PROCÈS. Me Vicky Smith a tenté de démontrer que la relation entre Vincent Simard et ses présumées victimes dépassait les limites de l’amitié et de la fraternité. Vendredi au Palais de justice de Drummondville, la procureure de la Couronne a entre autres mis en lumière les crises de jalousie du médecin envers le «nouvel ami de la famille».
Rappelons que le médecin âgé de 35 ans fait face à quatre chefs d’accusation. Il est accusé d’agressions et de contacts sexuels envers deux mineurs alors qu’il se trouvait en situation d’autorité. La plupart des gestes se seraient produits lorsque Vincent Simard les massait. M. Simard s’était lié d’amitié avec la famille de ses présumées victimes respectives.
À plusieurs reprises, Vincent Simard «a manifesté des émotions» à l’égard d’un ami de la famille de l’une des présumées victimes. C’est ce qu’a révélé la procureure de la Couronne, Me Vicky Smith, lors du contre-interrogatoire de l’accusé.
En mai 2016, Vincent Simard aurait versé des larmes en apprenant que ce nouvel ami emménagerait dans le même secteur que lui et la famille. Le lendemain, le médecin aurait annulé tous les rendez-vous avec ses patients. Selon un message texte lu devant la cour, «il avait mal à l’âme».
«Oui, il y en avait de la jalousie, mais j’ai toujours continué à intégrer [le nouvel ami]. J’essayais de comprendre mes émotions et ma jalousie», a dit M. Simard devant la juge Hélène Fabi.
Me Vicky Smith a aussi lu des messages textes envoyés par Vincent Simard à l’une de ses présumées victimes : «Tu es la personne que j’aime le plus au monde». Vincent Simard avait également l’habitude de lui texter «Je t’aime fort» et «Bon matin».
«Je me suis attaché à ce kid. Je n’ai pas d’enfants. Vous ne me ferez jamais dire que c’est une idylle amoureuse, car ce n’est pas ça», a lancé devant le tribunal Vincent Simard.
Les deux présumées victimes étaient assises dans la salle de cour ce vendredi. Elles n’ont pas paru ébranlées par les propos de M. Simard ou même de son avocat.
En après-midi, les avocats Me Marc-Antoine Carette et Me Vicky Smith ont procédé à leurs plaidoiries.
En relevant plusieurs exemples survenus pendant le procès, Me Carette a tenté de miner la crédibilité et la fiabilité des témoignages des présumées victimes.
«La présumée victime n’est pas capable de dire combien de fois les attouchements sont survenus, la durée des massages et elle ne se souvient pas s’il faisait clair ou noir lorsqu’elle prenait des spas avec Vincent Simard», a plaidé Me Marc-Antoine Carette.
Incohérences
Me Carette, lors de son plaidoyer, a soulevé quelques incohérences dans les témoignages des présumées victimes.
Premièrement, lors du procès, une présumée victime a affirmé ne jamais avoir parlé des allégations avec l’autre présumée victime. Toutefois, la déclaration faite aux policiers en 2018 montre bel et bien qu’elles avaient déjà discuté des allégations ensemble. «Les témoins ont caché au tribunal qu’ils en ont parlé entre eux. Il s’agit de l’élément fatal à la preuve de la poursuite», a laissé tomber Me Carette.
Également, une présumée victime a allégué avoir été agressée dans le spa de Vincent Simard à une date précise. Toutefois, c’est le père de la présumée victime qui avait aidé le médecin à ouvrir son spa la même année et selon des messages textes montrés devant le tribunal, le spa n’était pas ouvert au moment où l’agression se serait déroulée. «Il n’y a donc pas eu de massage dans le spa comme l’a décrit la présumée victime dans son témoignage», a souligné Me Carette.
«M. Simard avait un sentiment amoureux»
La procureure de la Couronne a plaidé que Vincent Simard avait un sentiment amoureux à l’égard de l’une de ses présumées victimes.
Me Vicky Smith a rappelé les messages textes envoyés à sa présumée victime qui l’interdisait «d’avoir des contacts avec le nouvel ami sous peine de crise». «La présumée victime avait même besoin de s’excuser et de se justifier, a-t-elle évoqué. Ce qui transpire des messages, c’est qu’il y avait de la manipulation et du chantage émotif».
Me Vicky Smith a également rappelé l’épisode où Vincent Simard a quitté un café du centre-ville «en boudant et frappant dans une poubelle» puisque le nouvel ami de la famille était présent. D’après son plaidoyer, le docteur Simard éprouvait de la jalousie lorsqu’il était question de sa présumée victime.
Elle a aussi mis en lumière le fait que Vincent Simard organisait son horaire de travail afin de pouvoir aider l’une de ses présumées victimes avec ses devoirs et ainsi «avoir des contacts avec».
Selon le témoignage de Vincent Simard, il massait les présumées victimes lorsque celles-ci se plaignaient de douleurs de croissance.
«Selon Vincent Simard, [les présumées victimes] avaient tellement besoin de lui dans toutes les sphères de leur vie que c’est complètement invraisemblable», a plaidé Me Vicky Smith en faisant référence à l’aide aux devoirs et aux massages.
Le plaidoyer de Me Vicky Smith se poursuivra le 22 octobre prochain au Palais de justice de Drummondville.