FAMILLE. En 2011, Monic Beaudoin et Michel Morissette ont ouvert les portes de leur maison à des jeunes dans le besoin. Depuis ce jour, ils sont une famille d’accueil; il s’agit pour eux «d’une véritable opportunité de redonner au suivant.»
Alors qu’elle était âgée de 44 ans, Mme Beaudoin a eu des embolies pulmonaires et elle a frôlé la mort. Après sa rémission, elle a voulu redonner au suivant. Son conjoint l’a toujours soutenue dans ce projet. Ensemble, ils ont décidé d’accueillir chez eux des enfants, exclusivement des filles, issues de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ).
«Au départ, on voulait adopter, mais le processus était très long et ardu. Ça s’est fait naturellement de devenir une famille d’accueil», s’est remémorée Mme Beaudoin.
D’ailleurs, Megan Morissette, fille biologique du couple, a facilement accordé une place aux nouvelles venues dans sa maison alors qu’elle était préadolescente.
«J’avais 11 ans lorsqu’une petite fille de 7 ans est arrivée chez moi. Je l’attendais avec impatience dans le cadre de porte avec mes parents. J’avais tellement hâte d’avoir enfin une petite sœur. Je n’ai jamais senti que je perdais ma place dans la famille. Au contraire, elle venait combler la place qu’il manquait depuis si longtemps. J’ai tellement appris depuis 2011 que j’ai décidé de faire carrière dans le domaine», a confié celle qui vient tout juste de terminer un baccalauréat en travail social.
Au cours des dix dernières années, le couple a eu à sa charge plusieurs fillettes. Si certaines sont restées plusieurs années, d’autres ont pu réintégrer plus rapidement leur milieu familial; chaque situation diffère.
«Elles arrivent toutes ici avec leur histoire et leur passé. Ultimement, le but est qu’elles retournent dans leur famille, mais parfois ce ne sera jamais possible. Nous, ce qu’on veut c’est de leur transmettre les ressources nécessaires pour qu’elles puissent s’épanouir», a fait savoir Monic Beaudoin.
Pour elle et son conjoint, recevoir un nouvel enfant est toujours un beau défi. «Il y a d’abord une lune de miel, qui dure habituellement deux ou trois semaines. Puis, l’enfant teste nos limites. C’est à ce moment qu’il faut bien l’encadrer», a expliqué M. Morissette qui occupe un poste de directeur national chez Maisons Bonneville.
«Ça peut prendre environ un an pour ramener une bonne routine dans sa vie. Ensuite, si l’enfant se désorganise, il y a toujours une raison et il faut la trouver pour le ramener dans le droit chemin. Parfois on peut y faire quelque chose, mais d’autre fois non», a ajouté sa compagne de vie des 24 dernières années.
Présentement, le couple accueille cinq filles âgées de 7 à 15 ans. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, une ambiance paisible règne dans la maisonnée qui elle, est dans un ordre impeccable.
Comme «une vraie famille»
«C’est simple, je me sers des forces de chacune. Par exemple, j’en ai une qui est bonne à l’école, alors elle m’aide avec les devoirs. Ensuite, elles ont chacun leur tour des petites tâches à faire. Ça les aide à se responsabiliser», a souligné Mme Beaudoin.
Pour ce couple, ces cinq filles sont comme leurs propres enfants. «Le secret c’est d’avoir un fort esprit maternel et de ne pas avoir peur de donner beaucoup d’amour», a-t-elle ajouté.
Toutefois, même si Monic Beaudoin et son conjoint ont cette impression, ils le savent; elles ne sont pas leurs enfants. «C’est la partie difficile. Je les aime comme si elles étaient miennes, mais parfois elles doivent partir et réintégrer leur milieu, a expliqué Mme Beaudoin qui a aussi ouvert ses portes à L’Express. Si une des filles arrive à l’âge de la majorité, je vais la garder. Elle ne sera pas mise dehors parce qu’elle a 18 ans. Toutes mes filles en sont bien conscientes.» En soi, les Morissette fonctionnent comme «une vraie vie familiale.
Une deuxième chance
«On ne le fait pas pour l’argent, mais réellement par passion», a ajouté Mme Beaudoin. Quand elle a commencé cette aventure, les familles d’accueil n’étaient pas rémunérées. Puis, en 2012, une loi est venue changer la donne. Depuis, Monic Beaudoin reçoit un salaire pour s’occuper d’enfants de la DPJ, un travail qui nécessite une attention particulière 24 heures sur 24.
«C’est comme si j’avais gagné au gros lot, mais on n’avait pas vraiment besoin de cet argent. Alors, on a décidé de l’investir dans leur bien-être, comme en faisant installer un trampoline et une piscine ou encore en mettant de côté des sous pour leur avenir. Ce qui est important, c’est de faire tout cela pour la bonne raison:  l’épanouissement de ces enfants», a conclu Mme Beaudoin.
Qu’en pensent les principales intéressées dans l’histoire? Elles reconnaissent la chance qu’elles ont aujourd’hui.
«Monic et Michel m’apprennent le respect et l’honnêteté. Ils sont toujours positifs, au lieu d’être négatifs», a lancé une des filles de la famille d’accueil. Évidemment, pour des raisons de sécurité, son nom doit demeurer confidentiel.
«Ce qu’ils nous apportent, c’est de l’écoute. Ils nous donnent aussi les soins dont on a besoin et qu’on n’a pas reçus avant», a conclu sa sœur de cœur.