COMMENTAIRE. J’ai l’habitude de prendre mes vacances après le Mondial des cultures. Cette année, pour la première fois depuis plusieurs années, il n’y aura pas de festival. Je vais avoir mes vacances certes, mais il va me manquer quelque chose avant de quitter pour deux semaines de repos.
J’entends déjà les gens dire «ah le Mondial c’est dépassé. Ils n’ont pas su se renouveler. C’est normal que ce soit fini…». Mais ici, ce n’est pas de ça que je veux parler. La formule était dépassée? Peut-être, mais le contact humain était le même, année après année.
Je me souviens, en 1982, ma tante Ginette voulait «aller au folklore». Comme je me faisais garder chez elle, je n’avais pas le choix, mais surtout pas le goût! Moi, le folklore, ça ne m’intéressait pas. J’aimais bien mieux jouer avec mes amis.
Mais, à ma grande surprise, j’ai découvert bien plus que de la danse. J’aime le monde et ces visiteurs ne demandaient qu’à nous faire comprendre leur culture et les danses qui s’y rattachaient.
Cet événement, premier du genre en Amérique du Nord (selon La Parole du 7 juillet 1982), a vécu pendant 36 ans.
Je me souviens, vers 1990, je passais mes journées au parc Woodyatt. Je m’y rendais avec mes amis afin de pouvoir danser avec les belles Américaines ou encore les incroyables Irlandaises.
L’exploit à réaliser pendant le Mondial était de pouvoir entrer à Marie-Rivier (le site d’hébergement qui devenait un bunker) pour aller séduire les danseuses des autres pays. Un peu comme les filles à l’époque qui s’amourachaient des joueurs de hockey midget pendant le tournoi, j’ai pu conquérir quelques demoiselles venant d’outre-mer!
Mes premiers pas en photographie ont été réalisés sur les planches du Mondial. J’allais m’asseoir dans les estrades du Centre Marcel-Dionne lors du spectacle réservé aux bénévoles pour noter les prouesses des différentes troupes. Le lendemain, lors du spectacle d’ouverture, je pouvais réaliser les meilleurs clichés pour le compte du centre de photos où je travaillais.
Par la suite, en 1998, je suis devenu photographe pour L’Express. J’en ai vu passer des pays. Je pouvais nommer la provenance de la troupe simplement en examinant le costume ou même à partir de la musique tellement je connaissais les troupes.
Dans les années 2000, j’ai eu la chance d’être le photographe officiel de l’événement. J’ai fait de superbes rencontres en assistant à toutes les rencontres de dignitaires et aux activités protocolaires.
Ces dernières années, j’ai assisté à la lente agonie du Mondial. Peu à peu, on perdait des acquis au niveau des infrastructures, des décors. Jamais la qualité des spectacles n’a été touchée. Jamais les bénévoles ou les gens de la direction n’ont baissé les bras. En aucun temps personne ne voulait voir le festival disparaître, mais il fallait se rendre à l’évidence : la sauce ne prenait plus.
Les plus vieux se souviendront que le village des artisans se trouvait dans le parc Saint-Frédéric au début et que les «cabanes» étaient faites avec les bandes de patinoires utilisées en hiver! Que le défilé était présenté deux fois, un de jour et l’autre de soir, et que dans les deux cas, il y avait vraiment 50 000 personnes le long du trajet. Les balcons de tous les appartements étaient pleins et sur plusieurs toits on pouvait apercevoir des spectateurs. Que le pont de la Traverse, pas seulement le trottoir, mais deux voies sur quatre, était envahi par les festivaliers lors de tous les feux d’artifice. Que de souvenirs…
Je garderai d’excellents souvenirs de Jeanine Maës, une artiste-peintre belge avec qui je communique toujours depuis 1989. Je suis toujours en contact avec mon ami anglais, photographe et spécialiste de la musique, Diz Heller avec qui j’ai fait des affaires en lui vendant des photos pour les pochettes de disques qu’il enregistrait à Drummondville.
Mes coups de cœur avec le temps, le Brigham Young University (USA), la troupe du Trinity Irish Dancers (Irlande) et les danseurs du Mexique avec leurs corps peints à la main et leur aptitude à manipuler le feu.
On ne verra pas flotter les manches à air sous les lampadaires, le «vieux pont» restera ouvert et le ciel ne s’illuminera pas de jolis feux d’artifice, mais dans ma tête, je me chanterai souvent Souliers de connivence, la chanson thème du Mondial pendant plusieurs années.