COMMUNAUTÉ. De toxicomane à directeur général du Pavillon de l’Assuétude; Alexandre Ratté peut maintenant redonner à la communauté, après avoir été l’un des premiers clients de l’organisation, en 1997, à Shawinigan.
«J’ai commencé comme client. J’étais jeune et fringant. Par la suite, je me suis occupé comme bénévole dans l’organisation avant d’aller à l’école pour développer une expertise. J’ai monté les échelons un à un après avoir arrêté de consommer à l’âge de 22 ans», explique Alexandre Ratté qui œuvre à titre de directeur général du Pavillon de l’Assuétude de Shawinigan et de Saint-Guillaume depuis 2009.
Son passage au Pavillon de l’Assuétude a été déterminant pour la suite de sa vie. L’organisation a marqué le début d’un changement de cap important pour Alexandre Ratté.
«J’étais désorienté et je ne savais pas ce que je voulais faire de ma vie. C’est ce qui m’a mené à consommer. La journée que j’ai réalisé que la consommation m’empêchait de m’épanouir, j’ai essayé de m’en sortir par moi-même en fréquentant les alcooliques anonymes, mais j’ai eu un succès mitigé qui m’a tout de même permis de progresser. Mon traitement en 1997 a tout changé.»
Conseils
Pour vaincre une dépendance, Alexandre Ratté conseille à un toxicomane de persévérer, malgré les obstacles. Le directeur insiste sur le fait qu’il est impossible de «guérir du jour au lendemain comme dans les films». Dans son cas, la consommation a cessé, dès qu’il a changé son mode de vie.
«Il ne faut jamais abandonner, s’exclame Alexandre Ratté. Il y a toujours de l’espoir, la situation n’est jamais inespérée. En 20 ans, j’ai vu des histoires dramatiques et pathétiques, mais j’ai aussi vu des gens partir des bas-fonds qui ont fini par atteindre leur plein potentiel.»
Le principal intéressé estime que son cheminement ne lui donne pas un avantage pour intervenir auprès de toxicomanes, puisque chaque histoire est unique.
Une clientèle «plus jeune et plus maganée»
Depuis 1997, Alexandre Ratté déplore une réalité : la clientèle des deux Pavillons de l’Assuétude a rajeuni significativement depuis quelques années.
«Ce qui est le plus significatif est l’évolution de la clientèle, constate-t-il. Quand j’ai commencé, le groupe d’âge le plus représenté tournait autour de 40 à 45 ans. Aujourd’hui, on est plus autour de 25 à 30 ans. Les gens arrivent ici plus jeunes et plus maganés qu’il y a 20 ans. La venue des drogues de synthèses comme les amphétamines a changé la donne dans les années 2000. Les pilules en général ont pris beaucoup de place dans le marché. Ç’a atteint les gens beaucoup plus que le cannabis, par exemple.»
Puisque la clientèle est plus jeune, les intervenants doivent adapter les méthodes pour épauler les clients de l’établissement.
La drogue qui cause le plus de dommages auprès de sa clientèle «est de loin l’alcool», précise celui qui demeure à Trois-Rivières. Le problème de polytoxicomanie est présent chez la majorité d’entre eux.
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