Les optométristes, pris entre l’arbre et l’écorce

Les optométristes, pris entre l’arbre et l’écorce
La Dre Julie Bérard, optométriste à la Clinique optométrique de Drummondville (Photo : Josyane Cloutier)

OPTOMÉTRISTES. Le litige entre les optométristes et le ministère de la Santé a des répercussions jusqu’à Drummondville, alors que plusieurs personnes dont les examens de la vue sont actuellement couverts par la RAMQ devront débourser si les négociations ne débloquent pas.

Les professionnels de la vue sentent une urgence chez les enfants de moins de 17 ans, des personnes âgées de 65 ans et plus et ceux qui bénéficient de l’aide sociale (en somme, ceux qui sont couverts par la Régie de l’assurance-maladie du Québec), qui tentent d’obtenir des rendez-vous rapidement. «C’est certain que l’achalandage augmente. Plusieurs patients tentent d’obtenir un examen de la vue même si, techniquement, ils ne sont pas dus pour le faire. Nous sommes débordés», exprime Julie Bérard, optométriste à la Clinique optométrique de Drummondville, sur la rue Dunkin.

Ce que les optométristes réclament au ministère est plutôt simple : que les montants accordés pour les examens de la vue soient réajustés.

«Le problème, en gros, c’est que la RAMQ donne un montant pour les examens de la vue qui ne suffit pas à pallier aux dépenses encourues par la clinique. On voit donc les patients à perte», déplore Dre Bérard. Le coût d’un examen de la vue pour un adulte non-couvert est de 89 $. Ce qui est remboursé par le gouvernement : 42 $.

Depuis 30 ans, cette somme a été bonifiée, mais pas à un rythme suffisant.

«Nous ne demandons pas nécessairement le même montant que le patient au privé devra débourser, mais on souhaite avoir un rattrapage digne de ce nom. Au cours des dix dernières années, beaucoup d’achats de machines et d’outils perfectionnés et très coûteux ont été faits, mais ce sont des dépenses qui ne sont pas subventionnées par le ministère.»

Dre Bérard assure que cela ne changera rien aux services offerts par les optométristes. L’accessibilité aux soins sera maintenue, mais les patients devront débourser de leurs poches. «C’est triste, c’est certain, mais ce n’est pas à l’optométriste de faire du bénévolat. C’est à l’État de fournir les montants nécessaires pour subvenir aux besoins des personnes vulnérables», estime la professionnelle. C’est une question de santé.»

Dans les faits, le différend entre le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) et les optométristes, représentés par l’Association des optométristes du Québec (AOQ), date de plusieurs années.

«Nos ententes se renouvèlent généralement aux cinq ans, mais la dernière se terminait en 2015. Le ministère n’a jamais voulu nous écouter jusqu’à l’année dernière», explique la Dre Bérard.

Le 27 mars est la date-butoir, au cours de laquelle l’AOQ tentera d’invalider l’arrêt ministériel qui prévoit que les optométristes seront obligés de rester au sein de la RAMQ jusqu’en 2020. Si aucune offre satisfaisante n’est soumise par l’administration Barrette, Julie Bérard figure parmi les optométristes qui quitteront simplement la Régie.

«En réalité, c’est simplement une réaction de notre part à la mauvaise foi du gouvernement. Plutôt que de continuer à perte et de prendre le risque de devoir fermer des cliniques, nous avons décidé d’opter pour cette solution qui permettra de survivre. Dans l’optique que la population est vieillissante et que cette clientèle demande beaucoup de temps et de soins, il faut voir à long terme», estime la docteure.

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