Camil St-Onge a vécu la maladie d’Alzheimer de plusieurs façons

Camil St-Onge a vécu la maladie d’Alzheimer de plusieurs façons
Camil St-Onge. (Photo : Simon Lévesque)

DRUMMONDVILLE. Le propriétaire de Fleuriste Bergeron, Camil St-Onge, a connu presque toutes les facettes de la maladie d’Alzheimer en étant proche aidant, président de la Société Alzheimer Centre-du-Québec et président d’honneur de la douzième édition de la marche pour l’Alzheimer du Centre-du-Québec qui avait lieu au Village québécois d’antan le 27 mai.

«Il faut enlever les barrières et arrêter de se dire que cette personne ne fait pas d’Alzheimer, il ne fait qu’oublier. La réalité est qu’elle est atteinte d’Alzheimer, c’est la maladie du siècle et nous devons l’accepter», précise Camil St-Onge en déplorant qu’en 2018 une partie de la population vit encore dans le déni quand il est question de cette maladie cognitive.

Pour M. St-Onge, son expérience en lien avec l’Alzheimer a commencé lorsque son oncle et sa tante ont développé cette maladie dégénérative de façon presque simultanée. À ce moment, il avait pris en charge la situation et était devenu du même coup proche aidant de ceux-ci en compagnie de sa femme. Lors du diagnostic, la maladie était plus avancée chez sa tante que chez son oncle. Les deux personnes âgées avaient dû quitter la municipalité de Saint-Léonard-d’Aston après près de 80 ans en campagne pour aller vivre à Drummondville. Lors du déménagement, il a fait une promesse de ne jamais les séparer puisqu’ils avaient vécu toute leur vie ensemble. Ce fut le cas, puisqu’ils ont habité à la Maison du Golf puis à la Maison Myosotis tous les deux.

À l’époque, M. St-Onge ne connaissait pas du tout la Société Alzheimer tout comme la Maison Myosotis. «C’est à ce moment que j’ai commencé à en apprendre sur la maladie et sur la Maison Myosotis. Un an après, je me suis intégré au CA de la Société et un an et demi plus tard, je suis devenu président, spécifie-t-il. Je me suis impliqué pour en apprendre davantage, je voulais aider les gens autour de moi à qui cette situation peut leur arriver. Au début, les gens ne veulent pas y croire, ils se disent que c’est temporaire, mais ils ont besoin d’une aide comme la Société Alzheimer.»

Après s’être engagé durant 12 ans auprès de la Société Alzheimer du Centre-du-Québec, le propriétaire de Fleuriste Bergeron a quitté son poste de président pour s’occuper, en compagnie de sa femme, de sa belle-mère qui est atteinte elle aussi de cette maladie dégénérative. Dans son entourage, la mère sa femme sera la troisième personne qui ira vivre à la Maison Myosotis. M. St-Onge se considère chanceux d’une certaine façon puisque sa belle-mère le reconnaît toujours et l’appelle par son nom tout comme son oncle et sa tante l’ont fait jusqu’à la fin.

 

Un développement différent pour chacun

Il explique que cette maladie se développe de façon différente dépendamment des personnes. Dans les cas avec qui il a vécu, l’oncle de Camil est toujours resté dans l’humour et c’est une des raisons pour laquelle la maladie a été plus difficile à déceler. Du côté de sa tante, elle est devenue agressive au départ puisqu’elle ne voulait pas d’aide, mais avec le temps, le tout s’est transformé en laisser-aller qui ne représentait pas cette femme de tête, telle que décrite par M. St-Onge lors de notre rencontre.

De plus, il explique qu’il faut entrer dans le monde qui s’est créé dans la tête de ces gens. La maladie d’Alzheimer fait oublier les événements à court terme, mais les personnes atteintes gardent plusieurs souvenirs d’il y a 20-30 ans. Ils mélangent souvent ces souvenirs avec la réalité, mais selon Camil St-Onge, le mieux est de ne pas essayer de les reprendre et d’accepter la situation.

 

Maison Myosotis : une maison unique en son genre

La Maison Myosotis fait partie des six résidences reliées à des Sociétés Alzheimer régionales, tout comme le Centre de Ressources Alzheimer Carpe Diem de Trois-Rivières. Les treize pensionnaires à temps plein y vivent dans une ambiance familiale et stimulante.

«Ici, nous cherchons à travailler avec la maladie sans que ce soit un obstacle. Nous essayons le plus possible de rendre heureux les pensionnaires, de créer de beaux moments de vie chaque jour en les respectant dans ce qu’ils sont. Bien qu’il perde leur capacité cognitive, ces personnes demeurent des êtres humains», précise le directeur général de la Société Alzheimer du Centre-du-Québec, Michel Viens.

L’oncle et la tante de M. St-Onge ont été résidents de la Maison Myosotis pendant près de neuf ans. Cependant, il croit que ce sera de plus en plus rare. «Aujourd’hui, des cas comme mon oncle et ma tante à la Maison Myosotis qui y vivent sept ans ou neuf ans, ça n’existera plus. Chez les gens, la maladie se développe de plus en plus rapidement. Alors, des résidents qui demeurent à la maison pendant quatre ans, ce sera le gros maximum», affirme-t-il.

 

Statistiques canadiennes et québécoises

Au Canada, c’est plus d’un demi-million de personnes qui sont atteintes d’une maladie cognitive et au Québec, ce sont 100 000 personnes qui souffrent d’une maladie comme l’Alzheimer. D’ici une quinzaine d’années, ces chiffres pourraient presque doubler avec une prédiction allant jusqu’à 937 000 personnes atteintes en 2031, selon la Société canadienne Alzheimer. De plus, environ 1,1 million de Canadiens seraient touchés directement ou indirectement par l’Alzheimer.

«La démence n’est pas une partie naturelle du vieillissement, même si avec l’âge, le risque de démence est plus grand. La démence n’affecte pas seulement les personnes âgées, il y a des gens qui sont diagnostiqués à 50, 40 et même 30 ans. Présentement, ce sont 16 000 Canadiens âgés de moins de 65 ans qui sont atteints d’une maladie cognitive», spécifie la directrice des communications de la société canadienne Alzheimer, Rosanne Meandro.

 

Marche pour l’Alzheimer 2018

Pour la douzième édition de la marche pour l’Alzheimer du Centre-du-Québec qui avait lieu au Village québécois d’antan dimanche dernier, 233 personnes étaient présentes à la marche. La population et les familles atteintes de près ou de loin par la maladie étaient invitées à participer à cet événement festif.

«Finalement, nous avons eu de belles conditions malgré le temps frais. La marche était l’occasion de rencontres entre les générations. Il y avait des jeunes, des aînés et plusieurs familles qui sont venues se regrouper. Nous n’avons pas encore de chiffre pour les dons reçus, mais nous pensons que ce sera une bonne année», a raconté le directeur général de la Société Alzheimer du Centre-du-Québec, Michel Viens.

Aux yeux du président d’honneur, Camil St-Onge, la Société Alzheimer du Centre-du-Québec a toujours été importante durant ses 12 ans au CA et encore aujourd’hui. C’est pour cette raison qu’il avait accepté ce rôle lors de la marche pour l’Alzheimer du Centre-du-Québec.

«Il faut être présent pour les familles aussi, la marche c’est un moment de recueillement et un moment de penser à ceux qui nous ont quittés. Juste à Drummondville, d’avoir la marche au Village québécois d’antan c’est une expérience unique, quelle belle idée du directeur général Michel Viens», a-t-il terminé.

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