VOYAGE. Quelques mois à peine après avoir perdu sa compagne des 30 dernières années, Bertrand Hould s’apprête à lui rendre hommage en faisant le tour du monde en voilier lors de la course Cliper around the world. Le Drummondvillois compte aussi profiter de son périple pour amasser des fonds pour la recherche sur le cancer du cerveau.
C’est un homme émotif, mais serein qui s’est entretenu avec le L’Express un peu plus tôt cette semaine.
Au printemps 2017, la vie de Bertrand Hould a complètement basculé, sa conjointe Denise ayant reçu un diagnostic de cancer au cerveau. Pendant les mois qui ont suivi, M. Hould reste au chevet de sa conjointe et devient son aidant naturel à temps plein.
Après plus d’un an à livrer une bataille de tous les instants contre la maladie, Mme Héroux s’éteint le 24 juin 2018.
Endeuillé et déstabilisé, Bertrand Hould décide, à la suite de la suggestion de sa fille Geneviève, de se lancer dans un nouveau défi pour se dépasser et honorer la mémoire de sa compagne. «Quand tu passes autant de temps avec quelqu’un en fin de vie, ça t’amène à te poser des questions sur le sens des choses. Je me demandais ce que j’allais faire de mon temps et de ma vie. C’est là que ma fille m’est arrivée avec cette idée. Un jour, le train passe et on a le choix de le prendre ou non. Si tu ne le prends pas, tu ne sais jamais où ça aurait pu te mener. Pour moi, c’est une occasion phénoménale d’apprendre et de me développer en tant qu’être humain», a révélé l’homme de 68 ans.
Une course unique
Aventureux et audacieux de nature, Bertrand Hould a déjà participé à des événements sportifs d’envergure tels qu’un ironman en 2012, une trentaine de triathlons dont deux en championnat de monde en 2016, et plus encore.
Toutefois, c’est en août prochain que le sexagénaire entreprendra le défi le plus ardu de sa vie en participant à la course Cliper around the world. Pendant près d’un an, il vivra, en compagnie de 23 inconnus, sur un des douze voiliers de 70 pieds qui feront le tour du globe dans le but de remporter cette course suivie mondialement par plus de 500 millions de personnes. «L’aventure fait partie de mes gênes! J’ai toujours fait plein de défis, mais celui-là, il est spécial. J’ai déjà fait des sports marins, mais rien de tel. C’est le défi d’une vie», admet-il.
Ainsi, il tentera de parcourir 75 000 km sur ce bateau de 70 pieds pesant plus de 35 tonnes et pouvant atteindre une vitesse de 50 nœuds (92,6 km/h), le tout, dans des conditions météorologiques des plus capricieuses.
Pour l’honneur de Denise
Cette course sera dédiée à sa défunte conjointe, Denise, sans qui il n’aurait jamais pu faire le tour du monde. D’ailleurs M. Hould compte l’avoir avec lui tout au long du voyage. «Des fois, un événement malheureux conduit à la réalisation d’un rêve. C’est grâce à elle que je vivrai cette expérience. Je vais apporter une partie de ses cendres et elle pourra vivre cette expérience avec moi», a-t-il émotivement soutenu.
Pour participer à cette course, M. Hould contractera une hypothèque de plus de 100 000 $, somme qui servira à défrayer le coût de l’équipement, des vivres et de la course.
Malgré l’ampleur du montant, le Drummondvillois tient à payer sa course, mais invite les gens à se mobiliser pour venir en aide à une fondation qu’il lui tient à cœur. «Ma course m’appartient et je vais la payer, a-t-il exprimé. Si des entreprises veulent me commanditer, ça me fera plaisir, mais ce n’est pas aux citoyens de payer pour moi. Quand Denise a été malade, nous avons été suivis par l’équipe du Dr David Fortin, à Sherbrooke. Ils ont été présents tout au long du combat et ils ont été fantastiques avec nous. J’aimerais maintenant récolter des dons pour Cœur en tête et faire connaître cette fondation qui aide à financer les recherches sur le cancer du cerveau de M. Fortin.»
Ainsi, il sera possible d’envoyer des dons tout au long du périple de M. Hould via un compte Paypal publié sur sa page Facebook. Les gens auront aussi la chance de suivre les aventures du Drummondvillois via le réseau social qui sera régulièrement mis à jour par son fils, Marc-Olivier.
Pour l’instant, Bertrand Hould ne s’est pas fixé d’objectif monétaire, mais demande aux gens de simplement lui «payer un café» pour venir en aide à la fondation sherbrookoise. «Ce que je demande aux gens, c’est de m’offrir un café. Si les gens se mettent ensemble et sont prêts à donner l’équivalent du prix d’un café par semaine, je pense qu’on peut aller loin», a fait valoir M. Hould.
D’ailleurs, le voyageur aimerait, à son retour, trouver une façon de redonner aux gens ayant contribué à la collecte de dons. «Je vais essayer de trouver une manière de les remercier. Je ne sais pas encore de quoi il s’agira, mais je veux que les gens qui embarquent aient quelque chose en retour», assure celui qui a étudié les sciences de l’activité physique jusqu’à la maîtrise.
Un défi physique et psychologique
Reconnue comme étant un des défis les plus exigeants au monde, la course Cliper around the world attire annuellement, comme le mentionne Bertrand Hould, son lot d’événements malheureux. «Je sais pertinemment qu’il a une possibilité que je ne revienne pas, mais c’est le choix que j’ai fait. Il y a des blessés et des morts chaque année, mais je serai formé et entraîné pour réussir. Je fais beaucoup de visualisation et je suis confiant.»
Ainsi, M. Hould ne laisse rien au hasard et se prépare depuis plusieurs mois tant au niveau physique que psychologique. Celui-ci s’entraîne donc une dizaine d’heures par semaine pour arriver dans la meilleure condition physique possible en août prochain. «Je fais du cross-fit, de la natation, du spinning et de la musculation. Je n’ai pas le choix, parce que ma survie dépendra de ma condition», témoigne-t-il.
De plus, Bertrand Hould doit suivre plusieurs formations primordiales au bon fonctionnement des activités sur le bateau. «Nous avons tous reçu des manuels de préparation et nous devons suivre quatre formations en haute mer avant de prendre le départ. Il y a une multitude de choses à apprendre qui nous préparent à faire face à toute éventualité», poursuit l’homme qui sera un des seuls passagers âgés de 60 ans ou plus.
Malgré les risques que comporte cette aventure, Bertrand Hould y voit une occasion hors pair de développer des qualités humaines et d’en apprendre davantage sur lui-même. «Pendant mon voyage, je vais vivre avec 23 personnes que je vais apprendre à connaître et avec lesquelles je devrai apprendre à m’adapter. Nous serons tous de cultures différentes et nous devrons nous entendre parce que nous serons dépendants les uns des autres pour assurer notre sécurité. C’est le seul endroit au monde où je peux vivre ça», soutient-il avec passion.
Pour lui, la clé du succès de son équipe résidera dans l’humilité des troupes qui seront constamment confrontées à des situations exceptionnelles. «Quand tu pars dans un voyage comme ça, tu n’as pas le choix d’être humble et de laisser ton égo de côté. Tu ne peux pas te sauver quand tu es sur la mer. Il faudra s’adapter à chaque situation», explique-t-il.
À moins de sept mois de son départ, Bertrand Hould déborde de confiance et se fait rassurant quant à son périple. «Je n’ai pas peur, a-t-il assuré. Je sais que je vais le faire et j’ai la conviction que je vais revenir à Drummondville pour partager mon histoire.»
Présent lors de l’entrevue, son fils Marc-Olivier avoue que cette aventure est stressante, mais il demeure enthousiaste pour son père. «C’est impressionnant! C’est sûr que ça fait peur, mais c’est beau de voir la passion qui l’habite. C’est la course de sa vie et il va la réussir», a-t-il exprimé.
Pour terminer, l’homme qui fêtera son 69e anniversaire sur la mer en octobre prochain avait un message d’espoir à transmettre. «Il faut faire attention à ce qu’on met dans nos rêves, parce qu’un jour, ça se réalise! Pour moi, ce rêve est venu d’une conversation que j’ai eue avec ma conjointe il y a plusieurs années et aujourd’hui, je vais le vivre pour vrai. Mon chemin n’a pas été facile, mais j’ai toujours cru en mes moyens», a-t-il conclu.