APICULTURE. Davy Gallant est connu pour sa musique, mais, depuis une dizaine d’années, il a développé la passion de l’apiculture. Au cours des dernières années, la population des abeilles a considérablement diminué, mais les récentes mesures prises par le gouvernement pour contrer le déclin semblent porter fruit.
Son histoire commence en 2009 alors qu’il achète une première ruche sur un populaire site d’annonces classées. Son but : montrer à ses enfants d’où vient le miel, les instruire et les responsabiliser.
«Je suis curieux de nature et j’ai toujours voulu avoir des ruches. Quand mes enfants m’ont demandé d’où venait le miel, alors qu’ils en étendaient sur leurs rôties, j’ai cru que c’était le bon «timing»», a expliqué M. Gallant, qui est aussi propriétaire d’un studio d’enregistrement.
Rapidement, la famille a compris que les abeilles n’étaient pas dangereuses, mais que ça demandait du travail et de la zénitude.
«Quand tu manipules des abeilles, il faut que tu sois calme. Ces petites bestioles sont fragiles et j’ai appris à être plus posé. Même s’il peut y avoir 70 000 abeilles dans la ruche, chacune d’elle est importante», a ajouté l’apiculteur qui possède entre trois et huit ruches selon la saison.
Après avoir acquis des connaissances via le Web, Davy Gallant a assisté à des formations sur l’élevage des abeilles et est devenu un apiculteur.
Au début des années 2000, le virus varroa a décimé 75 % de la population des abeilles. Plusieurs apiculteurs ont alors abandonné le métier. De plus, l’épandage de néonicotinoïdes, un insecticide agricole, a considérablement nui aux colonies.
«Il y a plusieurs facteurs qui causent la diminution des populations. La poussière des néonicotinoïdes se pose sur les fleurs du secteur et les abeilles transportent peu à peu le poison dans les ruches. Quand l’eau s’accumule dans les feuilles, elle a le temps d’absorber l’insecticide et lorsque l’abeille s’abreuve, ça la contamine. Elles meurent à petit feu. Elles perdent, entre autres, le sens de l’orientation et la ponte de la reine est affectée. Les colonies sont alors menacées», a expliqué M. Gallant.
Outre les insecticides, les micro-ondes pourraient jouer un rôle dans la diminution de l’espèce. De plus, les «mouches zombie» atterrissent sur les abeilles pour y pondre des œufs. Par la suite, lors de l’éclosion, les larves dévorent de l’intérieur l’abeille qui perd le contrôle de son corps.
Heureusement, en 2018, le gouvernement a interdit l’utilisation des néonicotinoïdes, ce qui favorise la recrudescence des colonies.
Une statistique éloquente, on considère que 40 % des produits alimentaires proviennent directement ou indirectement du travail de pollinisation des abeilles.
«C’est pas un bon temps pour être une abeille! Mais au moins il y a des mesures en place et faut saluer ce qui est fait. On risque moins un fléau que par le passé. Le cycle d’une abeille est court, elle a une espérance d’environ 30 jours en été. C’est pour ça qu’il faut les protéger, car sans pollinisation, il n’y a pas de reproduction», a ajouté M. Gallant.
L’achat local
Même si Davy Gallant ne commercialise pas son miel, il vend ses récoltes à des proches et quelques clients. Il préconise l’approche de l’achat local pour goûter réellement le dur labeur des abeilles.
«Les miels commerciaux sont pasteurisés, ce qui enlève toutes les propriétés nutritives au produit. Ça devient littéralement du sucre. La production locale comme je fais permet au miel de conserver son pollen, ses enzymes. À travers les siècles, le miel pur a été et est encore utilisé dans le domaine médical. C’est un formidable cadeau que les abeilles nous offrent», a conclu M. Gallant.
Quelques chiffres
- Une colonie coûte environ 230 $ alors qu’une ruche coûte aux alentours de 350 $.
- La reine pond entre 2000 et 3000 œufs par jour.
- La gestation de l’abeille est de 21 jours.
- Près de 95 % des abeilles sont des femelles.
- Les pertes annuelles moyennes en Amérique du Nord sont de 40 à 50 % pour les producteurs.