Par Michaël Bergeron (Société d’histoire Drummond)
À l’automne 1967, René Lévesque quitte le Parti libéral du Québec pour fonder, quelques mois plus tard, le Mouvement Souveraineté Association (MSA). L’ancien journaliste à Radio-Canada publie dès l’année suivante son célèbre essai Option Québec dans lequel il développe l’idée que l’avenir du Québec passe par la convergence des sphères sociales, politiques et économiques dans un projet de souveraineté-association. Cette idée gagnera alors en popularité un peu partout dans la province.
À Drummondville, le premier rassemblement public du MSA se tient en février 1968 au Manoir Drummond. Bien qu’encore embryonnaire, le mouvement suscite déjà l’intérêt chez plusieurs et attire plus de 150 sympathisants. L’adhésion des membres augmente considérablement durant l’année, si bien que le MSA-Drummond est autorisé à déléguer douze de ses membres au congrès général d’octobre qui a pour but la mise sur pied d’un parti souverainiste.
De l’union du MSA, du Ralliement national (RN) et du Rassemblement pour l’indépendance nationale (RIN) naît alors le Parti québécois (PQ) avec, à sa tête, René Lévesque. L’année 1969 devient décisive pour la nouvelle formation politique. La section locale organise plusieurs campagnes de recrutement dans toute la circonscription de Drummond pour augmenter sa base partisane. Elle doit également mettre sur pied une équipe forte et dynamique, en plus de trouver le candidat idéal en vue des élections prévues l’année suivante. Après quelques semaines d’incertitude, c’est finalement l’homme d’affaires bien connu de la région, René Blanchard, qui devient le premier candidat du Parti québécois dans Drummond.
Les membres du parti organisent dès lors une série de conférences et de rassemblements un peu partout dans la circonscription de Drummond. L’équipe régionale mise ainsi sur la participation de plusieurs têtes d’affiche du parti tel René Lévesque, Jacques Parizeau, Pierre Bourgault, Gilles Grégoire et Claude Charron pour mousser l’attrait des évènements. Tous viennent discourir à Drummondville sur les enjeux locaux et nationaux d’importance et se positionnent en rupture du statu quo. Les attaques sont alors dirigées vers le gouvernement canadien. On accuse celui-ci de favoriser l’industrie automobile de l’Ontario au détriment du textile québécois, alors très important dans la région à cette époque. On met également l’accent sur la décision injustifiée d’Ottawa d’implanter un aéroport international à Sainte-Scolastique, près de la frontière ontarienne, au lieu du site proposé par Drummondville. Ces enjeux animent la campagne électorale 1970 et mettent la table pour l’appel aux urnes du 29 avril.
Malgré une campagne électorale bien ficelée du nouveau parti souverainiste, le candidat du Parti libéral, Bernard Pinard, l’emporte haut la main avec une majorité de plus de 5000 voix. Le PQ fait néanmoins élire sept députés en plus de récolter 23.6 % des voix lors du scrutin. Qu’à cela ne tienne, il faut attendre les élections de 1976 avant de voir Michel Clair devenir le premier député du Parti québécois élu dans la circonscription de Drummond.