DEUIL. Catherine Baker, fille unique de Roland Baker, s’est faite bien discrète lors du procès de Félix Pagé, celui qui a tué son père, en refusant de s’adresser aux médias. À la suite du verdict de culpabilité, elle a offert une entrevue à L’Express. Â
Le 7 février dernier, Félix Pagé a été reconnu coupable du meurtre au deuxième degré et d’outrage au cadavre de Roland Baker en marge d’un procès devant jury qui s’est échalonné sur quatre semaines. Le corps de la victime avait été retrouvé, démembré, dans le réfrigérateur de sa demeure, au 57 rue Plamondon à Drummondville.
«Nous sommes soulagés, c’est certain. Nous avions toujours la crainte que le verdict soit «non-coupable», surtout que les délibérations ont duré plusieurs jours. C’était très stressant», a lancé Catherine Baker.
Questionnée à savoir si elle avait trouvé éprouvant que l’accusé se défende sans avocat, Mme Baker a realisé qu’il s’agissait d’un couteau à double tranchant. «C’était très difficile quand il appelait mon père «mon ami». Toutefois, le fait qu’il se représentait seul a aussi fait en sorte qu’il s’est trompé à plusieurs reprises et il a trop parlé. La Couronne le laissait faire, car il se mettait les pieds dans les plats», a expliqué Mme Baker.
«Je n’ai pas été présente tous les jours du procès. Je n’avais pas envie de lui voir la face. Je revenais enragée et je dormais mal après une journée de cour», a-t-elle ajouté.
Lors du procès, une aide psychologique a rapidement été mise en place pour la famille. «Dès que l’événement est arrivé, en 2017, le CAVAC (Centre d’aide aux victimes d’actes criminels) était là pour nous. Une avocate a aussi pris le temps pour m’expliquer le déroulement du processus judiciaire et répondre à mes questionnements», a souligné la fille de Roland Baker.
À la mémoire de Roland Baker
Catherine Baker ne connaissait pas Félix Pagé avant la tragique affaire. Elle n’avait jamais entendu parler de la relation entre les deux hommes. Toutefois, elle se rappelle que son père était un homme d’une grande générosité et qu’il n’hésitait pas à aider son prochain.
«Je me souviens qu’il avait aidé un monsieur qui avait beaucoup de difficultés à se déplacer. Il le connaissait à peine et il est allé faire son épicerie quelques fois», s’est-elle remémorée.
À savoir si le déroulement d’un procès est difficile vis-à -vis l’intimité, puisque la vie privée de la victime est dévoilée au grand public, Catherine Baker a répondu que son père «était une personne très ouverte».
«Il n’était pas un cachotier. Je n’ai rien appris de nouveau sur lui pendant le procès. Par exemple, on le savait tous qu’il allait sur des sites de rencontres et il ne se cachait pas de son attirance pour les hommes. De mon côté, je pouvais lui dire n’importe quoi et il ne me jugeait jamais», a-t-elle fait savoir.
Natif du Nouveau-Brunswick où une partie de sa famille réside toujours, M. Baker a emménagé au Québec vers l’âge de 18 ans. Après sa rencontre avec la mère de Catherine Baker, il aura finalement passé sa vie dans la belle province.
Le 22 mai 2017, Félix Pagé a enlevé la vie de Roland Baker pour seul motif qu’il voulait lui emprunter sa voiture, selon la Couronne. Le mercredi 13 février, le meurtrier connaîtra son sort au Palais de justice de Drummondville. Une décision très attendue pour les proches des victimes.