TENNIS EN FAUTEUIL ROULANT. Le tennis en fauteuil roulant est un sport paralympique, mais il demeure encore méconnu au Québec. Le Drummondvillois Stéphane Daigneault s’est donné comme mission de faire découvrir cette discipline aux gens de la région.
Vivant avec le spina-bifida depuis sa naissance, Stéphane Daigneault demeure actif même s’il ne peut pas marcher. Ayant découvert le tennis en fauteuil roulant il y a deux ans et demi à peine, l’homme de 49 ans n’a pas tardé à connaître du succès, puis à s’impliquer dans l’organisation de cette discipline.
«Malgré ma condition, j’ai toujours voulu faire comme les autres. Je voulais pratiquer un sport. Ça me manquait. J’ai commencé à jouer au tennis en fauteuil roulant sur le tard. J’ai vu une démonstration à la coupe Rogers de Montréal, il y a trois ans. J’ai attrapé la piqûre rapidement», confie-t-il.
Lors du récent championnat québécois disputé dans le cadre des Internationaux de Repentigny, Stéphane Daigneault a atteint l’étape des quarts de finale en simple, puis celle des demi-finales en double. Invité à participer à un tournoi international de catégorie 2 à Montréal, il a ensuite affronté certains des meilleurs joueurs au monde.
Dans l’optique de faire connaître ce sport, Stéphane Daigneault a mis sur pied la ligue de tennis en fauteuil roulant du Centre-du-Québec il y a près d’un an.
«La ligue regroupe déjà près d’une vingtaine d’athlètes qui viennent d’un peu partout au Québec. En fait, je suis le seul joueur de Drummondville! On joue nos matchs à l’extérieur pendant l’été. En hiver, on se déplace au centre intérieur René-Verrier», explique celui qui s’entraîne régulièrement en compagnie du paralympien Yann Mathieu, de Trois-Rivières.
«J’ai parti cette ligue pour promouvoir le sport, qui n’est pas encore très connu ici. Ailleurs au Canada, c’est assez populaire. Je veux démontrer aux gens que c’est faisable. J’essaie d’accrocher certaines personnes en les amenant pratiquer avec moi. On veut notamment attirer des jeunes. Le but, c’est de monter une organisation qui va permettre au Québec de compétitionner contre les autres provinces. C’est un sport qui mérite d’évoluer», poursuit-il.
Pour pratiquer cette discipline de façon compétitive, les joueurs doivent avoir reçu un diagnostic de mobilité réduite au niveau des membres inférieurs.
«Par exemple, quelqu’un qui doit marcher avec une canne peut jouer au tennis en fauteuil roulant sans problème. Il y a aussi beaucoup d’amputés qui restent actifs en pratiquant ce sport, précise Stéphane Daigneault. Je veux lancer le message aux jeunes : c’est facilement réalisable de venir essayer le tennis en fauteuil roulant. Parasports Québec peut nous prêter des fauteuils rapidement.»
Une question de coordination
En mars dernier, Stéphane Daigneault a réalisé un véritable coup de marketing en organisant une démonstration de tennis en fauteuil roulant dans le cadre du prestigieux Challenger Banque Nationale de Drummondville. Les gens ont été étonnés par le savoir-faire d’athlètes exceptionnels tels que Yann Mathieu, multiple champion canadien ayant participé aux Jeux paralympiques de Pékin en 2008, Jean-Paul Mélo, multiple champion québécois en simple, et Jonathan Tremblay, qui connaît également du succès sur la scène provinciale.
«La vidéo de cette démonstration a ensuite été partagée plusieurs fois sur les médias sociaux. Des internautes de partout dans le monde ont pu découvrir notre sport. Les gens du milieu étaient étonnés qu’autant de spectateurs soient réunis pour voir du tennis en fauteuil roulant, mais la vérité, c’est que la démonstration avait lieu juste avant la demi-finale impliquant Vasek Pospisil. Les gradins étaient remplis», raconte fièrement Stéphane Daigneault.
Mieux encore, les spectateurs du Challenger ont également pu essayer le tennis en fauteuil roulant durant la première fin de semaine du tournoi. Des spécialistes étaient sur place afin de leur prodiguer les conseils nécessaires.
«Certains trouvaient que ça avait l’air facile, alors on les invitait à s’asseoir dans un fauteuil et à frapper des balles. Une fois assis, les gens trouvaient ça relativement complexe. Quand tu es immobile, il n’y a pas de problème, mais dès qu’il faut que tu bouges, ça devient une question de coordination entre les déplacements et les coups. C’est un vrai challenge!», explique Stéphane Daigneault.
«Après une heure en fauteuil roulant, quelqu’un qui retourne jouer debout aura l’impression d’être dans le film La Matrice. Il va avoir l’impression que les balles arrivent très lentement, car il aura moins de choses à faire avant de frapper.»