JUSTICE. Kathleen Blanchard est finalement reconnue coupable d’avoir refusé de passer le test d’ivressomètre, le 25 août 2013. La notaire de la région de Drummondville avait d’abord été acquittée, en 2016, après avoir plaidé une variante du principe de non-responsabilité criminelle. Elle avait alors prétendu que son taux d’alcoolémie l’a fait agir par «automatisme».
Le soir de l’événement, Kathleen Blanchard a bu 13 bouteilles de bière et une bouteille de vin, avant de prendre son véhicule vers 20h. Une conductrice qui circulait dans le 8e rang, à Saint-Germain-de-Grantham, évite une collision frontale de peu avec Kathleen Blanchard, mais la voiture de cette dernière heurte tout de même l’aile droite de son véhicule.
À l’arrivée des policiers, Kathleen Blanchard a refusé d’obtempérer aux agents qui la sommait de passer le test d’ivressomètre.
À ce moment, le professeur à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et expert en toxicologie, Mohamed Ben Hamar, venu témoigner au tribunal à la demande de la défense, a estimé le taux d’alcoolémie de la dame à 400 mg par100 ml. Ce taux dépasse de cinq fois la limite permise. La moitié du temps, il est susceptible de causer la mort à une personne qui n’est pas alcoolique.
Il a appuyé son argumentaire sur le test d’ivressomètre finalement réalisé par Kathleen Blanchard, à 6h, le lendemain matin de l’événement qui était à 210 mg par 100 ml.
Une défense rare
Mohamed Ben Hamar avait alors fait savoir qu’un tel taux d’alcool pouvait causer des pertes de mémoire, en plus d’amener la dame à commettre des actes liés à de l’automatisme dont elle n’était pas consciente.
Dans le rapport expliquant les faits, il est noté que l’automatisme «est un comportement sans pensée, sans processus de réflexion ou d’analyse».
Le Procureur aux poursuites criminelles et pénales (DPCP) a fait appel avec succès du verdict d’acquittement.
Le psychiatre Pierre Gagné qui a été appelé à témoigner souligne que l’accusée a connu un épisode «black-out». Selon le rapport de la Cour d’appel, la définition de l’automatisme de Mohamed Ben Hamar serait donc trop large, de sorte qu’elle se confond avec l’amnésie éthylique.
Toujours d’après la Cour d’appel, accepter cette définition pourrait faire en sorte que la conductrice «aurait toujours une excuse valable pour boire à outrance et conduire, car elle se trouverait dans un état d’automatisme presque chaque fois».
Kathleen Blanchard pourrait contester la décision. La date de sa prochaine comparution est inconnue pour le moment.