INSALUBRITÉ. Odeurs nauséabondes, mouches vertes, maux de tête, symptômes de rhume… un couple de Drummondville n’en peut plus. Depuis plusieurs années, il habite à côté d’une maison insalubre à l’extrême et malgré des démarches de sa part, personne ne semble être en mesure d’intervenir.
Le couple de sexagénaires, dont l’anonymat sera conservé, est propriétaire d’une maison en rangée dans un quartier de Drummondville. Il a fait l’achat de sa maison en 1992. Ce n’est qu’en 2013 qu’il a remarqué que sa voisine vit dans un environnement nocif : sa maison est dans un désordre extrême. L’homme qui a décidé de dénoncer la situation et sa conjointe en sont grandement affectés.
«Chaque année, je fais le nettoyage du drain français pour les quatre maisons en rangée. Pour ça, je dois entrer dans la demeure de ma voisine. C’est son fils, qui n’habite pas à cette adresse, qui est venu me débarrer la porte la première fois, en 2013. Quand il a vu l’état de la maison de sa mère, il a pleuré. Il y avait de la vaisselle souillée, de la nourriture, des vêtements, des mouches… C’était vraiment comme dans l’émission Désordre extrême. L’odeur était indescriptible», s’est-il remémoré, lors d’une rencontre avec L’Express. C’est alors qu’il a fait une première plainte au Service de sécurité incendie de Drummondville.
Quant au fils de sa voisine, il a entrepris un grand ménage ainsi que des travaux de rénovation. La maison est restée en ordre moins d’un an. «On s’est rendu compte qu’elle recommençait à accumuler des choses de façon compulsive», a lancé le voisin, désespéré par la situation.
Pour donner une idée des inconvénients qu’il vit, le couple a énuméré quelques exemples. À l’été 2018, les Drummondvillois revenaient d’un weekend de camping lorsqu’ils ont constaté une invasion de mouches vertes et une odeur désagréable dans leur propre demeure.
«Nos maisons sont séparées par un simple mur mitoyen et nous avons réalisé que l’odeur et les mouches passaient par là», a souligné l’homme.
Ce dernier a, avec l’aide de ruban et de pellicules de plastique, tenté de boucher tous les trous d’aération. Si les problèmes ont diminué avec l’arrivée de l’automne, le couple appréhende sérieusement le retour de la saison estivale et de la chaleur.
Étonnamment, les deux n’en veulent pas à leur voisine, qui a besoin d’aide et de soutien psychologique, selon eux. «Je ne veux pas la faire extrader, car elle va recommencer ailleurs. Je sais qu’elle est malade et il y a plusieurs événements dans sa vie personnelle qui l’ont mené à vivre comme cela. Il faut qu’elle reçoive l’aide nécessaire et c’est urgent!», s’est-il exclamé.
Celui-ci a tenté de dénoncer la situation en entrant en contact avec la Ville. Depuis l’automne, il communique régulièrement avec le conseiller municipal John Husk et l’inspecteur en bâtiment du service d’urbanisme de la Ville, Donald Lafrance. Malgré plusieurs échanges de courriels avec les différents intervenants, il en est toujours au point de départ.
«En septembre, le service incendie s’est rendu chez ma voisine et on m’a dit que ce n’était pas assez grave pour intervenir», a-t-il rapporté. Ceux qui se sont rendus sur place ont néanmoins demandé à ce que les plinthes et les portes soient dégagées, pour réduire tout risque d’incendie.
Le laxisme de la Ville
«Ce qui est déplorable, c’est que la Ville n’ait aucune règlementation pour des cas comme celui-ci. Puisque je suis propriétaire de ma maison, la Régie du logement n’est pas une possibilité», a expliqué l’individu.
Après des recherches, il a remarqué qu’en 2017, Victoriaville s’est dotée d’une ligne téléphonique et d’un règlement contre l’insalubrité. «Ça leur permet d’avoir un pouvoir d’action clair. Chaque cas peut être traité rapidement par la ville elle-même», a-t-il fait savoir.
Depuis l’automne, les sexagénaires se sentent congestionnés et ils prennent constamment des médicaments contre des allergies. Le couple continue activement de solliciter son conseiller municipal du district 5, M. Husk.
«On se retrouve dans un type de cas où les responsabilités municipales sont limitées et où la Santé publique, qui relève du gouvernement du Québec, doit aussi faire sa part. La Ville a amorcé une réflexion pour améliorer sa façon d’intervenir dans des cas comme celui de votre voisine. Cette démarche prend un certain temps», a écrit John Husk en réponse aux nombreux courriels envoyés par ce citoyen préoccupé. La pile de courriels a été présentée à L’Express.
En attendant que la situation évolue, le couple s’inquiète. Il avait prévu vendre leur maison pour assurer sa retraite qui approche à grands pas. «Avec un tel problème, on ne peut plus mettre notre résidence sur le marché. Qui va acheter ça ?», a soulevé l’homme en regardant sa conjointe, qui est elle aussi tourmentée par cette situation.