CURLING. William Dion s’apprête à vivre le rêve de tout curleur canadien. Le Drummondvillois représentera le Québec au fameux Brier. Le championnat national de curling masculin se déroulera du 3 au 11 mars, à Régina, en Saskatchewan.
Récemment, l’équipe dont fait partie Dion a remporté les grands honneurs du championnat québécois disputé au club Glenmore de Dollard-des-Ormeaux. En finale, la formation du capitaine Mike Fournier a surpris les champions en titre, menés par le skip Jean-Michel Ménard, par le pointage de 7-5.
«On a connu un tournoi en trois temps. Après avoir terminé au premier rang de notre groupe, on a perdu nos trois parties en ronde de championnat. En séries éliminatoires, on a gagné nos trois matchs. De battre l’équipe de Jean-Michel Ménard, ça représente un très gros accomplissement. Ils ont souvent été champions québécois et ils ont participé au Brier à plusieurs reprises», a expliqué Dion.
En demi-finale, Dion et ses coéquipiers avaient surmonté un déficit de 7-2 pour venir à bout de l’équipe de Martin Ferland par la marque de 9-8. «C’était une partie assez folle. C’était presque impossible à remonter, mais on n’a jamais lâché», a commenté Dion.
De capitaine à deuxième lanceur
Ayant délaissé le curling afin de se concentrer sur le football pendant quelques années, Dion est revenu à ses anciennes amours il y a trois ans. L’ancien botteur du Vert et Or de l’Université de Sherbrooke a d’abord agi comme capitaine d’une équipe complétée par son complice de longue date, le Drummondvillois Miguel Bernard, ainsi que par deux des meilleurs espoirs sur la scène canadienne, Félix Asselin et Jason Olsthoorn.
Plusieurs changements ont toutefois eu lieu depuis ce temps et Dion agit désormais comme deuxième lanceur de l’équipe du vétéran Mike Fournier. Jean-François Trépanier (lead) et Félix Asselin (troisième lanceur) complètent le portrait.
«C’est Mike Fournier lui-même qui nous a approchés il y a deux ans. Félix, Miguel et moi-même avons accepté son offre, mais cette année, Miguel a pris la décision de se retirer pour des raisons personnelles. Jean-François s’est donc joint à notre équipe. C’est un véritable athlète qui excelle d’ailleurs dans plusieurs sports», a raconté Dion.
De leur propre aveu, les membres de l’équipe Fournier ont connu une saison de tournois plutôt laborieuse en 2017-2018. «On a été très ordinaire! Avant le championnat provincial, on a eu une bonne discussion. On avait vraiment besoin de se parler. L’une des grandes forces de notre équipe, c’est que personne n’a pas d’égo. Chacun d’entre nous accepte les critiques constructives sans rouspéter. Les quatre gars, on est pareil : on veut gagner. Notre désir de vaincre va de pair avec notre désir de s’améliorer», a raconté celui qui a grandi à deux pas du club Celanese.
Après cette longue traversée du désert, c’est donc une équipe Fournier complètement différente qui s’est présentée au championnat québécois. «On a fait preuve de beaucoup de résilience à travers l’adversité», a dit Dion, qui se plaît aujourd’hui dans ses souliers de deuxième lanceur.
«Le rôle de capitaine est très spécial. C’est lui qui est dans la lumière et sur qui repose la pression. L’équipe porte d’ailleurs son nom. Pour ma part, j’ai senti que je n’étais pas encore prêt pour assumer ce rôle chez les hommes. Ça prend énormément d’expérience pour y arriver», a expliqué l’athlète de 30 ans.
«Un jour, je redeviendrai peut-être capitaine, mais je ne veux pas sauter d’étapes. Mon but ultime, c’est de gagner, peu importe la position.»
Dans cette optique, Dion peut s’inspirer de Mike Fournier. Originaire de Dollard-des-Ormeaux, le curleur de 46 ans roule sa bosse depuis plusieurs années.
«Mike, c’est un gentleman du curling. Tout le monde l’apprécie. Au fil des ans, il a souvent eu le cœur brisé au championnat provincial. Ça devenait un poids lourd à porter pour lui. Cette victoire, il la mérite amplement. Pour lui, c’est un rêve qui se réalise et le plus beau, c’est que c’est arrivé dans son club», a souligné Dion.
«C’est un capitaine très relax. Il ne crie pas, mais il lit très bien la glace et c’est un excellent stratège. Mike possède énormément d’expérience. Avant les séries du provincial, il nous a conseillé de nous pardonner nos erreurs, que c’était humain d’en faire. Ça nous a beaucoup aidés.»
Le Saint-Graal du curling
Au Brier, le Québec est classé 10e favori parmi les 16 équipes en lice, qui seront divisées en deux groupes de huit. Les détenteurs des quatre premières positions de chaque section passeront au deuxième tour tandis que les séries regrouperont seulement les quatre meilleures formations.
«Le Brier, c’est le Saint-Graal du curling! Il n’y a rien de plus prestigieux au Canada. Parmi les équipes qualifiées, il y en a sept qui ont participé aux essais olympiques. L’équipe de Brad Gushue, de Terre-Neuve-et-Labrador, est championne en titre. Le Manitoba, le Nord de l’Ontario et l’Alberta sont aussi parmi les favoris, sans oublier l’équipe wild card de Winnipeg. Si on réussit à atteindre la deuxième ronde, ce sera déjà très bon. On serait alors dans le top huit au Canada», a affirmé Dion.
Rappelons que durant sa carrière junior, Dion a notamment gagné le championnat canadien aux côtés de Miguel Bernard en plus de décrocher une médaille de bronze au championnat mondial, en 2008, en Suède. Depuis, il rêve de représenter le Canada aux Jeux olympiques d’hiver.
«Ça fait toujours partie de mes rêves, d’autant plus qu’un nouveau cycle olympique commence en vue de Pékin 2022. La première étape pour se qualifier, c’est d’obtenir de bons résultats au Brier. Ce tournoi nous permet de nous faire voir et nous ouvre la porte sur de plus gros tournois. Pour participer aux essais olympiques, les points amassés au cours des trois dernières années sont calculés», a indiqué Dion, en rappelant que le curling est un sport où on peut performer jusqu’à l’âge de 50 ans.
«Ça reste un pari difficile, car certaines équipes s’entraînent à temps plein. Les joueurs n’ont pas d’autre emploi, car ils bénéficient de commandites. Nous, on est quatre gars qui travaillent… On pratique quand on peut. Ce n’est pas du tout la même réalité, mais ça se passe sur la glace. Pendant une partie donnée, on sait qu’on est capable de rivaliser contre les meilleures équipes au pays.»