ENSEIGNEMENT. Précarité de l’emploi, épuisement professionnel, charge de travail excessive, manque de ressources pour aider les professeurs au prise avec toujours plus d’élèves en difficultés… les défis qui attendent les futurs enseignants ne sont pas à prendre à la légère. Toutefois, cela ne les empêche pas de voir l’avenir de leur métier avec un regard optimiste.
Pourquoi se lancer dans un baccalauréat en enseignement au préscolaire et au primaire (BEPP) alors que le vent souffle clairement à contresens? La question a été posée à trois étudiantes au BEPP de l’Université du Québec à Trois-Rivières, campus de Drummondville, et elles ont répondu unanimement sans hésiter : «c’est la passion.»
Karyn Bédard était dans le domaine du développement immobilier lorsqu’elle a décidé de se réorienter en enseignement. «C’est un métier qui était déconnecté par rapport à mes valeurs. Il manquait de contacts humains. Ayant trois enfants, je fais déjà un travail d’éducation avec eux, mais j’avais envie d’en faire plus auprès des jeunes, a-t-elle expliqué. C’est important pour moi de voir les élèves qui demeurent curieux. Ça me donne confiance en demain.»
Quant à Tatiana Garcia, elle a choisi ses études par passion. «C’est la passion de voir grandir et évoluer nos élèves pendant un an. C’est impressionnant de les voir apprendre malgré toutes les embûches, mais si l’on s’adapte à eux, ils vont se surpasser. C’est une question de flexibilité», a-t-elle fait savoir.
Marishka Malenfant-Lessard tient le même discours que sa consœur : «Je voulais être prof quand j’étais jeune, alors je me suis dit “je me lance”. Puis, je suis tombée en amour avec la profession.»
Étant en deuxième année au baccalauréat, les étudiantes ont déjà effectué deux stages en milieu scolaire. D’ailleurs, afin de remercier les professeurs qui les ont accueillis dans leurs classes, la cohorte du BEPP a organisé une activité spéciale. Il y a quelques jours, elle a pris en charge près de 400 élèves, sur une période de trois jours, et pendant ce temps les professeurs profitaient d’un moment pour se reposer ou pour avancer certaines de leurs tâches.
Les trois futures enseignantes, rencontrées par L’Express au campus de Drummondville, étaient en accord pour dire qu’elles se sont senties bien accueillies par leur milieu de stage.
Une confiance envers l’avenir
«Comme stagiaire, j’ai amené de nouvelles façons de faire. Je pense entre autres à un aménagement flexible. C’est encourageant de voir qu’on peut changer les choses. L’éducation est selon moi un milieu ouvert qui a l’apprentissage des enfants autant que le nôtre à cœur», a rapporté Mme Malenfant-Lessard.
«Nous avons la chance d’avoir une cohorte très dynamique et on crée toutes sortes d’activités que l’on va plus tard pouvoir réutiliser dans nos classes», a fait savoir Mme Garcia.
Cependant, du point de vue de Karyn Bédard, des changements doivent inévitablement s’opérer dans le milieu de l’éducation. «À l’université, on nous parle de ce que l’éducation devrait être, mais en entrant dans les écoles on voit bien qu’il y a encore du chemin à faire, a-t-elle souligné. Je pense, par exemple, au fait qu’il y a encore des périodes consacrées à une seule matière.» Ce qu’elle imagine pour remplacer le système des périodes : des projets multidisciplinaires qui combineraient différents apprentissages.
Jonathan Goupil, lui aussi étudiant dans cette cohorte, a poussé sa vision de l’avenir de l’éducation encore plus loin. Le classement des élèves par âge est selon lui un concept que l’on verra évoluer. «C’est aberrant de penser que tous les élèves de sept ans sont rendus à la même place dans leurs apprentissages. Un jour, ça va aller vers du multiniveau en suivant la progression de chacun des élèves. Toutefois, c’est quelque chose qui va demander une grosse refonte», a-t-il espéré.
De par leurs discussions, ces futurs enseignants ont visiblement envie de faire partie du changement dans le milieu éducatif. Et des idées, ce n’est pas ce qui leur manque.