SOFTBALL. Une vingtaine d’années plus tard, Stéphane Guilbert était de retour là où tout a commencé. Dans un scénario digne du cinéma, le lanceur étoile des 4 Chevaliers Easton a offert une étincelante dernière performance en carrière devant une salle comble et conquise d’avance, samedi soir, au Stade Jacques-Desautels de Drummondville.
Après avoir parcouru les quatre coins du Québec et du Nouveau-Brunswick pendant 14 saisons, Stéphane Guilbert a choisi de tirer sa révérence dans sa ville d’adoption, sur le même monticule où il a fait ses débuts dans l’uniforme des 4 Chevaliers à l’époque. Pour une dernière fois, le virtuose de la balle rapide a mystifié ses adversaires avec ses lancers de feu et diverti le public avec ses personnages tous plus éclatés les uns que les autres.
«Il y avait du monde et de l’ambiance en masse… On a donné un bon show», s’est exclamé le héros de la soirée à l’issue de cette rencontre, que la légendaire équipe de softball humoristique a remporté par la marque de 8-3 contre une équipe composée de personnalités drummondvilloises.
«J’ai toujours été hyper nerveux avant les matchs, mais aujourd’hui, j’étais particulièrement énervé, a-t-il poursuivi. Je suis même arrivé au Stade à 14 h! Là, le stress retombe… Ce trac d’avant-match, c’est ce dont je vais m’ennuyer le moins. Mais je vais m’ennuyer de tout le reste, à commencer par les partisans, la camaraderie avec mes coéquipiers et les longs voyages qu’on a faits ensemble.»
Venus d’un peu partout pour rendre hommage à Stéphane Guilbert, les partisans réunis dans le vétuste stade de la rue Marchand lui ont réservé de longues ovations chaque fois que l’occasion se présentait. Le gentleman des 4 Chevaliers a semblé touché droit au cœur, lui qui a également vu son complice Ben Morin sortir de sa retraite le temps d’un match et son ex-coéquipier André Labelle venir le saluer après la rencontre.
«Je suis fier de ma carrière. J’ai toujours pris mon rôle au sérieux et j’ai été un bon coéquipier. J’ai toujours essayé de mettre les 4 Chevaliers de l’avant, de promouvoir cette équipe-là chaque fois que j’en avais l’occasion. J’ai toujours respecté l’équipe adverse et les partisans qui se déplaçaient pour nous voir. Ce sont des valeurs qui font partie de moi», a expliqué l’athlète et comédien de 46 ans, qui a reçu un cadre soulignant sa contribution aux succès des 4 Chevaliers.
Au final, Guilbert aura revêtu l’uniforme bleu, blanc et rouge pendant 427 matchs. Invaincu entre 1996 et 2004 au sein de l’équipe fondée par Claude Potvin il y a 54 ans, il a effectué un retour triomphant en 2015 avec la nouvelle génération des 4 Chevaliers menée par Renaud Lefort.
«Toute bonne chose a une fin. J’étais vraiment rendu là. La fatigue et la conciliation avec mon travail et ma famille rendaient mon entraînement plus difficile. À la blague, j’ai dit aux gars que je me suis acheté un barbecue, parce que je vais enfin pouvoir être à la maison le samedi soir pendant l’été!», a raconté le Drummondvillois originaire de Nicolet, qui entend demeurer un ambassadeur à vie des 4 Chevaliers.
Pendant cette soirée magique qui a permis d’amasser des fonds pour le baseball mineur et étudiant de Drummondville, Stéphane Guilbert a eu la chance d’affronter son neveu Samuel et son fils Tristan. En fin de match, ce dernier a réussi un coup de circuit à l’intérieur du terrain, ce qui est devenu le dernier lancer en carrière de son père. En début de match, Samuel avait réussi le même exploit contre son oncle, ce qui donnait les devants 1-0 à l’équipe drummondvilloise.
«Je ne leur ai pas laissé de chance, je le jure! Ils ont réussi à me frapper sur mon changement de vitesse. Mais à la fin du match, compte tenu du score, ça ne me dérangeait pas que Tristan frappe la balle. Il a souvent assisté aux matchs des 4 Chevaliers quand il était plus jeune. C’était parfait de finir ça de cette façon», a commenté le directeur de l’école secondaire Jeanne-Mance, qui a également affronté un ancien élève durant ce match.
«Contrairement aux Harlem Globe-Trotters au basketball, il n’y a rien d’arrangé, a assuré Stéphane Guilbert. On affronte parfois de bonnes équipes et il nous arrive de subir des défaites. Le match en tant que tel est sérieux, mais il y a le show qui embarque. Parfois, quand le score est serré, on doit délaisser la portion spectacle pour se concentrer à gagner le match.»
Dans le camp adverse, le jeune Nathan Houle a d’ailleurs été solide au monticule, permettant aux siens de demeurer dans le match pendant un bon moment. Âgé d’à peine 16 ans, le talentueux artilleur de Saint-Léonard-d’Aston a pleinement savouré cette expérience unique. Et qui sait si les 4 Chevaliers n’ont pas découvert le successeur de Stéphane Guilbert le soir même où il a tiré sa révérence?