Selon le botaniste drummondvillois Jasmin Roy, si la Ville de Drummondville veut faire preuve de cohérence en matière environnementale, elle doit acquérir une forêt ancienne située à proximité des bureaux d’Hydro-Québec que cette société d’État a récemment mis en vente.
Le botaniste consultant de l’entreprise drummondvilloise Americanum s’est rendu à L’Express pour sonner l’alarme, après avoir remarqué qu’une pancarte à vendre a été installée à l’angle du chemin du Golf et du boulevard Patrick, à Drummondville. Jasmin Roy craint de voir un investisseur en quête de profits raser la végétation pour son bénéfice personnel.
«C’est vraiment une forêt exceptionnelle, insiste Jasmin Roy. Il y a des peuplements centenaires de chênes et de pins. Un œil qui n’est pas averti ne peut pas déceler tout le potentiel écologique, mais quelqu’un dans mon domaine est capable de voir qu’il s’agit d’une forêt d’exception. Dans la région de Drummondville, c’est très rare. Il n’y en a pratiquement plus des forêts anciennes comme ça qui n’ont jamais été exploitées.»
Le Drummondvillois estime que l’occasion d’agir concrètement pour l’environnement doit être saisie. Il croit pertinemment que Drummondville ne doit pas se limiter à des changements en matière «d’apparences», mais qu’elle doit agir «concrètement» en protégeant cette forêt située au coin du chemin du Golf et du boulevard Patrick.
«Il faut que la Ville soit conséquente, poursuit-il. Protéger un paysage comme elle fait présentement avec la politique de l’arbre en milieu urbain, c’est beau, mais ce n’est pas ça protéger l’environnement. L’important est de protéger l’habitat des espèces. La Ville a la chance de protéger un site de 67 acres qui est unique. Une politique environnementale ne se limite pas seulement à planter des arbres dans un espace urbain, ç’a n’a aucune valeur pour la biodiversité.»
Celui qui est âgé de 36 ans voit le site évoluer depuis son jeune âge. Il souligne que la forêt a été négligée au fil des années. La valeur écologique du site est inestimable, selon lui.
«Il y a des espèces rares à croissance lente qui ont un cycle de reproduction de huit à 16 ans qui vont pousser uniquement dans ce genre de forêt ancienne, avise-t-il. Il y a des amphibiens et des mammifères qui ont besoin d’un habitat comme ça. Une jeune forêt ne permet pas tout ça.»
«Autant de potentiel que le boisé de la Marconi»
Jasmin Roy souhaite voir la Ville de Drummondville prendre les choses en main. À ses yeux, Drummondville pourrait utiliser le site pour réaliser des visites éducatives, si elle décidait de l’acquérir.
«La Ville fait de la promotion en utilisant l’environnement, mais ce boisé a autant de potentiel que le boisé de la Marconi, soutient-il. Ça m’inquiète de voir la forêt mise en vente par Hydro-Québec et que ça passe sous le radar. La Ville pourrait l’utiliser pour être un leader environnemental. L’idée serait de faire un parc protégé qui servirait aussi de parc d’interprétation. Ça serait aussi un boisé parfait pour faire de la sensibilisation.»
La Ville a été avisée des inquiétudes du botaniste par écrit. Par ailleurs, L’Express attend un retour d’appel d’Hydro-Québec dans ce dossier.