Les producteurs caprins sont «à genoux» devant Saputo, a tenu à faire savoir l’éleveuse Maude Caron, en réaction aux récents propos du ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), André Lamontagne, sur la filière.
Le 31 mai dernier, André Lamontagne se montrait optimiste pour l’avenir du secteur caprin au Québec. Il a du même souffle répété son soutien à l’industrie. Selon l’agricultrice de Notre-Dame-du-Bon-Conseil, le ministre devra en faire davantage dans les prochaines semaines, puisque la situation est «loin d’être rose».
«Ce que le ministre dit, c’est vrai, précise d’entrée de jeu Maude Caron. Le problème est que, lors des négociations, on a accepté à genoux toutes les conditions de Saputo. Malgré ça, Saputo niaise encore d’un bout à l’autre. Il y a encore une hémorragie dans le domaine. Depuis le 1er janvier, six éleveurs ont lâché la production au Québec. La situation décourage certains producteurs qui finissent par lâcher.»
En septembre 2018, lors d’une assemblée générale extraordinaire, les Producteurs de lait de chèvre du Québec (PLCQ) ont adopté une baisse de prix du lait, une amélioration de la qualité du produit, en plus d’en faire autant pour la santé et le bien-être des animaux. Même si le prix a baissé de 5 % depuis le 1er janvier, il n’y a toujours pas d’entente avec Saputo. Les enjeux de la qualité, du bien-être animal et de l’assurance responsabilité civile sont fréquemment évoqués par l’entreprise pour justifier l’absence d’entente.  Rappelons que Saputo et Agropur ont la mainmise sur près de 60 % du marché.
«Saputo a des craintes pour le bien-être animal, mais il y a déjà des inspections aléatoires. Je connais la majorité des producteurs d’ici et il n’y en a pas un qui maltraite ses animaux. Je ne crois pas que cela soit un véritable enjeu au Québec. Avec des animaux maltraités, tu ne fais pas de profit.»
Une solution aux États-Unis
Depuis janvier, Maude Caron vend le tiers de sa production au Vermont. Elle fait partie des cinq producteurs québécois qui se sont récemment tournés vers le pays de l’Oncle Sam pour tenter d’assurer la pérennité de leur entreprise respective. En raison de plusieurs aspects administratifs, même si le taux de change est favorable, elle ne s’enrichit pas beaucoup plus. Le marché américain offre cependant une plus grande stabilité que celui de la Belle province.
«Au Québec, on ne sait pas sur quel pied danser, image-t-elle. Je vois l’occasion d’assurer ma survie aux États-Unis, car l’entreprise du Vermont offre un contrat à long terme qui est valide jusqu’en 2022.»
Rappelons que le Syndicat des producteurs de chèvres du Québec révèle que 30 des 67 chèvreries du Québec sont au Centre-du-Québec.