Floué par Éric Dupuis, un Guatémaltèque amer du Canada

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Par Frederic Marcoux
Floué par Éric Dupuis, un Guatémaltèque amer du Canada
Jorge Leonel Ajquejay Colaj . (Photo : Photo gracieuseté)

MAIN-D’OEUVRE. Un travailleur guatémaltèque garde un goût amer de son passage dans la région, après s’être fait flouer par Éric Dupuis, un agriculteur de Wickham accusé de production de drogue. Les policiers avaient saisi 16 kilogrammes de champignons magiques, en décembre 2015, aux Fraisières Dupuis.

Joint via l’option audio de l’application Messenger en compagnie d’un interprète, Jorge Leonel Ajquejay Colaj, un homme originaire du Guatemala qui a œuvré pour les Fraisières Dupuis pendant près de deux ans, s’est confié à L’Express.

À son arrivée, en août 2013, ayant en poche un contrat de travail de dix mois, Jorge Leonel Ajquejay Colaj questionne Éric Dupuis sur la légalité de la production de champignons à la ferme. En guise de réponse au travailleur, Éric Dupuis lui aurait dit qu’il fournissait la société pharmaceutique Bayer. Au fil des mois, le Guatémaltèque n’est pas à l’aise avec les activités de la Fraisière Dupuis. De plus, son employeur ne le paie pas toujours pour son travail.

«En  octobre 2014, j’ai dit à Éric que je ne voulais pas travailler dans les champignons, raconte le père de quatre enfants qui souhaitait améliorer son sort au Canada. Il a ri de moi et m’a demandé ce que j’allais faire parce que le contrat de travail m’obligeait de travailler uniquement pour lui.»

Éric Dupuis, au palais de justice de Drummondville. (Photo d’archives, L’Express)

Le principal intéressé prétend ne pas avoir été payé pour plusieurs heures de travail, et affirme avoir reçu un chèque sans fonds à une occasion. Pour joindre les deux bouts, Jorge Leonel Ajquejay Colaj admet avoir travaillé illégalement pour un autre agriculteur. Ne voulant pas demeurer au Canada comme travailleur illégal, il prend la décision de retourner au Guatemala, en décembre 2014, un an avant la perquisition des Fraisières Dupuis par la Sureté du Québec (SQ).

Vulnérabilité

Jorge Leonel Ajquejay Colaj déplore la vulnérabilité des travailleurs étrangers qui, comme lui, sont à la merci d’agriculteurs malicieux. Son ambition était d’aider sa famille financièrement, en faisant le sacrifice de s’éloigner de celle-ci pendant plusieurs mois.

En plus d’avoir potentiellement été impliqué à son insu (au moment de son arrivée) dans des activités criminelles, l’homme âgé de 33 ans a perdu 10 000 $, lors de son passage de 20 mois au Canada. Il garde encore espoir d’être payé entièrement pour le travail accompli.  Le Guatémaltèque a d’ailleurs en sa possession un document étalant ses heures impayées.

Jorge Leonel Ajquejay Colaj. (Photo gracieuseté)

«On ne sait rien du Canada quand on arrive, on sait seulement qu’il y a du travail, indique-t-il. On ne sait pas qui sont les mauvais employeurs qui finissent par être pires que certains au Guatemala. (…) J’étais très vulnérable en arrivant au Canada. Une chose que je trouve importante serait de voir Éric nous rembourser le montant qu’il nous doit.»

Celui qui œuvre désormais dans le secteur de la construction au Guatemala est parvenu à emprunter une somme d’argent pour acquérir une terre. Il ne ferme pas la porte à un retour éventuel au Canada, «si l’employeur est humain et respectueux» et que le «contrat est propre».

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