Agriculture : le coroner Garneau appelle à la vigilance

Agriculture : le coroner Garneau appelle à la vigilance
Yvon Garneau, coroner, est chargé le l'enquête. (Photo d'archives, Ghyslain Bergeron) (Photo : Archives Ghyslain Bergeron)

DÉCÈS. Le coroner Yvon Garneau a déposé tout récemment son rapport d’investigation faisant suite au décès de Christian Labonté, survenu le 26 septembre 2017. L’homme de 52 ans a succombé à une intoxication au dioxyde d’azote après être entré dans un silo à Saint-Bonaventure.

Ce jour-là, Christian Labonté décide d’entrer dans le silo de la ferme familiale parce que de l’ensilage s’était affaissé durant la nuit et que l’extracteur ne pouvait pas faire le travail.

Rapidement, M. Labonté s’est senti mal. Son frère, qui était placé au bas du silo, tente d’entrer en communication avec lui, mais il n’obtient aucune réponse. Après avoir monté à son tour, il voit la victime couchée sur le dos, constate qu’il y a des gaz, et compose rapidement le 9-1-1.

Malgré le travail des équipes d’urgence qui sont rapidement arrivées sur les lieux, la victime demeure insconsciente, en asystolie.

Une autopsie révélera un peu plus tard la présence d’un œdème cérébral sévère de même qu’un œdème pulmonaire sévère.

La CNESST a été appelé à produire un rapport d’intervention. À ce sujet, le coroner Garneau écrit :

«L’enquêteur de la CNESST a observé qu’au moment de l’accès à l’intérieur du silo par M. Labonté, l’ensemble des portes ou trappes sont fermées. Le souffleur d’ensilage qui sert à ventiler le silo normalement n’est pas disponible sur le site (cet équipement se trouve alors chez un voisin). Après avoir recueilli les informations utiles sur place, il note que la fermentation avait débuté depuis plusieurs jours. Il y a donc présence de gaz toxiques. Ainsi, pour cet enquêteur, il y a eu absence de mesure de prévention lors de l’entrée dans le silo soit un espace clos qui comporte des dangers bien connus».

Selon la littérature, il semblerait que les intoxications au dioxyde d’azote sont fréquentes dans le milieu agricole. On l’appellerait même la maladie du silo.

Selon un sondage, 89 % des répondants d’une étude entrent dans des silos alors que le taux d’oxydes d’azote est élevé. Plusieurs ont d’ailleurs ressenti des symptômes. Si les mesures de prévention sont en général perçues utiles par les participants, il ne sont pas fréquemment appliquées. Par exemple, tous les répondants jugent utile de ventiler le silo 30 à 40 minutes avant d’y entrer, mais 89 % le font en réalité.

«Dans le cas de Christian Labonté, écrit le coroner Garneau, l’absence de protection individuelle (masque à gaz), l’absence de ventilation et d’évaluation de la qualité de l’air, pour ne nommer que ceux-là, sont les risques asociées à l’accident.»

Yvon Garneau encourage aussi l’UPA à poursuivre ses efforts de sensibilisation après des agriculteurs.

 

 

 

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