ENVIRONNEMENT. Puisqu’il n’est pas recouvert à un mètre de la nappe phréatique, comme le stipule la norme du ministère des Transports, l’amiante se retrouve en surface, à Drummondville, près de la bretelle de la sortie 122 de l’autoroute 55, en direction Nord.
Une source préférant garder l’anonymat ayant œuvré à la réalisation des travaux de l’autoroute 55, il y a près de quatre ans, a contacté L’Express, il y a quelques semaines. Dans le cadre de ses fonctions, l’homme a su que des résidus d’asphalte ont été enterrés la nuit.
«Une nuit, les travailleurs boulaient l’asphalte dans la bretelle de l’autoroute. Je me suis dit que ça devait être correct, puisque ça appartenait au ministère des Transports, a-t-il raconté. Quand j’ai vu dans les médias, il y a quelques semaines, que le Ministère des Transports avait enterré illégalement de l’asphalte dans la région de Chaudière-Appalaches, ça m’est revenu à l’esprit. Ils en ont enterré ici en masse et personne ne le sait.»
L’homme a ensuite accompagné le journaliste et le photographe de L’Express à l’endroit en question. La source s’inquiétait pour les citoyens à proximité. Des résidences sont situées à près de 200 mètres du site en question.
«Tout ça, c’est des résidus de planage (asphalte), a-t-il soutenu en donnant des coups de pieds au sol pour récolter quelques morceaux de ces résidus. Il doit y en avoir cinq pieds (de profond) à grandeur qui contiennent plein d’amiante.»
Les résultats de l’analyse
L’Express a récolté quelques résidus d’asphalte en surface, avant de commander une analyse en laboratoire par Multitest, une entreprise située à Longueuil. L’analyse a confirmé que le «matériau goudronné noir et brun» contenait de 1 à 5% de fibres d’amiante chrysotile, une substance cancérigène, selon l’Organisation mondiale de la santé.
Le Code de sécurité pour les travaux de la construction souligne que «tout matériau ayant une concentration en amiante d’au moins 0,1% est considéré comme un matériau contenant de l’amiante».
Le ministère des Transports surpris
Après avoir été informé que de l’amiante avait été retrouvé en surface, le conseiller en communication du ministère des Transports, Jean Lamarche, n’a pas caché sa surprise.
«On se demande comment ça se fait qu’en donnant un coup de pied au sol vous avez pu trouver des morceaux d’amiante. On a demandé aux employés d’aller voir, mais le problème est que le site n’est pas accessible présentement à cause de la neige. Ça été traité et enfouis avec un mètre de matériel au-dessus comme le veut la norme», a commenté Jean Lamarche.
Il a confirmé que l’amiante chrysotile n’est plus utilisé dans les travaux d’asphaltage depuis 2012.
«L’asphalte qui a été utilisé à l’époque contient 1,3% d’amiante, a poursuivi Jean Lamarche. On pense que tout avait été fait selon les règles et la règle n’est pas faite pour que quelque chose sorte comme ça. Ce n’est pas comme ça que ça devrait être fait. On aimerait aller voir nous-même comment tout ça s’est passé, mais c’est enseveli de neige».
Puisque le ministère des Transports n’est pas en mesure de faire la lumière sur la situation, en raison de la période de l’année, L’Express a convenu avec M. Lamarche que les deux partis se recontacteraient après la fonte de la neige, afin d’obtenir la version complète du ministère dans ce dossier.
Rappelons que l’interdiction de commercialiser ou d’utiliser de l’amiante au Canada est en vigueur depuis le 30 décembre 2018. Le gouvernement de Justin Trudeau a appuyé sa décision sur les risques de l’amiante pour la santé des Canadiens.
Les risques de l’amiante
L’amiante comporte un risque pour la santé humaine lorsque la fibre se détache des matériaux en se propageant dans l’air, signale Santé Canada sur internet. La substance peut causer le cancer des poumons, l’amiantose et le mésothéliome, une «forme rare de cancer de la paroi thoracique», précise l’agence publique. Cependant, l’organisation gouvernementale révèle aussi que les études «n’ont donné aucun résultat cohérent montrant un lien entre la mortalité par le cancer ou l’incidence des cas de cancer et l’ingestion d’amiante avec l’eau potable».