SPORT DE FORCE. De Louis Cyr à Hugo Girard, les hommes ont fait rayonner le sport de force au Québec. Unique femme forte à Drummondville, Claudia Cartier s’est donnée pour mission de faire connaître ce sport encore méconnu et stéréotypé.
Âgée de 32 ans, Claudia Cartier participe à des compétitions de femmes fortes depuis maintenant cinq ans au sein de l’Alliance canadienne des athlètes de force amateurs. Elle s’entraîne régulièrement à l’Institut du guerrier, sous la supervision du préparateur physique François Pellerin.
«Quand j’ai commencé à m’entraîner, il y a 12 ans, je me suis d’abord intéressée au fitness et au bodybuilding. C’était très populaire à l’époque, mais finalement, ce n’était pas un mode de vie que j’aimais. À force de m’entraîner et de suivre des formations, j’ai découvert le powerlifting. Je me suis vite rendu compte que j’avais un potentiel là-dedans, parce que je suis forte de nature», raconte Claudia Cartier.
«Je suis allée avec le talent que j’avais. J’ai vite adopté ce mode de vie-là. Dès ma première compétition, au festival des hommes forts de Warwick, j’ai bien performé. J’aime ce sport pour l’énergie et pour la solidarité qui règne entre les athlètes.»
Aujourd’hui, la vie entière de Claudia Cartier gravite autour de son entraînement.
«C’est devenu un style de vie. Ça prend beaucoup de dévouement et de résilience. J’ajuste mon horaire de travail autour de mon sport. Je surveille mon alimentation et mon sommeil. Il faut aimer ça. Il faut y croire», exprime celle qui a pris part à quelques compétitions professionnelles au fil des ans.
«Pour performer, il ne faut pas seulement être fort. La vitesse d’exécution est souvent sous-estimée. Il faut aussi avoir de l’endurance cardiovasculaire. Pendant une minute, tu déploies ton énergie au maximum. Une minute, ça peut paraître court, mais en tirant un camion ou en poussant une charge au-dessus de ta tête, ça devient long!»
Au-delà des aptitudes physiques, la force mentale est essentielle pour exceller dans cette discipline.
«Ça se joue beaucoup dans la tête. En compétition, on a souvent tendance à se comparer aux autres, mais il faut réussir à faire abstraction de tout ce qui se passe autour de soi. Tu dois te concentrer sur la tâche que tu as à accomplir. Tu dois te faire confiance. Et quand c’est le temps d’y aller, tu donnes tout ce que tu as dans le ventre.»
Objectif : le championnat mondial
Cette saison, Claudia Cartier s’est classée deuxième dans sa catégorie sur le circuit québécois. Lors du récent championnat provincial tenu au festival Waterloo en force, la Drummondvilloise a terminé en troisième position dans sa catégorie, celle des poids lourds (80 kilogrammes et plus).
«C’était une super belle expérience. Il y avait une cinquantaine d’athlètes. Dans cette catégorie, je suis la plus petite. Dans certaines épreuves, ça peut m’avantager, mais ce n’est pas toujours le cas. Je rivalise avec des athlètes de gros calibre, mais je fais ma place là-dedans», explique Claudia Cartier.
Lors de la quatrième épreuve servant au bris d’égalité, elle a terminé à 2,7 secondes de sa rivale détentrice de la deuxième position. «C’est la compétition où je devais soulever les charges les plus lourdes depuis que je pratique ce sport. Le niveau a été relevé par la Fédération, pour que le Canada puisse rivaliser dans les compétitions mondiales. Ils ont fait leur job, mais ça a fait mal!»
Grâce à cette performance, Claudia Cartier a obtenu un laissez-passer pour le championnat canadien pour la quatrième année consécutive. Cette compétition regroupera 111 athlètes de force, le 22 septembre, à Waterloo.
«Dans ma catégorie, on sera une douzaine de compétitrices. Je ne connais pas mes adversaires, mais je vise un top cinq et j’aspire à monter sur le podium. On est avantagées que ça se passe au Québec, car ce sont des équipements qu’on a manipulés pendant toute la saison», explique la spécialiste du soulever du billot.
«Au championnat canadien, tout peut arriver. Cette année, les charges sont extrêmes pesantes. Par exemple, je dois marcher sur une distance de 150 pieds avec des charges de 200 livres dans chaque main. C’est dur de se situer par rapport aux autres, car c’est du nouveau pour tout le monde. On part toutes sur un pied d’égalité», ajoute celle qui vise une participation au championnat mondial l’an prochain.
Au cours des prochaines années, Claudia Cartier souhaite voir le sport de force se démocratiser. C’est pour cette raison qu’elle organisera des démonstrations et des ateliers dans la région.
«Je suis très fière de mon sport. J’aimerais le rendre de plus en plus accessible au public. Je veux que les gens puissent voir c’est quoi. On peut en faire à Drummondville… et même les filles peuvent s’y adonner! Je suis disponible pour tous ceux qui ont des questions ou un intérêt pour le sport», termine Claudia Cartier.