JUSTICE. Le juge Gilles Lafrenière de la Cour du Québec a annoncé un changement important, le 8 février dernier, dans le traitement judiciaire pour les cas d’agressions sexuelles sur le territoire de la MRC de Drummond.
La modification ne touchera pas les cas de leurre informatique, elle se limitera aux cas d’agressions sexuelles avec une «victime physique». Ces dossiers, après leur première apparition au Palais de justice de Drummondville, seront immédiatement reportés à une autre date. Un juge de Drummondville sera ensuite saisi du dossier pour la totalité des procédures judiciaires.
«Il va y avoir un juge qui va se saisir du dossier pour le suivre tout au long du déroulement, explique la procureure de la Couronne, Me Justine Denis Girard. C’est pour s’assurer que le dossier ne passe pas d’un juge à l’autre. Cela va permettre d’accélérer le processus judiciaire. C’est une très bonne nouvelle, ça va aider à ce que les dossiers soient traités rapidement. C’est toujours bon pour les victimes.»
Le juge Lafrenière a également fait savoir que le modus operandi serait similaire pour les causes en Estrie.
Le CAVAC satisfait
La directrice du Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC), Sophie Bergeron, accueille favorablement cette modification. La criminologue rappelle qu’il est parfois difficile pour une victime de répéter son histoire plusieurs fois devant différents juges.
«Lorsqu’on parle de dossiers sensibles, comme celui d’une agression sexuelle, plus on a la chance de le présenter devant les mêmes acteurs du système judiciaire, c’est évident que c’est aidant et rassurant pour une victime», convient Sophie Bergeron.
Elle rappelle que les statistiques prouvent qu’une cause peut s’étirer davantage devant les tribunaux, lorsqu’il y a un changement de juges ou d’avocats impliqués dans le dossier. Cependant, elle insiste sur le fait qu’un délai raisonnable peut être salutaire pour une victime appelée à témoigner, lors du processus judiciaire.
«Ce qu’on fait durant les délais est d’aider les victimes à se rétablir, indique Sophie Bergeron. Souvent, elles disent que “ç’a été correct que ça prenne un peu plus de temps, parce que ça m’a permis de guérir et de me reconstruire”. Quand on explique ça aux victimes, elles comprennent, mais ce n’est pas toujours le cas pour Monsieur, Madame tout le monde.»
Son souhait
Directrice du CAVAC depuis 15 ans, Sophie Bergeron a constaté une évolution judiciaire depuis ses débuts. À titre d’exemple, elle note que les victimes ont plus facilement accès à la possibilité de témoigner par vidéo, pour ne pas faire face aux agresseurs. Elle aimerait qu’un message positif soit véhiculé aux personnes qui dénoncent un acte criminel à leur endroit. Elle juge que la population est dans l’erreur, si elle croit que les victimes sont laissées à elles-mêmes.
«Il y a énormément de choses qui se font pour soutenir les victimes, soutient la Drummondvilloise. Il y a des organismes d’aide, il y a des procureurs et des enquêteurs spécialisés pour les cas d’agression sexuelle. Ce que je souhaite, c’est que les victimes entendent qu’il y a plusieurs choses qui se font pour les aider. Il y a du travail à faire, il y en a des erreurs, mais ce n’est pas ce que je vois dans mon quotidien.»