ÉDUCATION. Quatre étudiantes en Sciences humaines au Cégep de Drummondville ont décidé de traiter des violences à caractère sexuelles dans les établissements postsecondaires lors de leur projet final d’études. Si le sujet les touche, c’est qu’elles ont le désir de sensibiliser et de faire avancer la situation.
Le 12 avril dernier, dans le cadre de la Semaine des sciences humaines, l’équipe composée de Catherine Landry, Maude Laprade, Amélia Leclair et Anne-Sophie Simoneau est montée sur la scène Goerges Dor. Devant une salle mi-pleine, elles ont discuté pendant une heure de violences à caractère sexuel. Elles ont vulgarisé les causes et les conséquences de tels gestes et ont également inclus un volet de sensibilisation où elles ont, entre autres, présenté les ressources d’aide disponibles.
Par ailleurs, dans le cadre de ce projet DIASH — Démarche d’intégration des acquis en Sciences humaines —, les quatre étudiantes ont effectué un sondage en ligne auprès de 100 étudiants. Elles ont notamment relevé que parmi les répondants, plus de 50 % connaissaient quelqu’un dans leur entourage qui a subi des violences à caractère sexuel. Puis, près de 25 % en avaient eux-mêmes déjà vécues, la majorité étant de sexe féminin.
Une cause insigne
Ce sujet est un débat constant pour Catherine Landry qui a elle-même tenté de dénoncer à trois reprises une situation de harcèlement qu’elle a vécue avec un professeur du Cégep de Drummondville. «Pour lui, tout est acceptable et tout se dit. Mais parfois, il lançait des blagues, devant toute la classe, et je ne me sentais pas à l’aise. J’ai remarqué qu’il ne le faisait pas juste avec moi», a-t-elle raconté.
La première fois, elle s’est rendue à son association étudiante; la deuxième, au bureau du registrariat. En voyant que ses plaintes n’étaient pas entendues, elle a essayé une dernière fois auprès du bureau des affaires étudiantes du Cégep de Drummondville. Toujours aucune nouvelle, selon ce qu’elle raconte.
À savoir de quelle façon était traitée les plaintes en matière de violences sexuelles avant la mise en place de la nouvelle politique, Dominic Villeneuve, directeur des Affaires étudiantes et des communications, a répondu : «Les plaintes étaient traitées selon une politique contre le harcèlement et la violence qui a été adoptée en 2004. Il est vrai que dans le passé, un retour n’était pas nécessairement fait avec la personne plaignante. Ce que la nouvelle politique vient améliorer. Les gens seront moins dans le flou, ils vont savoir ce qui a été fait.»
L’automne dernier, Mme Landry a pris part à un mouvement anti-harcèlement en distribuant des dépliants dans les corridors du cégep. «On s’est fait enlever les papiers de nos mains par les agents de sécurité, puis on a été convoqué au bureau de la direction. On a vécu ce que je considère être de l’intimidation pour que l’on arrête le mouvement», a-t-elle rapporté.
Aujourd’hui, elle trouve «ironique» que le Cégep se dote d’une politique visant à prévenir et à combattre les violences à caractère sexuel. D’ailleurs, c’est le projet de loi 151 adopté par l’Assemblée nationale qui oblige les établissements d’enseignement supérieur à s’outiller d’une telle politique.
Catherine Landry s’est proposée pour siéger, en tant que représentante de la communauté étudiante, sur le comité. Elle a encore et toujours en elle le désir de faire avancer les choses en matière de violence sexuelle.
Déceptions
«Il y a beaucoup de choses qui ne sont pas correctes et que nous — elle et son collègue Anthony Nollet — avions pourtant soulevées avant l’adoption finale de la politique», a-t-elle laissé entendre.
Ils réfèrent entre autres aux relations intimes entre élèves et professeurs qui sont tolérées sous certaines conditions, au délai de traitement des plaintes qu’ils estiment trop long et du fait qu’une seule personne juge s’il faut aller, ou non, de l’avant avec une dénonciation.
Ce dernier point tenait spécialement à Catherine Landry, alors qu’elle avait proposé que ce soit un comité externe, comme les CALACS, qui traite des dénonciations. Elle s’était même renseignée sur les façons de faire de l’Université du Québec à Montréal et l’Université Laval.
Malgré les points qui la tracassent, Catherine Landry «espère que le guichet unique permettra aux étudiants d’être entendus». Lors de leur conférence, son équipe et elle en ont d’ailleurs fait la promotion, dans l’optique de faire connaître les ressources disponibles aux étudiants.
Également, à compter de septembre prochain, le Cégep de Drummondville entend publiciser la politique visant à prévenir et combattre les violences à caractère sexuel. «La loi oblige les établissements à offrir des formations et à faire beaucoup de sensibilisation. Les étudiants seront mis au courant de la politique et ils sauront où se référer s’il arrive une situation», a conclu Dominic Villeneuve.