La Ville se dote d’un «GPS financier»

La Ville se dote d’un «GPS financier»
La Ville de Drummondville se donne comme objectif d’arriver à payer plus de projets en argent comptant au lieu de recourir à des emprunts. (Photo : Ghyslain Bergeron, archives)

DRUMMONDVILLE. La Ville de Drummondville s’est dotée d’un cadre financier sur un horizon de 25 ans qui lui permet de garder un œil sur l’évolution de sa dette, mais surtout, qui l’amène à espérer être en mesure de se payer plus de projets en argent comptant.

«Quand je suis arrivé en poste en 2013, l’une des choses qui m’a le plus surpris – et ce n’est pas une critique par rapport à l’ancienne administration – c’était entre autres le taux d’investissement de la ville à même ses revenus, fait savoir Alexandre Cusson, maire de Drummondville. Je vais dire ça de même : je trouvais que parfois, dans le plan triennal des immobilisations, on allait emprunter de l’argent pour des éléments qui étaient moyennement structurants, comme des campagnes de visibilité. Je me suis alors demandé : elle est où la distinction entre un investissement et une dépense? J’ai posé une question à Benoit Carignan (trésorier) et à Francis Adam (directeur général) : est-ce qu’on paye suffisamment d’investissements comptant, sans emprunter?»

Refusant cependant de se lancer dans un jeu qui comparerait l’administration Ruest-Jutras à celle d’aujourd’hui, M. Cusson a insisté sur le fait qu’on lui a laissé, en 2013, une ville en bonne position économique.

«J’ai hérité d’une ville qui bénéficiait d’une situation financière enviable. Mon seul objectif, c’est de rendre à mon successeur une ville qui sera en tout aussi bonne santé financière… peut-être même plus.»

«Mais j’ai été surpris qu’on n’avait pas de cadre financier qui nous donnait des balises. Je me disais, au rythme où on investit, en 2030, est-ce qu’on va perdre le contrôle?»

Un plan, comme un GPS

La direction générale a donc créé un guide, un fichier informatique, qui fixe avec précision l’évolution de la dette, les montants disponibles pour la réalisation de projets, l’échéancier des emprunts, etc.

«Quand on a fait notre analyse en 2015, on a réalisé qu’on finançait nos investissements par emprunts à hauteur de 70 % et à 30 % par d’autres modes de paiement. Là, ce qu’on veut, c’est de diminuer la portion de nos emprunts chaque année pour faire des projets», explique Benoit Carignan, trésorier.

«On a décidé de privilégier une approche « revenu » aux investissements que l’on fait», renchérit Cusson, en citant en exemple le projet de l’UQTR, qui constitue davantage un investissement qu’une dépense pour les citoyens.

L’administration drummondvilloise analyse donc chaque projet minutieusement et détermine la façon qu’il sera payé.

«Quand on bâtit un aréna qui coûte 8 ou 9 millions de dollars, c’est normal d’emprunter pour la réalisation du projet surtout avec les taux d’intérêt que l’on a aujourd’hui. Cependant, une dépense comme les panneaux lumineux que l’on a fait installer sur le bord de l’autoroute est gérée différemment parce que ces panneaux n’ont pas la même durée de vie qu’un bâtiment. Ce genre de dépenses, on veut éviter de devoir les payer durant des années», explique Benoit Carignan.

Francis Adam, directeur général de la Ville de Drummondville.

Le directeur général de la Ville, Francis Adam, a comparé l’outil qui a été développé à un GPS.

«Quand arrive la période budgétaire, on structure le financement des investissements à partir de notre guide. C’est notre GPS financier. Avec ça, on sait où on s’en va. C’est un outil fantastique qui nous permet de travailler avec des balises claires.»

D’ailleurs, à la période budgétaire, le conseil municipal a su rapidement, en consultant le «GPS financier» qu’un budget de 27,8 millions $ était disponible pour des projets en immobilisation.

«Ces 27,8 millions $ constituaient notre terrain de jeu qui respectait la croissance de notre dette et notre cadre financier des investissements. Le conseil a donc travaillé à partir de cette information», indique Alexandre Cusson, en rappelant que Drummondville est une «ville en développement».

Moins d’emprunts

La volonté de la Ville de Drummondville est d’arriver, dans un horizon de 25 ans, à acquitter davantage de factures en argent comptant de manière à atteindre une proportion de 70 % contre 30 % des factures payées par emprunt. Actuellement, c’est le contraire qui se produit.

«Il est important de préciser qu’il est impensable de renverser tout ça en quelques années. On ne peut pas rembourser des emprunts et, en plus, payer des projets en argent comptant immédiatement. On ferait alors payer deux fois la génération actuelle, car elle payerait les projets du passé et les factures actuelles. Il faut donc faire le changement d’une façon progressive, d’où ce cadre financier», explique M. Adam.

Donc, à mesure que des emprunts seront remboursés, la Ville pourra davantage sortir le chéquier et acquitter des factures d’un trait.

«On veut totalement inverser la statistique actuelle. On devrait y arriver vers 2030, tout dépendant des taux d’intérêt», évalue Alexandre Cusson.

Et à combien devrait se chiffrer la dette de la Ville de Drummondville à ce moment-là? Difficile de le savoir avec précision, car le dollar en 2030 n’aura pas la même valeur qu’aujourd’hui.

«Je pense que la dette en 2040 sera de l’ordre des 200 millions de dollars, mais la Ville aura progressé de beaucoup rendu là. Notre richesse collective aura augmenté», termine Francis Adam.

 

Partager cet article