HOCKEY. Le projet de construction d’un nouvel amphithéâtre à Drummondville semblait mort et enterré depuis déjà quelques années. Le commissaire de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), Gilles Courteau, s’est chargé de le ramener à l’avant-plan au cours des derniers jours.
Sur les ondes de TVA sports, Courteau a surpris un peu tout le monde en émettant le souhait de voir les Voltigeurs évoluer dans un nouvel aréna d’ici quelques années. Un discours qu’il a davantage précisé dans une entrevue accordée à L’Express.
«Quand on regarde le Centre Marcel-Dionne, on constate rapidement que ce ne serait pas un luxe de construire un nouvel amphithéâtre. Cet aréna n’a pas subi de modifications depuis longtemps. Il ne répond plus aux standards d’aujourd’hui. Un nouvel aréna serait nécessaire, tant pour la Ville que pour les Voltigeurs, leurs partisans et leurs commanditaires», a lancé le commissaire au sujet de cet édifice de propriété municipale datant de 1963.
Soulignant les succès des Voltigeurs depuis une quinzaine d’années, Gilles Courteau s’est dit d’avis que le moment était venu pour Drummondville de se doter d’un amphithéâtre moderne.
«Les administrateurs du club font du très bon travail. C’est une franchise qui a un réel impact dans sa ville et à travers notre ligue. Drummondville est une ville en pleine expansion. Bref, le timing est parfait pour construire un nouvel aréna. Avec un maire aussi dynamique et visionnaire qu’Alexandre Cusson, tous les éléments sont en place pour que ce projet se concrétise. En tant que président de l’Union des municipalités du Québec, M. Cusson a d’ailleurs tous les contacts nécessaires pour se faire entendre auprès des instances gouvernementales», a-t-il insisté.
Assurant ne pas avoir eu vent du projet de réaménagement et d’agrandissement du Centre Marcel-Dionne, le commissaire n’a pas manqué de citer en exemple les villes de Chicoutimi, Gatineau, Trois-Rivières, Shawinigan, Boisbriand et Moncton, qui ont mis de l’avant un projet de construction d’un aréna ces dernières années.
«À Gatineau et à Chicoutimi, ils ont d’abord fait des rénovations, mais ça a vite fait son temps. Ils en sont rapidement venus à l’évidence qu’ils devaient construire un nouvel aréna. Ça démontre qu’il y a des limites à faire du neuf avec du vieux», a-t-il fait valoir, en précisant que la LHJMQ exige désormais que toute nouvelle concession possède un aréna d’au moins 5000 sièges afin de joindre les rangs du circuit.
Cusson : «On ne change pas notre plan»
Mis au parfum des déclarations de Gilles Courteau, Alexandre Cusson a rejeté du revers de la main la possibilité de construire un nouvel aréna.
«Que Gilles Courteau ait envie d’avoir un bel amphithéâtre neuf, je le comprends très bien. Lui, il veut le meilleur pour la LHJMQ, tandis que moi, je veux le meilleur pour Drummondville. En tant que maire, je dois respecter la capacité de payer de nos citoyens. Je dois faire preuve de prudence afin de garder un contrôle sur la dette et sur les taxes. Moi aussi je rêverais d’avoir un amphithéâtre neuf, mais je ne vois pas comment on pourrait en construire un sans augmenter les taxes», a-t-il lancé, en rappelant que Gatineau et Chicoutimi sont des villes plus populeuses que Drummondville.
«Est-ce qu’un jour notre ville sera mûre pour un nouvel amphithéâtre de plusieurs dizaines de millions de dollars? Peut-être, mais pas pour l’instant. Notre ville a d’autres besoins, par exemple celui de construire une usine de traitement d’eau potable, ce qui nécessitera un investissement de plus de 60 M$.»
Du même souffle, le maire de Drummondville a assuré que le projet de cure de rajeunissement du Centre Marcel-Dionne était toujours bien vivant. Mis de l’avant en 2014, ce projet estimé à 26 M$ et qui ferait passer le nombre de sièges à près de 4000 a fait du surplace au cours des dernières années.
«On ne change pas notre plan de match. Il faut toujours agir pour le plus grand nombre de citoyens. En ordre de priorités, notre ville devait d’abord se doter d’une nouvelle glace et d’un soccerplexe. Maintenant que ce dossier est terminé, je me tourne déjà vers le prochain projet, celui de rénover et agrandir le Centre Marcel-Dionne. La première étape, ce sera de mettre ce dossier à jour en 2019, puisque les coûts ont été calculés en argent de 2014», a-t-il affirmé, en rappelant qu’un investissement de 10 à 13 M$ sera de toute façon nécessaire simplement pour maintenir l’aréna en bon état.
Selon le maire Cusson, le projet serait financé à parts égales entre le gouvernement fédéral, le gouvernement provincial ainsi que les instances locales.
«Chose certaine, c’est le prochain projet majeur qui va se réaliser à Drummondville. On veut faire ça le plus rapidement possible, avant la fin du mandat actuel si possible. Mon rôle, ce sera de rester à l’affût des programmes de subventions. Mais d’abord, il faudra définir la part du local, qui sera divisée entre la Ville et le privé. Par exemple, on peut penser à vendre le nom de l’aréna, sans tasser la mémoire de Marcel-Dionne.»
Un dossier fertile en rebondissements…
- 2007 : les Voltigeurs envisagent l’agrandissement du Centre Marcel-Dionne.
- 2007 : Gilles Courteau appuie le projet d’agrandissement.
- 2010 : les Voltigeurs proposent désormais la construction d’un nouvel aréna de 5000 sièges.
- 2011 : les Voltigeurs s’impatientent. Le président Éric Verrier et le dg Dominic Ricard pressent la Ville d’agir.
- 2012 : Gilles Courteau insiste sur la nécessité de construire un nouvel aréna.
- 2014 : se basant sur des études de pertinence et de faisabilité, la Ville de Drummondville tranche enfin : elle écarte la construction d’un aréna et opte plutôt pour le réaménagement et l’agrandissement du Centre Marcel-Dionne. Les Voltigeurs se rangent derrière ce projet.
- 2016 : la Ville identifie le projet de rénovation et d’agrandissement du Centre Marcel-Dionne parmi ses quatre priorités.
- 2017 : les Voltigeurs appuient toujours ce projet de la Ville.
- 2018 : Gilles Courteau ravive le débat sur la nécessité d’un nouvel aréna.