Par Josyane Cloutier, collaboration spéciale
9 milliards de tonnes.
C’est le nombre estimé de tonnes de plastique qui s’est retrouvé dans les ordures depuis le début de l’utilisation régulière de ce matériau par les hommes, il y a une soixantaine d’années.
De ce nombre, environ 6,3 milliards de tonnes n’ont jamais été recyclées, peut-on lire dans le très pertinent dernier numéro de National Geographic, «Planète ou plastique».
Imaginez ce qui aurait pu se passer si le plastique avait été inventé, par exemple, au 18e siècle…
Dans les faits, on ne sait pas exactement combien de tonnes de plastique sont jetées dans les cours d’eau (et accessoirement, se fraient un chemin jusque dans l’océan) chaque année. Les théories sont nombreuses, et les chiffres changent d’une étude à l’autre.
Ce qui est clair, cependant, c’est que la Terre étouffe.
Si rien n’est fait, il y aura davantage de plastique dans les océans que de poissons en 2050 (en terme de poids).
Et la championne en règle de la pollution par le plastique, la reine incontestée de l’usage unique?
La paille.
Elle figure au triste palmarès des dix objets les plus ramassés sur les plages dans le monde. Dieu sait qu’il n’y a pas grand-chose de plus déprimant que d’être sur une plage paradisiaque, mais envahie de plastique…
Encore une fois, les statistiques sont floues. Greenpeace évalue que les Canadiens utilisent environ 57 millions de ces petits tubes par jour.
Pourtant, elle ne peut être recyclée et sert, au mieux, une vingtaine de minutes. Ce qu’il faut savoir, c’est que la majorité d’entre elles sont fabriqués de polypropylène, un dérivé du pétrole qui prend grosso modo deux cents ans à se décomposer. Et même une fois désagrégées, les pailles continuent de dégager des microparticules de plastique dans l’eau potable, comme l’a découvert une équipe de l’Université McGill en avril.
Si on résume : des millions d’années sont nécessaires pour produire le matériau de base des pailles, et des centaines d’années doivent s’écouler avant qu’on ne cesse d’en voir les traces toxiques dans l’environnement. Tout ça pour deux ou trois gorgées.
C’est fou, n’est-ce pas?
Si on en parlait que très peu il y a quelques années, cet enjeu commence tranquillement à faire son chemin. Déjà, plusieurs commerçants ont remplacé les diaboliques pailles de plastique par des alternatives en bambou ou en papier.
À Drummondville, le pub Le Saint-Georges a été l’un des premiers à aller dans cette direction, et tout indique qu’il ne sera pas le dernier.
Et, à mon avis, ce n’est que le début. La guerre aux pailles est déclarée.
J’ai moi-même fait l’acquisition, récemment, de pailles en bambou de la compagnie québécoise OLA Bamboo. Si j’avais quelques appréhensions au départ concernant le lavage desdites pailles, la petite brosse de métal inclue dans le paquet a rapidement nettoyé mes craintes. Elles se traînent bien (personne n’est à l’abri de l’envie soudaine de s’arrêter à une terrasse lorsqu’il fait beau) et font magnifiquement leur travail de paille.
Parce qu’effectivement, si la paille est devenue un symbole, le nerf de la guerre touche tous les bâtonnets de brassage, ustensiles, pellicules plastiques, sacs, et j’en passe, de ce monde. Le problème est la démesure de plastique à usage unique qui régit nos quotidiens.
Délaisser la paille de plastique et la remplacer par une alternative écolo est un premier pas dans la bonne direction. C’est un geste simple et insignifiant en apparence mais qui, s’il est fait par une grande proportion de gens, peut définitivement changer les choses.
Ne jamais sous-estimer le pouvoir des petits gestes, vous dis-je!