HOMICIDE. Guylaine Fournier n’en croyait pas ses yeux lorsqu’elle a vu la photo de son amie d’enfance, menottes aux poignets, mardi. Vingt ans après avoir pris Marina Bonard sous son aile, voilà que cette dernière est accusée du meurtre non prémédité de son père.
«Quand j’ai vu son visage dans les médias, je me suis dit que ça ne se pouvait pas. C’est quelqu’un de réservé et qui ne disait pas un mot. J’ai étudié avec elle à l’école secondaire Jeanne-Mance. J’en parlais avec un ami mardi et on est bouleversé de voir ce qui est arrivé. Elle n’avait pas une once de méchanceté. Pour moi, c’est anormal de voir ça. Elle n’était pas méchante pour deux cennes et elle ne montait jamais la voix», a raconté Guylaine Fournier au téléphone.
À l’adolescence, constatant que Marina Bonard venait d’arriver dans son quartier, la Drummondvilloise a tenté d’inclure la nouvelle résidente dans son groupe d’amis. Mission difficile, puisque Marina Bonard était une jeune fille renfermée, selon Guylaine Fournier.
«Marina Bonard était une jeune fille timide qui était vraiment dans sa bulle, a-t-elle précisé. On se posait des questions, car elle n’était pas comme toutes les autres jeunes. Elle était dans sa carapace. Marina ne parlait pas beaucoup. Ce n’était pas une personne qui voulait sortir pour s’extérioriser. Je voulais l’aider à avoir des amis dans le quartier, mais elle restait souvent dans sa cour chez elle.»
Guylaine Fournier est d’avis que ses parents étaient très sympathiques. Le souvenir qu’elle garde de Jean Bonard est celui «d’un homme de caractère, un vrai Français». Selon un proche de la victime, la mère de Marina se serait enlevé la vie il y a quelques années.
«Marina ne pouvait pas sortir où elle voulait comme nous à l’époque au secondaire, s’est rappelée madame Fournier. Ses parents étaient stricts, mais très sympathiques. Je sais qu’elle a perdu sa mère. Est-ce que cela l’a bouleversé ? Il y a des parcelles de l’histoire qu’on ne peut pas connaître. J’ai de la misère à imaginer que Marina aurait pu commettre un acte comme ça.»
Elle souhaite à Marina Bonard d’obtenir le soutien psychologique nécessaire.
Une colère surprenante
Quelques heures après l’entrevue téléphonique, un souvenir a ressurgi dans l’esprit de madame Fournier. Alors qu’elle étudiait à l’école Saint-Frédéric, avant de se diriger à l’école secondaire Jeanne-Mance, Marina Bonard serait sortie de ses gonds à cause d’un enseignant, ce qui aurait mené à son expulsion de l’établissement. Croisée dans l’autobus, sur le chemin du retour, son amie n’y croyait pas.
«Ça nous avait surpris, car elle ne disait jamais rien», a écrit Guylaine Fournier dans un échange de messages sur l’application Messenger. Après son déménagement, elle a toutefois perdu contact avec Marina Bonard. Cette dernière résidait à Trois-Rivières, avant d’être incarcérée.
D’ailleurs, c’est le caractère bouillant de Marina qui aurait repoussé une amie de Jean Bonard, Yvonne Morin, lorsqu’elle voulait prendre des nouvelles de l’homme au téléphone, le 21 juillet.
«Je ne voulais pas voir sa fille. Elle était très agressive envers ses parents. Mon ami ne me parlait pas d’elle. Cependant, sa femme, qui est décédée, m’en parlait à l’époque. Elle avait un fort caractère», a fait savoir Yvonne Morin, quelques minutes après avoir appris la mort de son ami de longue date.
Rappelons que Jean Bonard a été retrouvé sans vie par les policiers dans la matinée du 22 juillet. Sa fille Marina a été arrêtée sur les lieux du crime par les autorités. Elle a comparu le lendemain au Palais de justice de Drummondville pour faire face à un chef d’accusation du meurtre au deuxième degré de Jean Bonard. Le crime serait survenu vers le 19 juillet, selon l’acte de dénonciation.
Marina Bonard sera de retour devant le juge le 2 août prochain pour la suite des procédures judiciaires.