ENVIRONNEMENT. Il est vrai que la tortue des bois est petite et discrète, ce qui peut expliquer que sa présence sur le territoire de la MRC de Drummond est méconnue du grand public. Pourtant, dans la région, on compte au moins trois populations de cette espèce vulnérable et menacée.
Ce reptile, qui se distingue par son cou et ses pattes orangées, est notamment présent dans le bassin versant de la Yamaska, que l’on retrouve en partie dans la MRC de Drummond. C’est toutefois pour éviter les risques de braconnage que l’on évite de dévoiler sa localisation exacte.
L’inoffensive tortue des bois est la cible de malfaiteurs qui tentent de la capturer à des fins de commerce, notamment pour l’alimentation et les médicaments ou encore comme animal de compagnie. Celle que l’on nomme aussi Glyptemys insculpta s’expose à d’autres dangers, particulièrement d’avril à octobre.
D’abord, il faut savoir qu’elle est la plus terrestre des tortues au Québec. Comme elle est souvent sur la terre ferme et que ses déplacements sont relativement lents, les risques de collision avec des véhicules sont élevés sur les routes situées à proximité de son habitat riverain. Explication; la femelle adulte est attirée par les routes et les accotements en gravier pour y pondre ses œufs.
La tortue des bois préfère également les terres agricoles, souvent situées près des cours d’eau, puisqu’elles sont dégagées et ensoleillées. Il arrive ainsi qu’elle entre en collision avec de la machinerie agricole ou qu’elle soit ensevelie vivante lors des labours.
Plusieurs agriculteurs ont d’ailleurs modifié leur pratique afin que la hauteur de fauche des champs soit rehaussée à 10 centimètres. «C’est une mesure qui est très efficace pour sauver la tortue et les producteurs sont très réceptifs. Par défaut, plusieurs avaient déjà commencé à rehausser leur hauteur de fauche avant d’entendre parler de la tortue. Les producteurs frappaient beaucoup de roches, ce qui endommageait leur machinerie agricole. Nous, on propose 10 centimètres parce que c’est encore plus efficace», explique Michel Landry, chargé de projet pour l’Organisme de bassin versant (OBV) de la Yamaska.
Le développement résidentiel et commercial, les travaux de stabilisation des berges, la gestion de l’eau ainsi que les plantes envahissantes font également partie des menaces qui peuvent nuire à son habitat. C’est pourquoi, si rien n’est fait pour contrer ces facteurs, la tortue des bois est susceptible de disparaître de la planète.
Acteur de changement
Les observations réalisées au cours des dernières années ont permis de recueillir davantage d’informations sur la tortue des bois. La connaissance plus approfondie de cette espèce menacée a notamment permis à des organismes de cibler des actions pour assurer sa protection.
C’est le cas de l’OBV Yamaska qui a élaboré un Plan de protection et de rétablissement de la tortue des bois du bassin versant de la Yamaska. Celui-ci cible l’acquisition des connaissances, la planification du territoire, l’application règlementaire ainsi que la communication.
Ces quatre volets concernent notamment les municipalités et les MRC. «On peut travailler autant qu’on veut en tant qu’organisme de conservation, mais ce sont les acteurs qui travaillent sur l’aménagement du territoire qui ont le plus gros impact. Lorsqu’ils s’engagent, on a toujours des retombées très positives dans ces projets», soutient Michel Landry.
Après avoir pris connaissance du plan d’action de l’OBV Yamaska en janvier, la MRC de Drummond s’est engagée aux actions de protection de la tortue des bois. «On est vraiment au début du projet. La MRC de Drummond est précurseur dans l’acceptation de l’intégration de ces mesures, souligne M. Landry. On est au début d’un mouvement un peu plus grand pour la protection de cette espèce. Je ne serais pas surpris qu’on en entende beaucoup parler dans les prochaines années.»
Chaque geste compte
En étant à l’affût, les citoyens peuvent aussi devenir des acteurs importants dans la survie de cette espèce rare. Même si elle est inoffensive, il ne faut en aucun cas récolter la tortue des bois ni la déranger dans son habitat naturel.
Particulièrement lors de la ponte en juin, les automobilistes doivent être attentifs aux endroits où elle traverse et éviter de se stationner sur l’accotement graveleux des routes où peuvent se trouver leurs nids.
Chaque geste permettra à long terme de changer le triste sort réservé à la tortue des bois.
Si une tortue rare est observée, il est conseillé de rapporter les observations aux organismes concernés. Une photo ainsi que les informations peuvent être envoyées au carapace.ca.
La tortue des bois
- Tortue semi-aquatique de taille moyenne
- Sa carapace mesure 18 à 24 cm
- Elle pèse environ 1 kg à l’âge adulte
- Sa carapace présente des stries de croissance
- Elle peut vivre de 30 à 60 ans
- Elle ne peut se reproduire avant l’âge de 18 ans
- Adulte, elle hiberne au fond des lacs, des étangs et des rivières
(Source: OBV Yamaska)