GREFFE. Karyne Vaillant a cru qu’elle allait mourir. Les médecins aussi. Il ne lui restait que quelques jours à vivre. Le 18 janvier 2019, elle a reçu l’appel. Celui qui allait lui sauver la vie.
En novembre dernier, Karyne Vaillant est hospitalisée. Il faut dire qu’elle a l’habitude de fréquenter les hôpitaux, elle qui a reçu un diagnostic de fibrose kystique au premier mois de sa vie.
Cette maladie se caractérise par l’accumulation d’un épais mucus dans les poumons et le système digestif, entraînant des problèmes respiratoires, de digestion et d’absorption des nutriments. C’est un peu comme si, pendant que vous pincez vos narines, vous essayez de respirer à travers une paille.
Habituellement, la Drummondvilloise demeurait une ou deux semaines à l’hôpital, puis obtenait congé. Mais pas cette fois. Un mois a passé, puis deux.
«C’était plus long que d’habitude. Ça faisait un an que je n’avais que 27% d’air qui rentrait dans mes poumons. Celui de droite ne fonctionnait plus, il était hors service. J’avais besoin d’oxygène 24 heures sur 24», se souvient la femme de 37 ans.
Elle avait touché le fond du baril. «J’étais en phase terminale. Ma mère se préparait à ma mort. Pour moi, c’était difficile à réaliser. La mort, ce n’était pas une option», raconte la technicienne en travail social, qui est en arrêt de travail depuis huit ans.
Elle devait recevoir une greffe de poumons, sans quoi, ses jours étaient comptés. Puis, c’est arrivé. «J’étais tellement fatiguée que je n’avais pas la force de célébrer. J’étais contente, mais je n’étais pas capable d’être énervée, même en passant dans la haie d’honneur du personnel de l’hôpital. Je n’ai pas pleuré. J’étais trop fatiguée», se rappelle-t-elle.
Ce n’est que le lendemain, en après-midi, qu’elle a reçu une double greffe de poumons. Elle a passé neuf heures sur la table d’opération, au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM). «Un des poumons était trop gros. Ils ont dû le tailler. Le lendemain, j’avais des caillots de sang au poumon droit. Ils ont dû me réopérer», mentionne-t-elle.
Elle a finalement quitté le centre hospitalier le 15 février. «C’est difficile à concevoir. Tu rentres à l’hôpital malade et tu ressors avec une deuxième chance. Tu réapprends à vivre.»
Après la greffe
Karyne Vaillant vit toujours avec la fibrose kystique. Le mucus est encore présent dans son corps, sauf dans ses poumons. Mais depuis sept mois, elle a entamé sa nouvelle vie. Sept mois d’adaptation, tant sur le plan physiologique que psychologique.
Elle a retrouvé l’appétit. Elle a recommencé ses activités. «Marcher, promener mon chien, m’entraîner, danser, faire du vélo et de la randonnée. J’avais hâte de faire de la randonnée», sourit-elle.
Voyager. À la fin octobre, elle s’envolera vers l’Autriche. Une semaine, avec sa mère et sa sœur. «Ça fait tellement longtemps que je n’ai pas profité de la vie, que la première chose dont je veux faire, ce n’est pas d’aller travailler. Je vais y retourner, mais à temps partiel. Pour l’instant, j’ai juste envie de fêter la vie, de profiter de chaque instant. C’est un cadeau. Les gens tiennent souvent tout pour acquis. On devrait tous en profiter», souligne-t-elle.
Ce second souffle, elle le doit à son donneur. Elle ignore son nom ou même son histoire. Tout ce qu’elle sait, c’est que ses poumons, ceux qui la gardent en vie, ont été transportés de Gatineau.
Au terme de démarches de Transplant Québec, elle espère, un jour, pouvoir remercier la famille de cette personne. Cette personne qui a choisi le don d’organes, qui a choisi le don de vie.