COMMENTAIRE. Partager une fausse nouvelle : l’occasion d’attaquer son adversaire politique de façon humoristique ou de prouver son incompétence à l’ère des médias sociaux ? La question se pose!
À quelques occasions, lors de la dernière campagne électorale, quelques candidats ont partagé, consciemment ou inconsciemment, de fausses nouvelles pour se moquer de leur adversaire. Lorsque l’auteur de ces lignes a questionné l’un des candidats de la région pour connaître ses intentions derrière le partage d’une fausse nouvelle tirée d’un site satyrique, sur sa page officielle, ce dernier a prétendu ne pas être au courant de ce qui était véhiculé en son nom sur les médias sociaux. Le principal intéressé confiait cette tâche à une équipe de communication. Cette dernière a insisté sur le fait qu’il s’agissait d’une vulgaire blague.
Alexis Hudelot, chargé de cours en communication politique à l’Université Saint-Paul à Ottawa et à l’Université du Québec à Montréal (UQAM),n’entendait pas à rire. Il fulminait après avoir constaté que plusieurs personnes âgées croyaient en la véracité de la fausse nouvelle publiée sur Facebook. Ces individus, en plus de gober l’information transmise au nom de celui qui aspirait à devenir député, partageaient à leur tour ce cancer de l’information.
«C’est de l’incompétence et de la paresse de la part de l’équipe de campagne et de la part d’un candidat, a-t-il tranché. Il est capable de laisser circuler toutes ces nouvelles en son nom sans avoir la moindre curiosité et la moindre conscience professionnelle de s’assurer que ce qui est colporté sur sa page est vrai».
«C’est cheap, c’est faible et ça ne vole pas haut»
Certes vous direz que ce n’est pas la première fois qu’un candidat véhicule de fausses informations à son électorat sur la place publique, mais vous ne trouvez pas qu’un candidat politique a le devoir d’assurer un minimum de crédibilité ? C’est quand même une partie de notre avenir qui repose entre ses mains. Le fait de ne pas préciser la nature de la publication et de la publier, au même titre qu’une nouvelle d’un journal reconnu ou d’une publication scientifique, est inadmissible, selon celui qui enseigne la communication politique.
«C’est de la facilité et c’est ça le problème, a critiqué Alexis Hudelot d’un ton ferme. Tout le monde se lance la balle en disant que c’est une blague. Il faudrait que ça soit mentionné, parce que ça ouvre la porte à interprétation des gens qui peuvent y croire. Ce n’est pas normal qu’un parti politique partage une publication sans ajouter un commentaire pour dire que c’est une blague. C’est cheap, c’est faible et ça ne vole pas haut.»
Briller ou s’écrouler
Bien sûr, l’erreur est humaine. Toutefois, plusieurs ne semblent pas comprendre l’impact des médias sociaux et l’influence qu’ils peuvent avoir sur la prise de décision d’un citoyen.
C’était le cas de celui qui allait devenir candidat du Parti québécois (PQ) dans Drummond—Bois-Francs, Pierre Marcotte, qui, sans avoir partagé de fausses nouvelles, a omis de faire un petit nettoyage de ses publications Facebook. Il avait sans doute minimisé l’impact de celles-ci sur son projet politique. Avec le recul, un petit ménage du printemps avant le temps n’aurait certainement pas fait de tort…!
Le clash des générations existe encore. Barack Obama avait quant à lui compris le potentiel des médias sociaux. Ceux-ci l’ont aidé à devenir le 44e président américain, en 2008, triomphant contre un certain John McCain, alors âgé de 72 ans. Je suis convaincu que son successeur, Donald Trump (et son compte Twitter), perçoit les médias sociaux comme un précieux atout.
Puisque les réseaux sociaux sont encore un phénomène assez jeune, nul doute que plusieurs continueront de nous épater, tandis que d’autres en profiteront pour briller par leur incompétence pendant de longues années.