À 73 ans, il pilote un F-16

À 73 ans, il pilote un F-16
Récemment, Bernard Lafortune a réalisé un grand rêve en pilotant un F-16. (Photo : (Photo courtoisie))

Par Jean-Claude Bonneau

VIVRE. Il n’y a pas d’âge pour réaliser un rêve de jeunesse et le Drummondvillois d’adoption, Bernard Lafortune, en est une preuve très vivante.

Aujourd’hui âgé de 73 ans, cet ancien avocat et procureur de la Couronne vient de vivre des moments inoubliables. Passionné depuis toujours par l’aviation, M. Lafortune a récemment piloté un avion de chasse, un L29 Delfin 1972 de AMC Warbirds of Canada. «Exaltant, impressionnant. Je me considère privilégié d’avoir pu vivre ce moment et j’en remercie l’univers tout entier. Ça prouve qu’il n’est jamais trop tard pour faire quelque chose qu’on veut faire et qu’il faut, dans la vie, se faire plaisir», avoue ce septuagénaire qui fait la fierté de toute sa famille.

Le droit et l’aviation

Natif de Maniwaki, Bernard Lafortune a élu domicile à Drummondville en 1972, quelques mois avant d’être admis au Barreau en février 1973.

Grandement attiré pour tout ce qui touche l’aviation, le Drummondvillois d’adoption a même piloté un planeur, l’an dernier. (Photo courtoisie)

«Au début, j’ai pratiqué à Drummondville et Trois-Rivières avant de devenir procureur de la Couronne. Puis, j’ai été ¨recruté¨ par l’Institut de police du Québec, dont l’école se situe à Nicolet, pour donner de la formation aux policiers, particulièrement au niveau des enquêtes et de patrouille-gendarmerie. J’ai aussi œuvré au sein de l’École nationale de police du Québec, comme avocat, conseiller juridique et responsable de l’accès à l’information, tout en agissant comme secrétaire général du conseil d’administration. Et, avant de prendre officiellement une pleine retraite, j’ai donné des cours de droit à l’intérieur du programme d’études en Techniques policières», rappelle M. Lafortune.

Même s’il a fait une carrière remarquable dans le domaine du droit, Bernard Lafortune mentionne qu’il est peut-être passé à côté de son véritable rêve.

«Depuis toujours, je suis un passionné de l’aviation. Mon père était médecin-vétérinaire et nous demeurions près de quelques terrains d’aviation. Très jeune, je me déplaçais souvent vers ces terrains pour aller admirer les avions, les voir décoller et atterrir. Je me rappelle aussi qu’en 1952, j’ai fait mon premier voyage en avion. C’est sans doute lors de ce voyage que tout a pris forme».

Un élève de feu Philippe Bernier

À l’époque, très peu de parents incitaient leurs enfants à faire une carrière de pilote d’avion. Ils préféraient plutôt les diriger vers des professions plus sûres, plus stables.

«C’est ce que mon père a fait et c’était peut-être la meilleure des choses à faire, à l’époque. Toutefois, vers l’âge de 16 ou 17 ans et sachant que je me passionnais toujours pour l’aviation, il m’a fait un cadeau : un cours théorique sur le pilotage d’un avion. Et aussi incroyable que cela puisse paraître, c’est un Drummondvillois qui était le formateur, nul autre que Philippe Bernier», précise M. Lafortune. Rappelons ici que Philippe Bernier a fait carrière comme pilote dans les Forces armées avant de se lancer en politique municipale et de devenir maire de Drummondville (1966 à 1983) et qu’il est un membre à vie de l’Association du 12e Régiment blindé du Canada.

C’est en 1967 que M. Lafortune a obtenu sa licence de pilote privé. (Photo courtoisie)

«Ce cours avec M. Bernier est vraiment venu me chercher et faire grandir cette passion que j’avais pour l’aviation. Puis, il y a eu des cours de pratique et, en 1967, j’obtenais ma licence de pilote privé, ayant accumulé suffisamment d’heures de vol, surtout durant mes étés. L’altitude m’attirant, j’ai aussi fait une envolée en montgolfière en 1996, un premier saut solo en parachute en 1997 et un vol en planeur en 2017», ajoute le principal intéressé.

Et les F-16 sont devenus réalité

Pour la plupart des passionnés d’aviation, le summum demeure sans aucun doute le pilotage d’un F-16. C’était du moins le «top niveau» pour Bernard Lafortune.

«Vivant de bons moments à la retraite et voulant probablement me lancer dans une belle aventure, c’est en juin 2017 que j’ai décidé de m’inscrire à une formation en simulation de vol d’avion de chasse Fighting Falcon F-16. Quelques semaines après cette formation, j’ai reçu une lettre de Warbirds me confirmant que j’avais franchi avec succès la première étape et que je pouvais prendre rendez-vous avec Ottawa pour vivre une autre expérience. J’ai laissé ça de côté jusqu’au jour où j’ai su que deux avions de chasse de AMC Warbirds of Canada étaient de passage à l’aéroport de Drummondville, en juin dernier.

Je me suis donc rendu à l’aéroport, en prenant soin d’apporter ma lettre de Warbirds. J’ai rencontré les quatre pilotes qui avaient la responsabilité des deux F-16 et, de fil en aiguille, nous avons établi une bonne relation. Quand je leur ai fait part de cette passion qui m’habitait depuis mon jeune âge et que je leur ai montré la fameuse lettre, ils m’ont rapidement invité à faire un vol avec eux.

Le temps de le dire, j’étais à l’intérieur du ¨cockpit¨ d’un avion de chasse. Pendant 45 minutes, j’ai réalisé mon rêve de jeune homme et le pilote qui m’accompagnait m’a même donné les commandes à quelques reprises. Wow, il y avait beaucoup d’adrénaline. Je devais vérifier l’altitude, le cap, suivre les cadrans, voir aux manœuvres, tout ce dont j’avais rêvé il y a des dizaines d’années. Je ne suis pas prêt d’oublier ce moment privilégié. En fait, il ne manquait que ça à ajouter à mon c.v.», affirme, sourire aux lèvres, Bernard Lafortune.

En bon philosophe, M. Lafortune conclut en disant: «Dans la vie, il faut se faire plaisir. Même à un âge vénérable, il n’est jamais trop tard. Et si j’avais un conseil à donner aux plus jeunes, c’est qu’il est important de choisir son chemin, sa carrière dans la vie. Il est important d’être heureux dans ce qu’on fait. Personnellement, si c’était à refaire et même si j’ai grandement apprécié faire du droit, je ferais carrière dans l’aviation, ce sans aucune hésitation».

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