BASEBALL. Noémye Letendre tentera d’attirer l’attention des dirigeants de Baseball Canada, lorsqu’elle participera au camp de sélections d’Équipe Canada prospect qui se tiendra du 4 au 7 juillet prochain à Okotoks, en Alberta. Âgée de 15 ans, la Drummondvilloise pourrait devenir la plus jeune joueuse de l’équipe féminine senior en 2020 à Cuba.
«Il va y avoir les meilleures femmes du pays. C’est la première partie du camp pour se rendre aux championnats du monde qui aura lieu à Cuba l’année suivante. Mon but est de performer le plus possible. Ce n’est pas parce que je vais être la plus jeune que je ne mériterai pas ma place dans l’équipe. Je sais que je peux faire ma place. J’ai travaillé fort pour y arriver», soutient Noémye Letendre.
De bonnes performances pourraient lui permettre d’obtenir son billet pour le camp final de l’équipe canadienne qui se tiendra l’an prochain.
L’athlète qui mesure 5 pieds et 10 pouces dispose du physique nécessaire pour tenir son bout au plus haut niveau. Habituée de jouer contre des garçons en sport-études à l’école secondaire Marie-Rivier, Noémye passe de 15 à 20 heures par semaine à s’entraîner chaque semaine pour augmenter sa force physique. La joueuse qui évolue principalement au premier et au troisième coussin se démarque avec la force de son bras et grâce à sa puissance au bâton. Lorsqu’elle est au monticule, sa balle rapide atteint d’ailleurs une vitesse de 75 milles par heure, ce qui lui permet de se comparer avec des adultes.
«J’ai toujours joué contre des gens plus vieux que moi. J’ai grandi là-dedans et ça ne me fait pas peur. Je ne m’inquiète pas trop avec mon âge, parce que je sais que j’ai plusieurs années devant moi», mentionne humblement la principale intéressée.
Une affaire de famille
Noémye est présentement en Floride pour disputer quelques parties avec ses coéquipiers de l’école Marie-Rivier. Même si elle a l’habitude de lutter contre des femmes sur la scène nationale, la passionnée de baseball évolue principalement contre des garçons dans la région. Noémye a passé son enfance à regarder son frère aîné, Charles Letendre, œuvrer sur le terrain. Ce dernier a été sélectionné en cinquième ronde du dernier repêchage de la Ligue de baseball junior élite du Québec par les Guerriers de Granby. La jeune athlète estime avoir grandement appris en le voyant s’exercer. Celle qui porte le numéro 12 (la date de fête son frère) n’a aucun complexe, lorsqu’elle joue contre des hommes. Elle nourrit d’ailleurs le rêve de jouer dans un collège américain, contre des hommes, d’ici quelques années.
«Mes parents m’ont toujours appris à prendre ma place, confie-t-elle. Ce n’est pas parce que je suis une fille que je ne peux pas y arriver. J’ai le support de mes coéquipiers à Drummondville. J’ai vraiment du fun avec les gars. J’aimerais vraiment vivre l’expérience d’un collège américain un jour, mais je sais que c’est difficile, car les gars sont plus vieux et plus forts physiquement.»
Lors des prochaines semaines, elle passera la majeure partie de son temps à s’entraîner en prévision du camp de prospect Canada. Son horaire hebdomadaire est presque réglé au quart de tour, afin de maximiser ses périodes d’entraînement. Noémye est d’avis que ses nombreuses heures en gymnase cet hiver à l’Institut du Guerrier, à Drummondville, lui ont permis d’améliorer son explosion. En plus de peaufiner quelques détails au bâton, Noémye souhaite corriger quelques aspects au monticule pour être encore plus efficace, lorsqu’elle se présentera sur la butte pour défier les frappeurs.
«Elle se donne à 200 %»
Pour un troisième été consécutif, Daniel Brodeur dirigera Noémye Letendre au sein de l’équipe québécoise féminine des 16 ans et moins. L’entraîneur a constaté que sa protégée a toujours tiré son épingle du jeu contre des filles plus âgées.
«Dès l’âge de 13 ans, elle était aussi grande et forte qu’une fille de 16 ans, laisse-t-il entendre. Ça lui donne un avantage important. Sa force physique la démarque des autres, mais elle ne se fie pas seulement sur ça. Elle s’entraîne et elle se donne à 200%.»
À ce sujet, il avoue qu’il doit parfois «ramener les guides pour doser son énergie», puisqu’elle est «comme un cheval de trait».
«On est obligé de la forcer à prendre du repos qu’elle ne veut pas, souligne le résident de Terrebonne. Elle tire tout le monde avec elle. Elle a un bon leadership positif. Elle est très exigeante envers elle et envers les autres. Noémye n’accepte pas les demi-mesures.»
Si elle veut être la partante de la rotation québécoise, Daniel Brodeur juge que Noémye devra contrôler la puissance de son bras. Pour ce qui est des aspects qu’elle devra peaufiner pour évoluer avec l’équipe canadienne, l’entraîneur croit que le défi est plutôt psychologique.
«Le baseball n’est pas un sport pour les perfectionnistes. Si tu frappes pour 400, c’est bon, mais tu te fais retirer 60 % du temps, illustre-t-il. On travaille cet aspect avec elle. Elle est habituée de jouer contre des filles plus vieilles, mais là elle va être opposée à des adultes. En tant qu’athlète, il n’y a aucun problème. Ça va se passer au niveau mental de voir comment elle va réagir pour s’ajuster.»