ANXIÉTÉ. L’anxiété et le stress sont les grands maux du 21e siècle. Pour y faire face, l’école secondaire Jeanne-Mance offre désormais à ses élèves de première secondaire des ateliers pour leur apprendre à gérer ces troubles, souvent bien présents à l’adolescence.
Les trois instigateurs du projet à Jeanne-Mance, Véronique Rodier, travailleuse sociale, Yannick Rivard, psychoéducateur, et Vincent Cabal, directeur adjoint, s’entendent pour dire que l’anxiété est une problématique majeure, désormais plus courante dans les écoles secondaires que la violence ou encore l’intimidation.
«Tout a commencé il y a deux ans quand on a reçu l’information de la part du CLSC que plusieurs de nos élèves vivaient des situations d’anxiété prononcées. On a donc tenté de trouver de l’aide et on a appris que l’Université de Sherbrooke (UDES) cherchait des écoles pilotes pour implanter le programme HARDIS, un programme de prévention et d’intervention des troubles anxieux», a expliqué Vincent Cabal.
D’entrée de jeu, les trois intervenants impliqués croyaient que les élèves de quatrième et cinquième secondaires seraient les plus touchés par les troubles anxieux à cause «du stress de performance». Ils se sont rapidement rendu compte que l’anxiété était présente à tous les niveaux.
L’anxiété chez les jeunes
Un sondage a d’abord été passé à tous les élèves de l’école Jeanne-Mance. Nombreux étaient ceux qui ont obtenu des cotes «jaune» et «rouge» et ce sont les jeunes de première et de cinquième secondaires qui ressortaient le plus.
«La transition entre le primaire et le secondaire est une situation stressante, tout comme la transition entre le secondaire et le cégep», a précisé la travailleuse sociale Véronique Rodier pour expliquer les résultats.
«L’UDES nous a dit que pour réduire les impacts, il fallait commencer à intervenir tôt avec les jeunes et que de les équiper de façon universelle contre les troubles anxieux allait être bénéfique à long terme», a ajouté Vincent Cabal.
Ainsi, en septembre dernier, les élèves de première secondaire de Jeanne-Mance, le groupe d’âge ciblé par HARDIS, ont reçu près d’une dizaine d’ateliers qui s’intéressent à des sujets aussi variés que de «poser un regard critique sur la place des réseaux sociaux et des écrans» ou de «faire face à ses défis relationnels».
Un deuxième volet du programme, HARDIS plus, est offert aux élèves qui présentent des cotes d’anxiété plus élevées. L’intervention, réalisée en petit groupe, est faite en concertation entre l’élève et ses parents. Cette année, dix ateliers ont été donnés aux élèves et cinq aux parents.
«Cela a aidé à briser l’isolement. Les parents nous disent que ç’a été bénéfique pour la relation avec leur adolescent et qu’ils communiquent davantage», a souligné Véronique Rodier.
Des retombées positives
À la suite des ateliers, l’institution scolaire a fait passer un questionnaire d’appréciation aux élèves concernés. «Près de 30 % nous ont indiqué que ça avait été utile pour eux. Au départ, on pensait que ce n’était pas beaucoup, mais ça revient à 70 personnes et ce n’est pas rien. Il faut aussi dire qu’à cet âge, l’introspection est plus difficile. Puis, parmi ceux qui ont suivi HARDIS plus, on a remarqué une baisse importante du nombre de cotes d’anxiété «jaune» et «rouge», a laissé savoir Vincent Cabal.
Questionnés à savoir pourquoi les troubles anxieux sont aussi présents chez les jeunes, les trois professionnels ont mis de l’avant la pression sociale. «On vit dans une société de performance où tout va vite. On veut un accès immédiat à tout et les technologies favorisent cela. Ça devient plus difficile de développer la tolérance et la patience». Ils ont aussi effleuré le sujet des réseaux sociaux, qui rajoutent des facteurs de stress aux adolescents.
Selon eux, les retombées du programme HARDIS ont été très positives sur les élèves et dès l’an prochain, les jeunes de deuxième secondaire auront également accès à ces ateliers.
«Ça devrait être donné à tous les élèves du secondaire au Québec. On est chanceux comme école de faire partie du projet pilote de l’UDES», a conclu le psychoéducateur Yannick Rivard.