AGRICULTURE. Même s’il se dit satisfait du montant de 3,9 milliards de dollars accordé par Ottawa pour dédommager les agriculteurs sous gestion de l’offre, après deux accords de libre-échange, le président des Producteurs de lait du Centre-du-Québec, Alain Brassard, a tenu à apporter plusieurs précisions.
«On est favorable au geste que vient de poser le gouvernement fédéral. Ça montre du sérieux, mais il y a un bémol, convient Alain Brassard. Sur le montant, il y a 1,5 milliard de dollars que le gouvernement met en réserve pour compenser une baisse éventuelle des quotas. Si le secteur se comporte bien, c’est ce qu’on espère, on n’aura pas besoin de ce montant. C’est une seulement une garantie; une forme de sécurité pour nous.»
Le producteur laitier, qui réside à Plessisville, souligne que de 250 M$ ont déjà été octroyés aux producteurs laitiers pour combler les pertes liées à la signature de l’Accord économique global (AECG). Cela fait en sorte que les producteurs sous gestion de l’offre seront assurés de 2,15 milliards de dollars, selon son calcul. Alain Brassard ignore toujours de quelle façon ce montant sera accessible aux producteurs. La somme dédommagera aussi les agriculteurs touchés par le Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP), sans toutefois inclure l’Accord États-Unis-Mexique-Canada (AUMC), puisqu’il n’est toujours pas en vigueur.
«Il faut que tous les producteurs touchés puissent être dédommagés, insiste le principal intéressé. Il faut que ça soit juste pour tout le monde. Il ne faut pas que ça soit seulement accessible aux éleveurs qui décident d’investir.»
Rappelons que les producteurs de lait, d’œufs et de volailles sont assujettis à la gestion de l’offre au Canada.
Dans l’obligation d’agir
Selon Alain Brassard, le gouvernement de Justin Trudeau était dans l’obligation d’agir, afin d’être conséquent avec les producteurs qui ont perdu des parts de marché lors de trois récentes ententes de libre-échange.
«Ça fait trois fois qu’on passe à la caisse, déplore-t-il. Il faut que ça cesse. Le but de la gestion de l’offre est justement de vivre sans subvention du gouvernement. Il faut arrêter de donner notre marché aux autres pays. On comprend que le Canada est un pays exportateur, mais on a fait notre part. On n’a pas le choix d’accepter la subvention, après les concessions. On était toujours fier de vivre de notre marché, sans subvention. Sauf que le gouvernement a tellement concédé qu’il n’avait pas le choix d’agir.»
Par ailleurs, à la veille de l’annonce du premier budget de la Coalition avenir Québec (CAQ), Alain Brassard espère que le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’alimentation du Québec (MAPAQ, André Lamontagne, aura tout mis en œuvre pour promouvoir les produits locaux.
«Je veux voir le gouvernement provincial montrer l’exemple. Pour que l’économie fonctionne bien, il faut d’abord consommer les produits qu’on fait, estime-t-il. Je veux que la politique économique de la CAQ aille dans ce sens-là. Il faut aussi que le gouvernement nous donne les outils et les conditions pour réussir.»