JUSTICE. Denis Yergeau a plaidé coupable à un chef d’accusation de contacts sexuels à l’endroit d’une enfant, mardi, au Palais de justice de Drummondville. Le septuagénaire a été condamné à une peine de 12 mois de prison à purger à la maison.
Les faits reprochés se sont déroulés entre mars 2006 et mars 2009 à Drummondville. À deux occasions, alors qu’il était en situation d’autorité, Yergeau, 72 ans, a agressé sexuellement la jeune fille. Il lui a notamment léché la vulve, lorsqu’elle dormait, et lui a tripoté les seins à une autre occasion. L’agresseur a faiblement avoué ses fautes devant la juge Marie-Josée Ménard de la Cour du Québec.
La procureure de la Couronne, Me Magali Bernier, a expliqué qu’au moment des infractions la justice pouvait permettre une peine d’emprisonnement à la maison pour ce genre de crime. En raison de la santé précaire de l’agresseur, les deux partis ont proposé une suggestion commune : 12 mois d’emprisonnement à la maison.
«J’ai rencontré la victime et je lui ai fait part de ce qu’on avait l’intention de vous suggérer, a précisé Me Bernier à la juge Marie-Josée Ménard de la Cour du Québec. Elle était à l’aise avec ça. Pour elle, le fait que l’accusé reconnaisse les faits était suffisant. Heureusement, il n’y a pas eu de conséquence importante dans la vie de la victime.»
«Denis Yergeau a une maladie pulmonaire sévère, a fait valoir l’avocat du fautif, Me Marc-André Beaulieu. Il a plusieurs problématiques de santé. Monsieur a d’ailleurs été hospitalisé pour une pneumonie double en janvier dernier.»
Ses conditions
La magistrate a ensuite entériné la suggestion commune. Denis Yergeau devra rester à son domicile 24 h sur 24, pendant six mois. Par la suite, il sera contraint de rester à la maison entre 22 h et 7 h. Le septuagénaire qui demeure à Magog pourra sortir de sa résidence quatre heures par semaine, à une occasion, pour aller à l’épicerie, après avoir avisé son agent de surveillance. Yergeau devra également l’informer de ses rendez-vous médicaux. À toute heure du jour, il recevra des appels téléphoniques, via la ligne fixe de sa maison, pour s’assurer qu’il se trouve bel et bien à sa résidence.
«C’est de la détention, a insisté la magistrate. Les gens autour de vous doivent comprendre que vous êtes détenu et que vous n’êtes pas libre de vos gestes.»
Denis Yergeau ne pourra contacter sa victime et se trouver en présence de mineurs.
Arrêt Jordan
Denis Yergeau n’avait pas d’antécédents judiciaires pour des crimes sexuels. Celui qui célébrera son 73e anniversaire le 17 mars prochain était cependant devenu le premier accusé au Palais de justice de Drummondville à voir les charges contre lui tomber, en vertu de l’arrêt Jordan, en juillet dernier.
Le magistrat s’était alors appuyé sur la décision de la Cour suprême du Canada qui, depuis juillet 2016, limite la durée raisonnable des procédures judiciaires à un maximum de 18 à 30 mois. Le juge avait noté que la poursuite était responsable des délais de 78 mois dans le dossier de Yergeau qui était accusé d’agression sexuelle. Les infractions reprochées s’étaient déroulées dans la même période que celle pour laquelle il a plaidé coupable le 12 mars.