J’ai fait de tout : de la publicité, des documentaires, des vidéos corporatifs, et ce, pour différents milieux. Cette expérience m’amène aujourd’hui à avoir un beau portrait de la société», précise le candidat.
Sur le terrain, depuis qu’il fait campagne, les préoccupations entendues concernent évidemment l’environnement, comme partout ailleurs, mais aussi, et surtout, le recrutement d’une main-d’œuvre qualifiée.
«Plusieurs entrepreneurs m’ont interpellé parce qu’ils souhaitent avoir de l’aide pour recruter de la main-d’œuvre qualifiée. En éducation c’est la même chose, j’ai rencontré plusieurs professeurs qui m’ont fait part de leurs préoccupations quant aux métiers non traditionnels. Par exemple, on assiste à une grosse expansion en robotique et les perspectives d’emplois sont très bonnes, mais la cohorte actuelle est de seulement huit étudiants. Les enseignants veulent donc de l’aide pour inciter les jeunes à choisir un métier non traditionnel», indique-t-il.
Pour sa part, M. Bernier veut miser sur la transition énergétique, l’agriculture biologique et l’économie locale.
«Le pétrole, il y en aura toujours, mais il y a moyen de commencer à penser autrement pour réduire notre consommation au lieu de l’augmenter. Ce n’est pas dans 10, 20 ou 50 ans qu’il faudra y penser (…) Je suis d’avis que le pétrole peut être une bonne chose, mais il faut l’utiliser à bon escient. Et il ne faut pas juste se fier là-dessus comme source de revenus, il faut diversifier notre économie et avoir une vision à long terme et plus durable.»
Il souhaite également que les champs soient exempts le plus possible de pesticides. Il est toutefois conscient que pour en arriver là, les agriculteurs doivent nécessairement être accompagnés et présentement, selon lui, il n’y a pas d’appui.
Finalement, il indique que les gens doivent changer leur mentalité vis-à-vis l’économie locale.
«Il faut arrêter de tout le temps vouloir économiser au bas prix. Si tu achètes de ton voisin, celui-ci achète à côté et c’est comme ça que l’économie va se créer. C’est important d’encourager nos gens», croit celui qui apprécie la liberté de parole et d’action laissée par son parti.
Pas à pas
Frédérik Bernier s’est lancé en politique notamment pour faire prendre conscience de l’importance de protéger l’environnement. L’histoire de Greta Thunberg l’a grandement inspirée.
«Elle avait seulement 15 ans quand elle est partie seule au Parlement suédois avec sa pancarte, pour manifester contre l’inaction face au changement climatique. Tout le monde riait d’elle, mais elle y est retournée tous les vendredis, chaque fois, appuyée par plus en plus de gens. Un an plus tard, elle est à l’ONU et des millions de personnes marchent dans les rues. Ça m’a beaucoup parlé et je me suis dit, moi, en tant qu’adulte, je peux changer des choses à ma façon», raconte le travailleur autonome.
Comme il le répète à maintes reprises aux citoyens rencontrés sur le terrain, «on ne pourra pas tout régler demain matin, mais pas à pas, on va y arriver». Chaque petit geste peut faire une différence.
«Je peux bien avoir des idées, mais moi, ce qui importe, c’est d’entendre les préoccupations des citoyens et de travailler ensuite pour eux», laisse-t-il entendre.
Afin de bien mener à terme sa campagne et de se donner une chance de rencontrer le maximum de gens possible, M. Bernier a fait le choix de prendre congé jusqu’au 21 octobre.
«Étant donné que je suis le premier candidat vert, ça attire beaucoup de monde. J’ai reçu une avalanche de courriels de gens de tous les horizons qui veulent me rencontrer. La campagne dépasse mes attentes. C’est pour cette raison que j’ai pris congé.»
Bien que toutes ces rencontres soient enrichissantes, il ne se cache pas pour dire que le travail est énorme.
«Je suis seul pour tout faire, que soit l’administration, la pose de pancartes et le porte-à-porte. Et tout est nouveau pour moi. Ce n’est pas évident, mais j’apprends beaucoup. Ce qui me motive, c’est de faire connaître le parti et donner la chance aux citoyens de pouvoir voter vert», expose-t-il, tout en souhaitant que le Québec ait quelques députés verts au lendemain des élections, notamment dans Drummond.
Celui-ci remarque, au fil de ses discussions, que plusieurs personnes demeurent indécises.
«Les gens sont contents de me voir, car j’amène une voix nouvelle. Il y a des gens qui ont toujours voté libéral ou conservateur et qui hésitent à voter pour moi actuellement (…) Je suis le seul candidat qui réussit à réunir des gens de tous les partis.»
Bref, il se dit très optimiste pour l’élection et ne serait pas surpris que le 21 octobre, la carte électorale affiche un petit point vert sur Drummond.
«Je me suis lancé pour venir mettre la première brique à terre. S’il y a bien une place où un candidat vert puisse être élu, c’est dans Drummond. Ce n’est pas un château fort ici, tous les partis y ont passé ces dernières années. Je suis très optimiste tout en étant réaliste, car je suis conscient que je pars de loin. Peu importe ce qui arrive, je repartirai avec un bon bagage en me disant que j’aurai éveillé quelques personnes», laisse-t-il tomber.
Débat
Mercredi, quatre candidats participeront au débat organisé par la Chambre de commerce et d’industrie de Drummond. À son plus grand regret, Frédérik Bernier n’a pas été invité.
«Le conseil d’administration de la Chambre de commerce a décidé de ne pas m’inviter étant donné qu’il n’y a pas de représentant vert au Québec, comme ça été le cas pour la chef Elizabeth May pour le débat francophone la semaine dernière. Je trouve que c’est une drôle de règle. Je trouve ça juste dommage pour la démocratie, surtout que présentement, on parle juste d’environnement. Je crois que les verts auraient été bienvenus d’apporter une voix différente. Je respecte par contre la décision. Je serai quand même dans la salle et poserai assurément quelques questions», explique-t-il.
En contrepartie, M. Bernier a été invité au débat organisé par le Cégep de Drummondville qui se tiendra jeudi.
«Je suis content, car l’une de mes missions durant la campagne, c’est justement d’inciter les jeunes à voter, à s’impliquer. Selon les données des dernières élections à Drummondville, le taux de participation pour les 65 ans et plus se situait à 80 % tandis que pour les 35 ans et moins, on a atteint à peine les 30 %. Les jeunes doivent comprendre qu’ils ont la balance du pouvoir entre les mains. Ils pourraient changer une allure d’une élection à eux seuls», soutient le candidat.