TRANSPORT. Au moment où les solutions se font plus que pressantes pour lutter contre les mutations climatiques, l’idée d’améliorer le transport de voyageurs par train vers Montréal et Québec, en construisant une gare moderne au carrefour de la 55 et de la rue Saint-Pierre, à Drummondville, mérite d’être considérée.
Cette vision, inspirée de la notion d’écomobilité, est celle que propose un groupe de citoyens drummondvillois (Gilles Fortin, André Savoie, Charles Hébert, Jean Larocque et Grégoire Mercure) qui considèrent qu’il est grandement temps de bonifier le système de déplacements de personnes par train, comme c’est le cas à plusieurs endroits dans le monde, et que Drummondville doit au plus vite mettre en vitrine son atout stratégique aux confins des autoroutes 20 et 55 et à mi-chemin, ou à peu près, entre Montréal et Québec.
«Le train est à la fois le meilleur moyen de transport de personnes pour éviter les encombrements et surtout le moins polluant. Il est temps qu’il soit mis à profit de façon efficace et nous croyons qu’une grande amélioration serait de déplacer l’arrêt actuel du centre-ville de Drummondville vers le carrefour autoroute 55 – rue Saint-Pierre, où on trouverait un vaste stationnement et un point de restauration», soumettent ces messieurs, qui, précisons-le, n’ont aucun intérêt personnel en vue, sinon celui d’une contribution écologique à la communauté.
Pourquoi une gare près de l’autoroute 55, à deux kilomètres de l’autoroute 20? Parce que Sherbrooke et Victoriaville le souhaitent. «Nous avons parlé avec des gens de la Chambre de commerce de Victoriaville et celle de Sherbrooke et ils nous ont dit qu’ils seraient davantage intéressés à venir prendre le train à Drummondville si la gare étaient située à l’extérieur de la ville, donc plus facile d’accès, au lieu de se rendre au centre-ville après plusieurs feux de circulation. De plus, ils seraient certains d’avoir un stationnement, explique Gilles Fortin. Les Sherbrookois en ont marre d’être bloqués sur l’autoroute 10 à l’approche de la métropole. Pour les Victoriavillois, le raisonnement est le même : prendre le train ici est plus rapide et moins choquant que d’affronter la dense circulation de la région de Montréal, surtout si l’on considère que le pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine subira durant plusieurs années une réfection majeure à compter de 2020. Un autre avantage pour les voyageurs est qu’ils peuvent profiter, en toute quiétude, de la connexion Wi-Fi, et même s’avancer dans leur journée de travail».
Messieurs Fortin, Savoie, Hébert, Larocque et Mercure ont fait leurs devoirs. Ils ont appris que, pour la seule année 2018, près de 21 000 passagers ont profité de ce service ferroviaire, ce qui représente une augmentation de 11 % par rapport à l’année précédente. Leurs recherches ont aussi permis de découvrir que les villes de Trois-Rivières, Sherbrooke, Victoriaville et Granby n’ont plus aucun train de voyageurs s’arrêtant sur leur territoire, ce qui vient donner de l’importance à la région de Drummondville.
Ils ont également constaté que la portion de voie ferrée comprise entre Sainte-Rosalie et Saint-Germain (soit une quarantaine de kilomètres) est la seule qui n’est pas doublée entre Montréal et Drummondville. «Si on pouvait doubler cette portion, il n’y aurait plus d’attente pour faire passer les trains marchandises qui, actuellement, ont priorité. C’est la même chose pour deux portions entre Drummondville et Québec; il resterait à procéder au doublage de la voie sur une longueur totale de 125 kilomètres, de Saint-Léonard à Daveluyville et de Val-Alain jusqu’à Charny. «Le corridor Montréal-Québec, ainsi amélioré et avec arrêt à Drummondville, deviendrait alors un pôle de circulation de passagers incontournable et fort apprécié», avancent-ils.
Selon eux, la Ville de Drummondville ne serait pas perdante car il est fortement à prévoir, comme cela s’est produit à Saint-Hilaire, que le secteur servirait de noyau à un éventuel développement domiciliaire. Le nombre de 40 personnes, qui font quotidiennement le trajet Drummondville-Montréal aller-retour par train, serait appelé à augmenter considérablement.
Un peu d’histoire
Les cinq citoyens ont rappelé d’importants moments dans l’histoire du train pour voyageurs dans notre région. Les voici :
Dans les années 70, le Canadien National (CN) institua deux convois entre Montréal et Québec par la rive sud du fleuve Saint-Laurent, alors que, jusque-là, les trains de voyageurs entre ces deux villes avaient toujours circulé par la rive-nord.
Pendant ces années, les seuls convois arrêtant à Drummondville arrivaient d’Halifax et ces nouveaux convois Québec-Montréal par le sud n’arrêtaient pas à Drummondville. Le secrétaire de la Chambre de commerce du temps, secondé par quelques citoyens, réussit à faire arrêter un premier convoi, puis un second, après maintes démarches auprès des dirigeants du CN.
Avec l’arrivée de Via-Rail en 1978, on ajouta un troisième, puis un quatrième convoi arrêtant chez nous, alors qu’au même moment, ceux du Canadien Pacifique qui passaient par la rive-nord cessaient de circuler. Donc, depuis 1978, tous les trains de voyageurs Montréal-Québec circulent par la rive sud. Et aussi, depuis ce temps, il n’y en a plus aucun dans les villes de Trois-Rivières, Sherbrooke, Victoriaville et Granby. Via-Rail ajouta un cinquième convoi dans les années 2010.
Il y a actuellement dix convois de passagers par la rive-sud sur semaine et six en fin de semaine, auxquels s’ajoutent le convoi Montréal-Halifax trois fois par semaine. Tous ces trains arrêtent à Drummondville.
Parallèlement à cette proposition, notons qu’il y a toujours sur la table la demande faite à Via Rail d’augmenter la fréquence des trains, surtout de Montréal à Drummondville en fin de soirée, et le projet d’aménager un «hub» à Drummondville, d’où partiraient les convois chaque matin en direction de Montréal et Québec.