JUSTICE. Donner une chance à un voleur multirécidiviste de reprendre sa vie en main. C’est ce qu’a accepté de faire la justice à l’endroit du Drummondvillois Alexandre Thomassin.
Le 15 février, au Palais de justice de Drummondville, le voleur a reçu une sentence de 90 jours de prison à purger les fins de semaine de façon discontinue dès le 9 mars. Il a admis avoir volé un portefeuille, un sac à main, un cellulaire et un carnet de chèques, entre le 19 juin et le 21 juin 2016. L’avocat d’Alexandre Thomassin, Me Jasmin Laperle, a évoqué la prise de conscience de son client qui a repris sa vie en main, depuis les méfaits de 2016.
«Son employeur m’a dit beaucoup de positif sur lui, a soutenu Me Laperle […]. J’ai vu une belle évolution et j’ai soumis ça à la poursuite. Il y a eu beaucoup de discussions avec le ministère public qui ont fait que sa position a évolué avec le temps. »
L’avocat de la défense a fait savoir que le rapport présententiel d’Alexandre Thomassin était «mitigé», en raison de ses antécédents judiciaires en semblable matière.
«C’est plus que mitigé, j’appelle ça un rapport défavorable (à l’endroit de l’accusé), a rectifié la juge Marie-Josée Ménard de la Cour du Québec. Il faut appeler un chat, un chat.»
Miser sur l’avenir et non sur le passé
Me Laperle a plaidé que les efforts d’Alexandre Thomassin méritaient davantage d’être considérés que son passé, et ce, pour ne pas perdre «sa reprise en main».
«Depuis juin 2016, on n’a rien, rien, rien, de négatif à reprocher à M. Thomassin, a-t-il martelé. Il a changé de milieu, il a changé d’appartement, il a cessé la consommation de drogues dures. Il s’est trouvé un emploi dans la construction et il est devenu le concierge de l’immeuble où il habite. Il a gagné de l’argent, au lieu de voler des choses. Il a un bon revenu. […] On veut proposer une suggestion qui va lui permettre de garder ses acquis.»
En plus de passer 90 jours de prison les fins de semaine, Alexandre Thomassin déboursera 700 $ pour dédommager les victimes et versera 2200 $ sous forme de don au Centre de pédiatrie sociale Les Petits Bonheurs de Drummondville.
«Monsieur Thomassin, comment vous sentez-vous depuis que vous avez repris votre vie en main, en tant qu’individu dans la société ?», a lancé la magistrate à l’endroit du Drummondvillois. Ce dernier a répondu qu’il se sentait beaucoup mieux que par le passé.
«C’est vrai qu’on ne peut pas vous définir seulement par vos erreurs passées, a-t-elle poursuivi. Ce qui m’interpelle aussi est le don que vous faites à l’organisme, un centre qui vient en aide à des familles qui ont des difficultés et votre rapport faisait mention que vous aviez beaucoup de difficultés durant votre jeunesse. Aujourd’hui, cette somme va aider d’autres enfants et on va espérer qu’ils ne passent pas par le même chemin que vous. Vous pouvez être fier de vous de supporter les enfants.»
«Un moment heureux», estime la juge
La juge Marie-Josée Ménard n’a pas caché sa satisfaction de voir Alexandre Thomassin reprendre sa vie en main. Elle connaissait l’homme âgé de 40 ans depuis plusieurs années, en raison de ses passages répétés au palais de justice. Le principal intéressé a convenu que sa réhabilitation a seulement «pris plus de temps que celle des autres».
«C’est toujours un moment heureux comme juge de constater que les gens font les choses différemment. Je crois fermement en la réhabilitation. Aujourd’hui, vous faites la démonstration que c’est possible», a déclaré la magistrate, avant d’entériner la suggestion commune
«Vous pouvez être un exemple à ceux qui ne voient pas la lumière, a-t-elle insisté. Le temps est parfois notre meilleur ami. Je me sens plus confiante de croire que la collectivité peut désormais vous faire confiance. Avec cette peine, on veut que vous puissiez maintenir vos acquis et passer à autre chose. Vous êtes devenu un adulte. En espérant que ce soit votre dernier passage à la cour.»
Alexandre Thomassin sera également sous probation pendant deux ans.