INCENDIE. Sylvie Fortin et Jean-Luc Naud ont uni leurs destinées le 24 août dernier. Trois semaines avant que les nouveaux mariés se disent oui, un incendie d’origine accidentel a tout ravagé… sauf leur alliance.
Le 4 août dernier, peu avant l’heure du souper, les amoureux ont quitté leur résidence. Lorsqu’ils sont revenus une demi-heure plus tard, elle était la proie des flammes.
Impuissant, le couple a regardé leur nid d’amour partir en fumée. Les pompiers ont réussi à sauver Praline, la chatte. Le poisson, lui, n’a pas eu la même chance.
Le feu a été sans pitié. Tout a brûlé. Enfin, presque tout. Les sapeurs ont récupéré un portable. Du moins, ce qu’il en restait. Ils l’ont mis au milieu de la rue, à travers les nombreux boyaux.
Sur le portable, ils ont déposé une boîte. Une petite boîte blanche en carton. À l’intérieur de celle-ci se trouvait l’alliance du futur époux. «La boîte était complètement intacte. Pas la moindre trace d’incendie. Pas même une odeur de brulé. Pourtant, elle était dans le salon, où tout a été détruit», raconte Sylvie Fortin, qui n’en croit toujours pas ses yeux.
«Moi, ma bague, je l’avais à mon doigt quand c’est arrivé. Jean-Luc m’a fait la grande demande durant notre voyage en juin dernier, où nous avons fait une escale à Paris», indique-t-elle.
C’est devant la tour Eiffel que celui-ci a demandé la main de sa douce. «C’est mythique. Pour moi, ça allait de soi», sourit-il.
Dans l’incendie, Sylvie Fortin a perdu sa robe de mariée, faite de ses propres mains. «Elle était turquoise, en satin mat. Le haut était moulant, avec des bretelles spaghetti. Elle avait un voilage à l’arrière avec de petits brillants argentés», décrit la femme de 53 ans.
En guise de solidarité, plusieurs femmes– voire une dizaine – se sont manifestées sur les réseaux sociaux pour lui offrir la leur. «Non pas que ce n’était pas beau ce qu’elles me proposaient, mais je ne me mariais pas avec une robe blanche», indique Mme Fortin, qui a finalement opté pour une robe noire à imprimé fleuri.
La résidence du 750 rue du Tressot, aujourd’hui détruite, devait accueillir amis et familles pour le grand jour. C’est finalement sur une terre à bois, à L’Avenir, que les amoureux, arrivés à moto, ont prononcé leurs vœux devant une soixantaine de convives.
Se relever
La lune de miel de Sylvie Fortin et Jean-Luc Naud est loin d’être des vacances. Sans logis, ils ont dû s’installer quelques jours à l’hôtel, puis dans une maison louée, temporairement. Ils sont toujours dans la paperasse.
Les dernières semaines ont été chargées. Surtout émotionnellement. «C’est difficile. Cependant, rester en petite boule dans un coin, ça n’aide personne. On n’a pas le choix. Il faut qu’on se lève et qu’on avance», soutient Mme Fortin.
Bientôt, leur résidence incendiée passera sous le pic des démolisseurs. Ils devront tout reconstruire. «Au moins, tout le monde est là, même Praline. Plus jeune, Sylvie a perdu ses parents et sa sœur dans un accident de la route. Son frère s’est enlevé la vie. Il y a eu beaucoup de mortalité dans sa famille. Ça lui apporte un regard différent et ça l’aide à relativiser beaucoup de choses. Elle a une force de caractère incroyable» souligne Jean-Luc Naud.
Pour passer à travers ces moments difficiles, le couple peut compter sur le soutien de leurs proches et amis. Les élèves de Sylvie, lesquels reçoivent notamment des cours de peinture, de couture et de tricot, sont aussi présents. D’ailleurs, grâce à la générosité de la population, qui a notamment donné pinceaux, peinture, laine et divers accessoires, les ateliers de Sylvie reprendront dès la semaine prochaine.
Tranquillement, la vie de Sylvie Fortin et Jean-Luc Naud aussi reprendra son cours.