HANDBALL. Stéphane Berteau a le handball dans la peau depuis toujours. Au fil des ans, le responsable des sports à l’école Marie-Rivier aura formé des centaines d’athlètes et permis à Drummondville de s’imposer comme une véritable plaque tournante du handball à travers le pays.
Originaire de Farnham, dans les Cantons-de-l’Est, coach Berteau enseigne le handball depuis maintenant plus de trois décennies. Une passion qui l’aura amené à faire de merveilleuses rencontres et à voyager aux quatre coins du globe.
«Dans ma famille, on a toujours eu de la graine de coach. On a toujours été impliqués dans les loisirs de notre village. À l’école où j’étais, il manquait un coach chez les benjamins. Je n’ai pas hésité quand on m’a demandé de prendre l’équipe en main. De fil en aiguille, j’ai continué à coacher d’autres équipes de l’école», raconte l’homme de 53 ans.
Grâce aux bons résultats de ses formations sur la scène provinciale, Berteau a rapidement été recruté comme entraîneur au sein de l’équipe du Québec. C’est un peu par hasard que l’enseignant s’est retrouvé à Drummondville.
«L’équipe du Québec tenait ses camps au pensionnat de Drummondville. C’était central et quelques filles de l’école faisaient partie de l’équipe. Un jour, l’entraîneur Marc Lapointe m’a demandé de le remplacer pour un match. De fil en aiguille, on m’a offert un poste au pensionnat. Je ne connaissais rien de Drummond, à part le boulevard Saint-Joseph. Je suis arrivé ici pour un an, mais ça fait 23 ans. Je me sens chez nous ici», confie-t-il.
Lorsque le pensionnat a fermé ses portes, Berteau a été engagé comme responsable des sports à l’école Marie-Rivier, où il a contribué à la mise sur pied du programme sport-études. Aujourd’hui, il dirige les programmes de handball féminin cadet et juvénile du Québec ainsi que l’équipe féminine junior du Canada.
«On ne gagne pas des millions : on fait vraiment ça par passion, affirme Berteau. Pour être un bon coach, il faut d’abord que tu sois disponible pour les jeunes. Ils aiment sentir qu’on est à leur écoute, mais l’expérience m’a appris que ça prend aussi de la rigidité. Lorsque les jeunes sentent que le cadre n’est pas assez rigide, ils quittent tout simplement le sport. Ils doivent sentir qu’il y a une direction et un cadre équitable pour tout le monde.»
Cette leçon, coach Berteau l’a apprise par l’entremise de son deuxième sport de prédilection : le football. Ancien entraîneur au sein des programmes de l’école Marie-Rivier, du Cégep de Victoriaville et de l’Université de Sherbrooke, il fait aujourd’hui partie de l’organisation des Vandoos.
«Le football réunit 40 à 50 gars et permet à plusieurs délinquants de se raccrocher à l’école. C’est un sport très organisé, où tu dois travailler en unité de 12 et où il y a des règles de groupe très claires. Ça fait en sorte que les joueurs deviennent soudés ensemble. Cette rigidité est essentielle, peu importe le sport. Tu ne peux pas manquer une pratique juste parce que ça ne tente pas», explique-t-il.
«Bien sûr, comme coach, ça prend aussi une dose de compréhension et d’écoute. Il faut être à la fois le psychologue, le père, la mère, le grand frère ou l’oncle… On a plusieurs rôles! Mais quand on le fait bien, sans rentrer dans l’intimité des jeunes, je pense qu’ils l’apprécient. Leurs parents aussi. Des fois, c’est même cette relation qui permet de garder un jeune à l’école.»
Travail et persévérance
Au fil des ans, les enseignements de coach Berteau auront permis à de nombreux handballeurs d’ici d’atteindre les plus hauts sommets. Plusieurs d’entre eux ont d’ailleurs percé les équipes du Québec et du Canada. Récemment, Jean-Frédérick Côté, Anthony Paulhus et Alexandra Pivin ont même obtenu des essais professionnels en France. Ils pourraient donc suivre les traces d’Anne-Marie Cloutier et Laurie Lavallée, qui ont vécu l’aventure européenne.
«C’est une fierté pour nous, mais ça prend des athlètes très motivés. Pour aller jusqu’au bout, ça ne prend pas seulement des qualités athlétiques. Ça vient plutôt avec le travail et la persévérance. Un athlète qui cherche toujours à s’améliorer, tant sur le terrain qu’en dehors, aura plus de chances de réussite. Celui qui se fie seulement à son talent n’ira nulle part. Celui qui est passionné, qui veut pratiquer toujours une heure de plus pour réussir tel mouvement ou telle technique, va arriver au sommet.»
Alors qu’au milieu des années 1990, seulement 14 athlètes pratiquaient le handball au sein de l’équipe du pensionnat, on retrouve aujourd’hui plus de 200 handballeurs à Drummondville. Selon coach Berteau, cette popularité grandissante passe par le développement.
«Quand on a implanté le mini-handball dans les écoles primaires, on a fait connaître notre sport à une clientèle plus jeune. Avant, certains jeunes découvraient le handball en arrivant au secondaire, mais ils étaient déjà investis dans un autre sport. Aujourd’hui, il y a des jeunes de troisième année qui rêvent de s’inscrire en handball au secondaire.»
En 2016, le gymnase de l’école Marie-Rivier a été le théâtre d’une compétition internationale de handball dans la catégorie junior. Berteau et son équipe n’écartent pas la possibilité d’accueillir d’autres tournois internationaux dans les prochaines années. «C’est une grosse organisation qui exige beaucoup de travail, mais avec l’expérience, on sait maintenant à quoi s’attendre. Au niveau de l’organisation, on va s’y prendre autrement.»
Célibataire et sans enfant, Stéphane Berteau se dit comblé par son histoire d’amour avec le handball. «Je m’investis là-dedans à 100 %. C’est un rythme de vie qui est devenu tellement ancré en moi. Ça devient une maladie… Parfois, c’est difficile, mais au départ, je le fais pour les jeunes. Quand je revois d’anciens joueurs et qu’ils sont contents que je coache leurs enfants, c’est un beau cadeau de la vie. J’ai choisi une passion plutôt qu’un gros salaire», conclut le grand manitou du handball à Drummondville.