MAGAZINE. Marcher au centre-ville devient soudainement plus agréable lorsque l’on est entouré d’art. À Drummondville, quelques espaces publics, dont le passage de la Relève, présentent aux piétons des œuvres créées par des talents d’ici.
«Sensibiliser les citoyens à la beauté de l’art par sa mise en valeur», c’est la mission que s’est donnée la Ville de Drummondville en faisant la réfection de trois passages piétons du centre-ville. Elle en a profité pour leur donner une deuxième vocation : un lieu d’exposition.
«La thématique du passage de la Relève est «L’avenir et la jeunesse». L’art dans la Ville contribue autant à l’exposition de nouveaux talents qu’à la découverte de la culture», explique Thomas Roux, conseiller en relations médias pour la Ville.
Ces temps-ci, et ce jusqu’en juin prochain, ce sont 12 œuvres, créées par deux finissantes du Cégep de Drummondville en arts visuels, Émilie Dore et Andréa Champagne, qui ornent les grands murs boisés du passage de la Relève, situé à l’angle des rues Cockburn et Heriot. Coup d’œil sur ces jeunes artistes.
Le deuxième regard
Émilie Dore présente six œuvres; des dessins numériques faits avec le souci de garder un style réaliste. «Ce sont des tableaux tous différents les uns des autres. Ils démontrent à quel point je suis multidisciplinaire», souligne-t-elle. Pour cette exposition, elle a choisi ses œuvres favorites parmi son corpus, créé dans le cadre de ses études en arts.
La jeune maman travaillait comme infographiste, un métier qu’elle a appris de façon autodidacte, lorsqu’elle a décidé d’entreprendre des études en arts visuels. «Quand mes enfants sont entrés à l’école, j’ai décidé moi aussi d’y retourner», lance celle qui a récemment obtenu un diplôme d’études collégiales (DEC).
Si elle voulait retourner sur les bancs d’école, c’était pour «redécouvrir son côté artistique». «J’avais envie de renouer avec le côté traditionnel de l’art et de pousser ma découverte des «beaux-arts». Par exemple, j’ai appris à peindre et je me plais beaucoup à explorer cela», souligne Émilie Dore.
Bien souvent, ses œuvres dépeignent la réalité et il faut prendre le temps de les regarder avec un souci du détail pour voir un double sens.
«Je pense que j’aime représenter quelque chose qui rejoint rapidement les gens, pour ceux qui passent en coup de vent. Mais s’ils s’y attardent, ils voient quelque chose d’unique. Par exemple, mon tableau avec un faucon habillé en costard représente en fait un Horus — une divinité égyptienne», fait savoir l’artiste.
De l’autre côté se dresse une exposition dans un style complètement différent. Les deux étudiants sourient en remarquant à quel point leurs styles artistiques s’opposent l’un à l’autre. Alors qu’Émilie Dore apprécie le réalisme, André Champagne décrit ses illustrations comme des «dessins sortis tout droit d’un rêve».
La rêveuseÂ
Andréa Champagne a commencé ses études collégiales en sciences humaines et en arts visuels, elle voulait obtenir un double diplôme.
«Les cours en sciences humaines m’intéressaient, mais les gens n’étaient pas mon genre du tout. Je préférais les arts visuels, avoue-t-elle honnêtement. L’art m’a toujours attiré, je tiens cela de mes parents. Ils auraient aimé s’y consacrer, mais ils ont choisi des métiers plus stables. Mon père adore faire de la musique, mais il est ingénieur. Ma mère peint, mais elle est massothérapeute. Je me suis dit : «Je vais faire ce qu’ils n’ont pas osé: je vais me lancer à fond dans l’art».
En septembre prochain, elle entrera à l’Université Laval, au baccalauréat en art parce qu’elle «n’est pas encore certaine de ce [qu’elle] préfère».
Andréa Champagne ose un style plus onirique, elle aime créer ses propres univers. C’est après un cours en histoire de l’art qu’elle a découvert son penchant pour le surréalisme. Pourquoi aime-t-elle autant ce mouvement? «Ça me fait voyager», répond-elle simplement.
Quand elle observe ses œuvres, elle remarque : «On dirait des images sorties d’un rêve. Je ne savais même pas ce que je voulais dessiner quand je les ai créées, j’y allais instinctivement».
Les six œuvres qu’elle présente au passage de la Relève, elle les a produites dans le cadre d’un défi 30 jours d’art auquel elle a participé pour le plaisir. Chaque jour, pendant 30 jours, elle prenait place à sa table à dessin et laissait aller son crayon.
Chacune des artistes expose dans un lieu public de la sorte pour la première fois, un petit velours pour celles qui ont terminé leur DEC tout récemment. «Quand on est au cégep, on est dans notre petit cocon. Grâce à cette plateforme publique, on se rend compte qu’il a plein de monde qui apprécie nos œuvres et c’est rassurant», rapportent-elles.
L’art en ville
Depuis peu, la Ville souhaite démocratiser l’art à Drummondville et les œuvres publiques constituent un bon exemple de leurs efforts. Outre le passage de la Relève, il y a également le passage piétonnier Sibosis, liant la rue Heriot au stationnement, à la hauteur de la piscine du parc Woodyatt.
À la fin de l’année, la Ville présentera de nouvelles images grâce aux structures photographiques actuellement en place au parc Woodyatt. Finalement, un musée à ciel ouvert sera inauguré au printemps 2020.